GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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Un printemps 03 plus fort que nov-déc 95

Ca avait commencé avec le vote de refus de 57,8 % salariés de l'Edf. Il exprimait le « tournant », le « signe » de la lame de fond à venir. Puis les 400 000 manifestants du 1er février. Puis les 580 000 manifestants du 3 avril malgré, la défection de la direction Cfdt de Chéréque, avec 72 % d'opinions favorables du public. Puis les 300 000 manifestants du 1er mai, le double de l'habitude. Puis les 2 millions qui défilent dans toute la France de la plus petite ville à Paris, le 13 mai.

Plus fort qu'en 95 ! Plus profond aussi, car tout le monde se souvient de 95 et tout le monde a vu venir les grosses manœuvres cousues de fil blanc de Chirac-Raffarin-Fillon qui durent depuis des mois et ne trompent personne. C'est de la propagande, c'est un hold-up de dizaines de milliards d'euros, c'est main basse du capital sur le travail…

Le rapport de force a tourné, le gouvernement est sur la défensive. Mais il fait le fier-à-bras, Fillon dit « Je ne lâche rien ». Parce que les ultras veulent leur « mai 68 à l'envers », leur nov-déc 95 à l'envers, ils veulent écraser le mouvement social et nous ramener à l'âge de pierre, avant 45, comme en GB avec Thatcher. Puis ils reprendront tout, la Sécu privatisée, l'école nationale démantelée, l'état démantelé et précarisé. C'est l'épreuve de force.

Comment ca va se passer ? Pas simplement, pas linéairement mais massivement. Une grève reconductible cela se construit. Tout peut se combiner, débrayages et jours d'action, pas forcément de façon harmonieuse, des grèves qui se prolongent, et d'autres qui arrêtent et qui reprennent, des « temps forts », et des appels à des « journées » comme celle, à nouveau des enseignants lundi prochain. La Ratp peut continuer ou arrêter, les cheminots arrêtent mais peuvent reprendre, le privé a du mal, car la pression est forte, la peur est grande, mais il s'abrite derrière la fonction publique, (il y a eu plus de manifestants du privé le 13 mai qu'en décembre 95 : et à l'époque sur trois semaines c'était 6 millions de jours de grève dont 2,5 millions du privé).

Il y a la perspective également à construire de la « TGM », « très grande manif » le 25 mai, un dimanche, avant le conseil des ministres du 28 mai, et, après ce conseil des ministres si le gouvernement n'a toujours pas reculé, à nouveau grèves reconductibles et grève générale. Tout n'est pas calculé ni calculable, une grève reconductible ça se construit et chaque moment où Fillon répète « je ne lâche rien » nourrit la suite du mouvement.

La seule chose qui doit être certaine, c'est qu'il faut tout faire pour y aller, et tous ensemble, le plus loin, le plus uni, le plus fort possible, que l'affrontement doit être supérieur à nov-déc 95 puisque l'adversaire se veut plus déterminé et plus menaçant. Chirac, Raffarin, Fillon ont mêlé tout ensemble, les attaques contre l'école avec cette régionalisation démantèlement de l'état, les attaques contre les 35 h, les licenciements, la fin des emplois jeunes en juin, le chômage qui croit, de fausses-hausses du Smic en trompe l'œil, les suppressions de postes de un fonctionnaire sur deux, les transferts de 110 000 personnes de l'éducation nationale, le déremboursement des 616 médicaments, la menace de privatisation de la Sécu, le recul de l'Apa et de la Cmu, la fin du Rmi pour un Rma. Tout cela est tellement énorme que cela s'apparente trop clairement à l'offensive de type Thatcher, Raffarin, c'est un envahisseur, un « agent de l'étranger anglo-saxon », l'ami de Madelin qui, pour des raisons idéologiques veut détruire « l'exception française », notre système de protection sociale mutualisé et le privatiser. Il veut casser les rouages de la solidarité pour créer une autre société basée sur l'individualisme, sur la « débrouille individuelle ». Et s'il arrive a droitiser ainsi la société, il fera le lit de la misère et du Front national, l'alternance à gauche s'éloignera, mais les profits du Medef s'accroîtront.

Il y a une rage profonde, lucide, de millions de français qui ressentent toutes ces attaques mêlées ensemble, comme une provocation, doublée de menaces « la rue ne gouverne pas », « pas de tendresse pour ceux qui bloquent ».

