GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Woerth démission! Sarkozy complice !

Le peuple français dans son immense majorité est aussi « choqué » par l’affaire Woerth qu’il le fut au temps de la tentative de « placement » du Prince Jean à L’EPAD de la Défense. On nous agite sous le nez le chiffon sale de la haute bourgeoisie insolente, pleine de morgue et de mépris et l’on tente de nous dissuader de nous en indigner. Alors qu’il s’agit de l’homme mis en pointe pour nous spolier des millions d’entre nous de nos retraites, de nos jours heureux à 60 ans.

Dans le sérail, de Jean-François Mancel à Andersen Consulting lors de la faillite d’Enron

Eric Woerth est un homme trempé dans le sérail, il a été sélectionné et formé par Jean-François Mancel dans l’Oise, dirigeant national du RPR qui eût maille avec la justice et fut condamné, pour l’usage de personnel de maison et de biens appartenant au Conseil général qu’il dirigeait. Passant de Chirac à Sarkozy, il a été chargé des collectes de fond, du parti majoritaire, organisant le « Premier cercle » de 400 cotisants de la « haute », les réunissant à l’américaine pour serrer la main du « Président » et à l’occasion demander quelques petits services en retour. À la façon dont le groupe Lucien Barrière ouvrit le Fouquet’s et Bolloré prêta son yacht : pourquoi ces gestes élégants ne recevraient-ils pas tôt ou tard, un retour d’ascenseur obligé? D’Arthur Andersen consulting à l’UMP, au budget et à la casse des retraites, il doit en falloir de l’entregent, du cynisme, du savoir caché, pour parcourir ce chemin.

En effet, dans le CV de M. Woerth on trouve: directeur d’Andersen Consulting de 1998 à 2002. Pourquoi 2002 ? Parce qu’Andersen Consulting a fraudé en maquillant des comptes frauduleux, notamment ceux d’Enron : elle a dû fermer et ses employés, notamment ses responsables dont M. Woerth, ont dû trouver un emploi ailleurs. En 2002, le fond de pension Enron s’est effondré et les retraités qui avaient la certification d’Andersen Consulting se sont finalement retrouvés sans rien. M. Woerth est tout naturellement devenu le ministre gérant le dossier retraite en France… Confiance, confiance ?

Ainsi cet homme était à la fois ministre du Budget et trésorier de l’UMP

De toute manière, ce qui devrait être jugé à la base n’est pas l’action de fraude mais la situation de conflit d’intérêt évidente en ce qui concerne son ex-position au ministère des finances, sa proximité avec les intérêts de la première fortune de France et sa position de trésorier d’un des plus grands partis politiques français. S’il y a eu fraude, c’est encore plus grave. Mais rien que la situation qui ne peut être niée était déjà anormale dans une démocratie qui se respecte et donc pour un gouvernement qui respecte la démocratie.

Nous ne savons pas encore, à cette heure, s’il y a eu délit judiciaire mais nous savons déjà qu’il y a eu délit politique, délit démocratique.

Au budget Woerth a fait semblant de « découvrir » 3000 exilés fiscaux, mais s’est bien gardé de les nommer, dénoncer et poursuivre, il s’est contenté de les « forcer » (?) à négocier, en douce, des ajustements bienvenus. De telles négociations ne sont pas transparentes du tout. La preuve en est que la femme la plus riche de France, Mme Bettencourt, est passée au travers, on apprend qu’elle détient 20 milliards d’euros, dont des placements off shore, en Suisse ou par la possession d’une île dans les Seychelles. Celle-là, elle n’a même pas besoin du bouclier fiscal, puisqu’elle ne paie que 40 millions d’impôts… loin des 50 % de versements jugés tellement intolérables par Sarkozy. Woerth n’y a vu que du feu paraît-il : il jure qu’il n’ordonne ni n’empêche aucun contrôle fiscal, ce qui ne tient pas debout une seconde pour un ministre du Budget… D’ailleurs, Woerth se contredit aussitôt en public puisqu’il explique avoir diligenté une enquête concernant Jean-Marie Banier l’ami de Liliane Bettencourt. Et son successeur François Baroin ouvre lui, une enquête sur la patronne de Loréal, démentant encore en pratique les allégations de Wœrth.

