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Tsunamis : il existe science et mémoire

Le type raz-de-marée du 26 décembre est connu de longue date des historiens et des scientifiques. On peut en conclure que tout n'a pas été fait pour prévenir celui du 26 décembre 2004. A l'époque où les USA envoient des sondes sur Mars et sur Vénus, il n'a sans doute pas été jugé nécessaire, prioritaire, utile de faire des choix qui puissent protéger les populations du pourtour de l'Océan indien d'une telle catastrophe.

Finalement, à la différence de l'Atlantique et du Pacifique, n'est-ce pas l'Océan le plus " pauvre du monde "? Il existe pourtant des systèmes d'alerte au Japon, sur la côte Pacifique des USA, à Hawaï et, sans aucun doute, même, à Diego Garcia, la forteresse militaire des USA en plein océan Indien. Il se dit que l'armée américaine et le département d'état ont été alertés à temps ce 26 décembre, et ont pu prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs propres bases navales concernées... Mais rien n'était prévu pour les populations autochtones d'Indonésie, de Thaïlande, de Sri Lanka... Des pauvres gens, jamais informés, suivaient la mer qui se retirait, intrigués, alors que la vague mortelle se préparait à revenir en boomerang.

On sait que dix-sept siècles avant JC, l'éruption du volcan grec de Santorin a provoqué un tsunami qui causa la disparition de la civilisation minoenne en Crète. En 1703, le tsunami le plus meurtrier de l'histoire a eu lieu à Awa au Japon avec 100 000 morts. Le 12 octobre 1737 suite à un tremblement de terre au Kamchatka une vague de 40 mètres atteint les Iles Kouriles : la péninsule du Kamchatka connaît en moyenne un tsunami tous les 12 ans. Les 26 et 27 août 1883, l'île de Krakatoa est détruite par l'explosion du volcan, la vague atteint 35 mètres et dévaste les villages côtiers de Java et Sumatra, faisant 36 000 morts... Le 1er avril 1946, c'est Hawaï qui est frappée... Le 9 juillet 1958, en Alaska, dans la baie de Lituya une vague de 500 m a déferlé suite à glissement de terrain. Le 22 mai 1960 un séisme d'amplitude 9,5 sur l'échelle de Richter a frappé le Chili (une vague de 25 m) mais aussi le Japon... Pareillement le 27 mars 1967 au large de l'Alaska, puis en septembre 1992 sur les côtes nicaraguayennes et en novembre, à Bali. Le 17 juillet 1998 à la suite de deux tremblements de terre, deux vagues de 10 mètres de haut ravagent la côte nord de Papouasie, Nouvelle Guinée faisant 2123 morts...

Tout cela est recensé de façon précise et depuis longtemps. Au total il y a des études sur plus de 6000 tsunamis...Les USA coordonnent leurs observations pour prévenir les dangers de ces vagues et un centre l'alerte existe sous leur contrôle à Hawaï.

Mais sans doute, les préoccupations des administrations américaines, lorsqu'elles s'acharnent à " mondialiser " leurs emprises commerciales, ne prennent-elles pas en compte avec autant de volontarisme les risques de catastrophes " naturelles " mondiales : le tremblement de terre du 26 décembre 2004 de magnitude 9, au large de Sumatra est le plus violent qu'ait connu la planète depuis celui de 1964 en Alaska et le 5e en importance depuis un siècle, il soulevé le plancher de l'océan de 10 mètres, et provoqué des vagues de 20 mètres de hauteur qui se sont déplacées à 800 km / heure, s'échouant jusqu'au Kenya et en Somalie à plus de 6000 km. Le temps de propagation de la vague meurtrière est allé de 1 h à 8 h, ce qui donnait des délais d'alerte, s'il y en avait eu la volonté et les moyens. Pourtant le bilan dépassera de loin les 200000 morts, disparus, victimes indirectes des suites de la catastrophe (malaria, choléra, dysenterie...)

Est-ce que cela va changer après une telle catastrophe ?

Les USA ont d'abord proposé 35 millions de dollars d'aide... avant de proposer 350 millions de dollars. Mais qu'est-ce à côté des 4 milliards de dollars qu'ils dépensent chaque mois pour faire la guerre en Irak et à côté des 80 milliards de dollars de rallonge budgétaire que Georges w Bush vient de demander au Sénat pour l'amplifier ?

Par contre Bush a connu une vraie défaite diplomatique quand il a dû retirer son projet de " petite coalition " humanitaire pour laisser place à l'Onu.

Mais, en retour, voilà que déjà certains estiment qu'un système d'alerte dans l'Océan indien ne fonctionnerait pas comme dans le Pacifique : parce que " le bassin est trop petit et le temps d'alerte plus court ", " de tels évènements ne se produisent que tous les 50 ans dans l'océan Indien " ! Contrairement au Pacifique " le bénéfice que ça pourrait rapporter est donc assez limité par rapport au coût de l'installation " expliquent, dans une dépêche AFP du 5 janvier 2005, Peter Pissiersseens, chef du service océanographique intergouvernementale (Oic) de l'Unesco et Marc-André Gutscher, géophysicien au CNRS...

Ils capitulent déjà sur la prévention de la prochaine vague mortelle...

Voilà : la mondialisation sert à pomper des capitaux, pas à les redistribuer : " un système d'alerte coûterait entre 10 et 20 millions de dollars, trop important pour l'économie de ces pays ". Il ne reste plus qu'à " éduquer les populations " : sirènes, radio, télévision, moyens d'évacuation, prônent ces experts qui n'imaginent pas une seconde que ONU puisse collecter les sommes suffisantes pour prévenir le prochain tsunami dans la même région : puisque ce sera dans 50 ans...

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