GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Votez socialiste pour mettre l’Union de la gauche à l’ordre du jour

Ce serait une mauvaise chose si le PS se retrouvait derrière l’UMP car Sarkozy pourrait pavoiser alors que la puissance du mouvement social le montre discrédité. C’est une mauvaise chose que le PS soit annoncé à moins de 30 % : mauvaise chose pour le PS et, surtout, mauvaise chose pour la gauche, donc, malheureusement, une très bonne chose pour Sarkozy.

L’unité de la gauche a encore été oubliée : pas de tentative de listes communes, même pas de déclaration commune pour ces élections européennes. Le PS pourrait prétendre mobiliser 35 % des votants (c’est le score qui était promis à Ségolène Royal avant qu’elle ne fasse campagne), mais trop d’électeurs socialistes sont démobilisés et le PS risque de se retrouver à plus de 10 points de son potentiel. Le Front de gauche et le NPA pourraient prétendre mobiliser 15 % des votants s’ils étaient unis. Pour sa part, Europe Ecologie (Verts + José Bové) peut prétendre mobiliser plus de 10 % des votants, mais c’est en prenant 4 à 5 points dans l’électorat socialiste au lieu de piocher parmi les abstentionnistes de gauche.

Au total le déficit des voix de gauche pourrait atteindre 10 à 15 % des votants. Trop d’électeurs de gauche risquent de s’abstenir pour manifester ainsi leur mécontentement ou leur déception.

Le PS ne fait pas la campagne dont les électeurs de gauche avaient besoin pour se sentir vraiment mobilisés, mais elle est meilleure que ce qu’on pouvait craindre, grâce au recul du social-libéralisme chez des dirigeants qui en furent adeptes. Selon le projet européen du PS, le « traité modificatif européen », dit « traité de Lisbonne », un an après son vote au Parlement, n’est plus qu’une « donnée ». Le PS défend dix mesures pour l’Europe sociale, il propose un salaire minimum européen au travers de critères de convergence sociaux, il s’oppose au projet de directive des 65 heures.

Le Front de gauche et le NPA devraient faire campagne pour mobiliser les abstentionnistes de gauche, mais ils font campagne contre le PS et… l’un contre l’autre. Leur division les dessert : ils apparaissent comme des adversaires de l’unité de la gauche. Les Verts (avec Europe Ecologie) se veulent davantage accueillants parce que, en comparaison, ils paraissent pluralistes, plus ouverts. Mais l’unité de la gauche est complètement étrangère à leurs préoccupations.

Si la campagne semble aussi atone, c’est parce qu’elle ne répond pas à l’attente du mouvement social que nous voyons si puissant mais qui a besoin de l’unité de la gauche autour d’un programme de gauche. C’est pourtant l’objectif essentiel autour duquel devrait s’organiser les campagnes politiques de la gauche si elle veut résoudre sa propre crise et être capable de montrer à l’échelle de la France et de l’Europe (du monde aussi) le chemin pour sortir de la crise dans laquelle le libéralisme nous a plongés.

Ce sont les abstentionnistes de gauche que nous devons mobiliser pour permettre au total de la gauche de dépasser les 50 % et au PS d’approcher les 30 % : il en va de la rapidité avec laquelle toute la gauche choisira de s’unir pour battre la droite à chacune des prochaines échéances (2009, 2010, 2011, 2012) et pour proposer le débouché politique dont le mouvement social a besoin. Si le sectarisme l’emportait aujourd’hui, l’unité serait plus difficile demain mais pourtant combien nécessaire !

Une Union de la gauche, autour d’un programme publiquement discuté, débouchant sur un parti unifié de la gauche, pour instaurer enfin la démocratie dans la gauche : voilà la stratégie qui doit dicter nos choix à toutes les élections.

L’issue à la crise de la gauche ne se trouve pas dans la constitution de partis monolithiques en espérant qu’ils grossiront. Ne se développeront que des partis qui veulent rassembler le pluralisme de la gauche réelle.

La force de Sarkozy c’est d’avoir un parti qui rassemble presque toute la droite en marginalisant Bayrou et Le Pen. La force de la gauche sera aussi dans son unité. L’intérêt de la gauche était de constituer des listes communes. En leur absence, voter pour le parti majoritaire de la gauche, c’est faciliter la construction de l’unité à gauche. Ce n’est pas un choix ponctuel. C’est une logique durable.

5 juin 2009

Pierre Ruscassie

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