La quatrième édition du forum social européen s'est tenu du 4 au 7 mai dernier. Après Gênes, Paris et Londres, c'est Athènes qui a accueilli cette nouvelle rencontre de résistance au néo-libéralisme. Le 4e FSE a marqué la fin d'une première étape dans l'affirmation altermondialiste à l'échelle de l'Europe.

Le 4e forum social européen à Athènes

Avec 30 000 participants annoncés, et 80 000 manifestants le dernier jour, cette 4e édition du forum social européen a vu la présence, dans la capitale grecque, d'un certain nombre de nouvelles délégations parmi lesquelles celle de 1500 turcs, mais aussi celles venues en nombre plus restreint de l'Est de l'Europe (Pologne, Russie, Hongrie...).

La question sociale largement débattue

Si les 278 débats qui se sont tenus ont brassé des thèmes très variés, ceux liés aux questions sociales et au travail ont été largement présentes. Une caractéristique extrêmement positive de ces forums, mondiaux ou continentaux, c'est la présence côte à côte de mouvements altermondialistes, d'associations et d'ONG, mais aussi d'un grand nombre d'organisations syndicales. En avant-première du FSE, un meeting de la Confédération européenne des syndicats s'est tenu en présence de John Monks, au cours duquel ont pris la parole des syndicalistes grecs, turcs, français, belges, allemands, italiens... Du côté français, le FSE est un lieu de rencontre, par exemple, entre la CGT, la FSU et SUD. Ces trois organisations étaient assez massivement représentées, FO et la CFDT, avec des délégations plus symboliques, étaient également présentes.

Le CPE et le non au TCE

La victoire française contre le CPE a fortement marqué ce forum social. Cet exemple d'une victoire a largement été mise en avant, et pas seulement par les nombreux français présents. Pour de très nombreux intervenants de toute l'Europe, le CPE caractérise une attaque semblable à celles auxquels ils font face, et montre la possibilité de résister et de gagner. Non, les jeunes et les salariés français ne sont pas isolés !

Le vote du 29 mai, le non français au traité constitutionnel européen a également été largement débattu. Si cela a permis de dire à nouveau les bonnes raisons de s'opposer à l'Europe libérale, les axes communs d'intervention «pour une autre Europe» et surtout les moyens pour y parvenir ont été plus difficiles à définir.

Un certain piétinement ?

De forum en forum et entre chaque forum, des réseaux ont vu le jour. C'est le cas pour l'éducation, la santé, les mouvements anti-guerre, l'OMC/AGCS... La question des services publics a été largement discutée, avec cette volonté avancée de mobilisations convergentes et coordonnées. La nécessité de ne pas ignorer les organisations syndicales nationales et les initiatives européennes de la CES a été intégrée.

L'utilité principale de ces forums est de permettre la rencontre, le débat voire la confrontation de mouvements ayant des histoires, des traditions et des positions différentes. A la quatrième édition, n'y a-t-il pas une certaine impression de piétinement? Sans doute un peu. Mais est-il possible de faire autrement? Sans doute pas. L'émiettement des forces progressistes étant toujours aussi fort, il n'est probablement pas encore possible que les forums définissent les contours plus précis d'une alternative au libéralisme.

Un internationalisme vivant

De nouveaux rendez-vous ont certes été pris autour du mois de juin 2007 à l'occasion du Conseil européen et du G8 qui se tiendra en Allemagne à Rostock. Cela n'empêche pas que la tenue d'un nouveau FSE est souhaitable. Or il n'y a pas, pour l'instant, de pays candidat pour organiser le 5e FSE. La préparation des FSE est longue et se déroule sur 18 mois. Elle est difficile car nécessite le consensus entre tous. Elle impose aussi aux différentes composantes du pays d'accueil de travailler ensemble à la préparation du forum. Une telle rencontre est utile à la formation d'une «opinion militante européenne» indispensable à la construction d'un internationalisme vivant. Le mouvement altermondialiste européen, dans toute sa diversité, doit pouvoir franchir une nouvelle étape dans la préparation du 5e FSE.

Éric Thouzeau

L’article en PDF