La femme de Woerth a eu son job auprès de Mme Bettencourt parce que son mari était au budget

Bah oui, quand on est la plus riche de France et qu’on fraude le fisc pourquoi ne pas se payer la femme du ministre du Budget ? Bernard Madoff avait fait ça, son gendre était le fils du ministre de la Justice de Clinton et il nageait dans le gratin de Washington, ça aide et ça protège. Lisez Le Monde du 29 juin qui fait un portrait respectueux de Florence Woerth, la pauvrette, qui n’a que deux chevaux de course et flambe sur les hippodromes de Chantilly aux côtés de l’Agha Khan. À pleurer de compassion.

Alors Wœrth a décoré de la Légion d’honneur M. De Maistre, l’homme qui trompe le fisc en gérant la fortune Bettencourt et qui emploie si aimablement Florence Woerth. Avec aplomb, Woerth affirme qu’il n’y a pas vu malice, même lorsqu’il organise des « raouts » pour collecter l’argent UMP et que De Maistre verse au pot !

Combien Bettencourt a-t-elle versé à Woerth pour l’UMP ? Combien ? Dites le chiffre pour lequel sa femme a été embauchée et surpayée ! Qui va croire une seconde que Woerth réunissait les 400 du « Premier cercle » et que ceux-ci cotisaient et serraient la louche de Sarkozy sans contrepartie ? C’était pour la gloire… pas défiscalisée ? Alors pourquoi l’UMP par la bouche de Xavier Bertrand a-t-elle annoncé qu’elle supprimait la réunion du Premier cercle le lundi 28 juin ? De peur des photos ?

Le directeur financier de Loréal est aussi du «Premier cercle», et il dirige Fitch Ratings

« L’agence de notation » Fitch Ratings, sont des charlatans dont l’Elysée se sert comme d’un instrument de chantage (elle a déclassé la Grèce, l’Espagne et le Portugal… menaçant la France) pour imposer rigueur et casser les retraites. Cette agence est pourtant aussi dans le sérail, complice proche, car elle est dirigée par Fimalac, de Marc Ladreyt Delacharrière. Ce dernier pèse 1,6 milliard et cotise à l’UMP, participe au « Premier cercle » : il gère aussi Loréal (et Casino) et Sarkozy l’a nommé au « Louvre des sables » auprès de ses amis Emirs d’Abou Dhabi. La numéro 2 de Fitch ratings qui pèse tant sur le sort de nos concitoyens et de la dette française, en dictant ses « notations », est Véronique Morali. qui fait partie de la commission du dialogue économique du Medef. Un tout petit monde.

Comme l’écrit Jean-François Kahn : « Donc, tout y est : l’osmose, la quasi-fusion du pouvoir politique, d’un certain pouvoir judiciaire et de l’oligarchie financière. La facilité dont bénéficient les grandes fortunes pour rentrer directement, à leur convenance, en relation avec le président de la République et certains de ses ministres pour régler en catimini leurs petites et grandes affaires. Les services rendus. L’argent distribué. »

Quoi d’étonnant à ce que Woerth dîne avec M. Peugeot lorsque celui-ci transmue son or?

Le fils Peugeot se fait voler des lingots dans un cambriolage de sa main fin 2009. Dans un premier temps, il déclare 500 000 euros de pertes puis se ravise par peur du fisc et rectifie à 150 000 euros. C’est alors qu’il a droit aussitôt après à un dîner particulier avec M. Woerth. Dîner fortuit, innocent, sans aucun lien avec l’affaire, pardi ! Ce ne serait que du « soupçon » gratuit et malintentionné. Comment Woerth sait-il qu’une «centaine» de gens connaissent le fils Peugeot ? Si peu ? Tant que ça ? ils savent tous, pour les lingots ?

Eric Woerth aurait facilité la construction d’un auditorium André-Bettencourt au sein de l’Institut de France

Le 27 octobre 2009, lors d’une conversation entre Liliane Bettencourt et Patrice de Maistre , le gestionnaire de la fortune de l’héritière, le nom d’Eric Woerth est cité. Il est question de construire un auditorium André-Bettencourt au sein de l’Institut de France. Verbatim : «Ils ont obtenu un bâtiment de l’hôtel de la Monnaie, qui est derrière l’Institut. Et ça, c’est mon ami Eric Woerth, dont la femme travaille pour nous, qui s’en est occupé. Et maintenant, il faut faire des travaux pour faire un auditorium […]. Ça va être sensationnel. […] Là, vous vous engagez pour donner au maximum 10 millions. […] J’ai demandé au ministre Eric Woerth, qui est un ami, d’être là, parce que c’est grâce à lui qu’il y a eu l’hôtel de la Monnaie.» Le ministre du budget apparaît dans un rôle de faciliteur. Woerth a aidé à ce qu’il y ait un auditorium au nom d’André Bettencourt, quel pourboire ?