La propagande mensongère payée à prix fort par Raffarin se déverse en vain. Sur le fond, la population ne « marche » pas, elle sait que la France est riche, que les retraites peuvent être maintenues et non pas rognées de 20 à 30 %. Elle ne veut pas travailler entre 60 et 65 ans : ces années qui comptent double soit pour la vie, soit pour le labeur…

L'allongement de l'espérance de vie à 60 ans n'est que d'un demi-trimestre, (pas d'un trimestre comme cela est dit de façon mensongère) et cette espérance de vie diminuera d'autant que la retraite sera prise plus tard ! De toute façon, nous avons un « boom » de naissances, et la population active occupée qui est nécessaire pour payer nos retraites dans les 40 ans ne doit augmenter que de 11,4 %…

On peut faire face au paiement de nos retraites par solidarité, par répartition à hauteur de 18 % du Pib, et pour 0,3 % du Pib selon le Cor, pour 0,3 % de hausse des cotisations patronales, on peut assurer

  • 37,5
  • 75
  • 60
  • 10
  • C'est-à-dire

  • Maintien des fonctionnaires à 37,5 annuités,
  • 75 % de taux de remplacement indexé sur les salaires
  • 60 ans à taux plein
  • 10 meilleures années
  • Et Chérèque va signer avec Fillon ? non il faut l'unité !

    L'unité, elle est possible et nécessaire

    Mais si cela arrive ça divisera la Cfdt mais pas le mouvement !

    La direction de la Cfdt va t elle trahir : elle a déjà préparé le tract ci-joint (X)

    Sur les quatre points qui doivent faire compromis par avance :

  • 80 à 90 % du Smic pour les basses retraites
  • possibilité d'avoir une retraite pour ceux qui ont commencé à travailler à 14, 15 ans, 16 ans à 58 ans ( c'est-à-dire qui ont cotisé au moins 44 ans)
  • L'intégration d'une partie des primes des fonctionnaires dans leur calcul de retraite
  • L'arrêt des mesures Balladur au calcul sur les 20 meilleures années au lieu de 25
  • Mais déjà, les structures et militants de la Cfdt se mobilisent pour empêcher cette défection. Messages, appels, motions, lettres, fax, mail convergent sur le bureau confédéral de Cherèque qui doit se tenir jeudi 15 mai au soir pour décider de signer avec Fillon ( en essayant d'entraîner la groupusculaire CFTC, mais ca ne suffira pas pour faire un « accord majoritaire ! car CGT et FO constituent au dernier scrutin prud'homme la majorité). En volant au secours de Raffarin-Chirac, Cherèque va creuser la crise dans son syndicat et une crise sans précédent, mais n'affaiblira pas plus le mouvement que Notat ne l'avait fait en 1995. D'ailleurs, on l'a vu : quand la Cfdt n'a pas voulu appeler le 3 avril, il y a eu plus de monde que le 1er février.

    Évidemment si on peut éviter cette rupture partielle du front syndical ce serait mieux, mais si elle a lieu, les militants et responsables Cfdt sauront prendre leurs responsabilités et dire « on continue ».

    Alors le dimanche 25 mai à 12 h, la marche sur Paris deviendra le rassemblement géant du public du privé, des actifs, des retraités, des grévistes, des non-grévistes, et s'il réussit à mobiliser, un, deux, trois millions de personnes (comme à Rome récemment) alors Raffarin, Fillon, Chirac devront en tenir compte et s'ils ne le font pas, ils se retrouveront encore autour du 28 mai avec des grèves reconductibles.

    Une société qui est attaquée avec cette férocité, ces mensonges, se défend naturellement : c'est un choix de civilisation, un tournant de l'histoire de France depuis 1945, 1968, 1995, un autre monde réactionnaire libéral à la sauce anglo-saxonne qu'on veut nous imposer de force. On peut l'empêcher, on peut contraindre Raffarin-Fillon à retirer leur projet.

    Pour la première fois, les débats au sein du PS commencent à faire évoluer la direction. Elle qui refusait encore avant le 22 avril de dire « retraite à 60 ans à taux plein » semble s'orienter vers cela. La motion A de François Hollande qui était floue et imprécise au point de ne dire ni « retraite à 60 ans à taux plein », ni « 75 % de taux de remplacement » ni « maintien des fonctionnaires à 37,5 annuités », ni « retour au calcul sur les 10 meilleures années », ni « indexation sur les salaires ». Voilà Ségolène Royale qui, pour la première fois sur France inter demande « le retrait du plan Fillon », François Hollande affirme qu'il y a une « alternative au plan Fillon », et envisage de ne pas réduire la durée de cotisations mais d'augmenter le taux de cotisations, en l'occurrence, la CSG !

    Voilà, tous ensemble réfutons les mensonges Fillon-Raffarin. Et poursuivons le combat !

    Gérard Filoche

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