GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Médias D&S – Bibliothèque

Survivre avec les loups

UN PERIPLE INCROYABLE, UN FILM EMOUVANT ET INOUBLIABLE !

Ce n’est pas un film que l’on regarde bien tranquillement en famille sur le petit écran. C’est une œuvre pleine et entière, émouvante qui nous plonge très vite dans une épopée incroyable. Le grand écran, seul peut nous faire découvrir ces magnifiques paysages et nous faire profiter pleinement des prises de vue soignées que l’on déguste même si le rythme du « voyage » nous laisse peu de répit Misha n’a que huit ans mais possède une énergie hors norme. Elle est juive dans une Belgique occupée par les nazis. Alors que ses parents sont embarqués sous ses yeux, elle échappe de justesse à la déportation pour être placée comme bonne à tout faire Elle s'enfuit et part à la recherche de ses parents qui sont très loin à l’est !? Avec sa petite boussole et les vêtements qu’elle porte elle va parcourir à pied des milliers et milliers de km. Elle a faim, elle a soif, elle a froid mais elle veut atteindre son objectif, coûte que coûte.. Oui, elle va voler de la nourriture et des vêtements mais peut elle faire autrement ? Elle va survivre en se faisant adopter par une « famille » de loups… Les animaux et notamment les loups avec lesquels Misha va survivre sont-ils pleins d’humanité face à la cruauté des hommes ? Il faut éviter tout cliché et toute simplification et d’ailleurs Véra Belmont la réalisatrice nous montre bien la complexité de la situation. Tous les hommes ne sont pas comme ces soldats allemands formatés par les nazis ;

Toutes les familles ne sont pas veules et égoïstes. Mischa va aussi rencontrer des hommes qui vont l’aider et la soutenir. Beaucoup de scènes sont poignantes mais tellement humaines, traduisant la volonté acharnée de cette petite fille que rien n’arrête Il est minuit dans le siècle, la barbarie fasciste est toute puissante mais le désespoir n’est pas de mise, une petite fille est capable de défier les bourreaux…. Incroyable ce périple de plusieurs années et pourtant il s’agit là de l’adaptation du livre de Mischa Defonseca racontant sa propre odyssée ;

Que dire des artistes ?

Mathilde Goffard joue admirablement bien, elle est la petite Misha, quant à Guy Bedos, il nous montre qu’il sait donner du corps et de l’âme à son personnage.

A la fin de la projection, on reste tout ému avec l’envie de réfléchir et surtout dans l’incapacité de passer tout de suite à autre chose.

Certaines scènes demandent à être resituées dans leur contexte et c’est à l’adolescence que l’on peut commencer à percevoir les enjeux…

Mais ce n’est là que mon humble avis et un public de jeunes collégiens accompagné pourrait avoir accès à cette histoire humaine extraordinaire.

Mais vraiment n’hésitez pas, il s’agit là d’un grand film qui nous montre avec force que l’histoire n’a pas de fin et qu’aucun combat n’est vain.

Jean-François CHALOT


"Survivre avec les loups", le livre de Mischa Fonseca

Une énergie hors du commun

Après avoir visionné le film adapté de cette histoire vraie, j'ai voulu en savoir plus et découvrir le livre où Misha raconte son odyssée extraordinaire.

Le livre nous montre avec force la souffrance endurée par cette petite fille qui traverse toute l'Europe, à pied pour essayer de retrouver ses parents déportés par les nazis.

Le lecteur comprend très vite pourquoi cette petite fille, durant son périple et bien après continuera à trouver l'homme violent et l'animal plein d'humanité. Elle va côtoyer la haine et la mort et survivre grâce à une force intérieure très forte qui va la guider et aussi parce qu'elle va être "recueillie" par un couple de loups.

Les hommes sont ils tous mauvais? Non , d'ailleurs elle va rencontrer plusieurs passeurs comme ce grand père adoptif qui va de fait l'élever pendant un an, avant qu'elle ne décide de partir vers l'est, quelques résistants et des soldats russes, notamment un dont elle empruntera le nom pour en faire sien: Misha.

Cette histoire émouvante est incroyable. Malgré le froid, les dangers, la faim qui la tenaillait, Misha a poursuivi sa route jusqu'en Ukraine avant de repartir pour sa Belgique natale : "J'étais couverte de plaies, la peau crevassée. Mes pieds n'étaient plus des pieds, je marchais les doigts recourbés sous la plante, il me fallait rogner mes ongles pour qu'ils n'entrent pas dans la chair."

Elle va résister, manger tout ce qu'elle va trouver, qu'il s'agisse de racines ou de carcasses d'animaux morts, elle va même être contrainte, elle, encore enfant de tuer un soldat allemand ayant violé une jeune fille devant ses yeux... C'était la guerre et la survie pour elle était à ce prix.

Lors de son retour, Misha aurait voulu retrouver son identité de petite juive et vivre un peu auprès de ce grand père mais son rêve n'est pas réalisé, elle va être placée chez deux femmes qui vont à la fois lui imposer la religion catholique et à la fois la "protéger" de certaines "mauvaises influences" :

"Grand-père était une sorte d'anarchiste, qui ne fréquentait ni les curés, ni l'église, il n'était pas du tout le bienvenu dans la nouvelle éducation qui m'attendait. Un enfant sauvage qu'il fallait dresser et rendre à la société".

Le livre et le film n'ont pas la même fin comme si Mishke, devenue Misha par choix avait voulu voir se concrétiser dès son arrivée à Bruxelles l'un de ses voeux les plus chers, ce qui lui aurait peut être permis d'avoir une vision moins pessimiste du monde des humains!

C'est un livre qui se lit d'une seule traite, l'écriture y est alerte, énergique et pleine de cette rage de survivre que l'on sent de la première à la dernière page.

Jean-François CHALOT

Document PDF à télécharger
L’article en PDF

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…