Un parti jusqu’alors inconnu, agréé dans la seule région de Picardie, où Eric Woerth est maire de Chantilly collecte des fonds!

Un parti «inconnu» de Woerth a touché plus de 19.650 euros de «dons de personnes physiques». Ce n’est pas nous, c’est Le Figaro, alors citons le complètement qui s’interroge : « Après avoir publié les enregistrements pirates de conversations privées de Liliane Bettencourt, le site Internet Mediapart révèle l’existence d’un parti dédié à l’action politique du ministre du Travail Eric Woerth, intitulé « Association de soutien à l’action d’Eric Woerth ».

Qui s’affiche dans ce parti de Woerth ? Yvonne Cassetta, la trésorière condamnée du RPR, et JF Mancel. Media part s’est procuré les comptes 2008 de ce micro parti d’Eric Woerth, auprès de la « commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques ». Cette année-là, le parti a touché plus de 19.650 euros de « dons de personnes physiques ». Liliane Bettencourt a versé 7500 euros, en plus de ce qu’elle versait à l’UMP, en privé, au « petit Woerth » dont elle emploie aussi la femme si gentiment. Ils avaient de bons rapports avec la milliardaire puisque Eric Woerth dînait chez elle en janvier 2008 : pas surprenant que non seulement elle n’ait pas eu de contrôle fiscal mais qu’elle ait bénéficié d’un « remboursement » de 32 millions d’euros au titre du sinistre « bouclier fiscal ».

Même pas besoin de trace écrite d’intervention d’Eric Woerth,

cela s’est fait tout « naturellement ».

Oui, le système Sarkozy est corrompu... qui en doute? Pas Bolloré, pas Bettencourt, pas De Maistre, pas Pérol, pas Proglio, pas Val, pas Woerth…

Et là, point besoin de « preuves »supplémentaires, ni de fraude démontrée, et, à la limite, ce n’est pas cela qui compte, mais c’est un système politique de connivence, de services rendus et complices, un clan évident, insolent, tranquillement scandaleux, élevé au-dessus de la République et des droits du peuple…

Florence Woerth le reconnaît : « J’ai sous-estimé le conflit d’intérêt ». Cela ne lui est pas apparu dans sa gestion des affaires Bettencourt ? Juppé tient aussi, maintenant, qu’il s’agit d’un conflit d’intérêt. Christine Lagarde reprend le « conflit d’intérêt » : que ne l’a-t-elle dit lorsqu’il était au Budget ? De Villepin juge que les principes de l’état sont en cause : le voilà bien vertueux ! Combien de temps dans ces conditions, pour Woerth ? Autant que le prince Jean pour l’EPAD ? Mais si Woerth démissionne du poste de trésorier UMP, le reste tombera comme un domino : comment aura-t-il pu l’être si longtemps ? Ce serait une sauvegarde de bazar : qu’il cesse d’être ministre !

Sarkozy ne cesse de défendre « totalement et complètement » Woerth, « tête de pont » de son combat contre les retraites, avec la même fougue qu’il défendait son fils Jean, candidat à l’EPAD l’automne dernier.

Mais un autre ministre a flambé les cigares sur le compte de l’état, un autre a dépensé sans compter des frais d’avion, un autre s’est octroyé un drôle de permis de construire… C’est la marque du sarkozysme qui est en cause, il gouverne pour un petit clan de riches, ses potes du Fouquet’s, amis placés et obligés, ces financiers auxquels il promettait le règne des « subprimes », des « hedges funds », des prêts hypothécaires, ceux-là même qui, tous ensemble, nous ont précipité dans la crise et veulent nous la faire payer jusqu’à plus soif en cassant nos salaires, notre sécu, nos retraites.

Les minables diversions de Sarkozy sur les « économies » de l’état (il supprime une Garden party et fustige un ministre qui a usé d’un jet privé, mais achète un avion de 176 millions d’euros) ne feront ni diversion, ni illusion.

«Woerth pris dans la tourmente Bettencourt» disent les journaux: que la tourmente l’emporte au diable, vite, démission!

Gérard Filoche, le 2 juillet 2010

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