Va-t-on rembourser et soigner tous les citoyens de la même façon ? Seront-ils soignés selon leur porte-monnaie, leur prévoyance, leur assurance ? Y aura-t-il désormais l'hôpital du pauvre et l'hôpital du riche ? Y aura-t-il déremboursement de certains soins et économie sur d'autres et selon quels critères ? Y aura-t-il moins de médecine du travail, moins de médecine scolaire, moins de prévention parce que cela « coûte trop cher ? »

Va-t-on demander des comptes aux grands groupes pharmaceutiques, à leur politique du médicament ou va-t-on chercher à culpabiliser les gens parce qu'ils gaspillent ou ne rangent pas leur armoire-à-pharmacie ? Doit-on moins dépenser pour la santé que pour les automobiles ou les téléphones portables ? Est-ce que le système américain privé qui dépense plus et qui classe les États-Unis au 37° rang mondial en matière de santé va être introduit en France et remplacer notre système public qui dépense moins et classe la France au 1er rang mondial selon l'Oms (Organisation mondiale de la santé) ?

La Sécu a été construite en 1945 quand la France était en ruine. Pourquoi irait-elle moins bien au XXIe siècle alors que la France est 5 fois plus riche ? En 2000, sous la gauche, le budget de la Sécu était excédentaire, qu'est-il arrivé depuis, pour que le déficit soit devenu « abyssal » comme le prétend le gouvernement de droite ? Qu'en est-il de ce « trou » de la Sécu ? Est-il si profond que cela, comparé à d'autres déficits? D'où viennent ces déficits, si ce n'est de l'absence d'emploi ? D'où vient l'insuffisance de croissance sinon de la politique d'austérité, de la concentration des richesses aux mains d'une petite minorité ? Pourquoi patronat et actionnaires refusent-ils de mettre la main à la poche et de cotiser puisque leurs marges bénéficiaires ne cessent d'augmenter ?

Et si au lieu de gonfler la bulle financière, de baisser les impôts des plus fortunés, de baisser les salaires bruts et nets, directs et indirects, on faisait une politique inverse : de réduction des inégalités, de redistribution des richesses ?

« Casser ou sauver la Sécu ? » Dans cet essai, des faits, des données, des arguments... les éléments d'un vrai choix de société.

Gérard Berthiot est médecin chef hospitalier, vice-président du Conseil régional Champagne-Ardennes.

Jean-Jacques Chavigné était cadre de banque et responsable syndical.

Gérard Filoche est à l'inspection du travail depuis 1982.

Tous trois militent ensemble au Parti Socialiste et animent la revue mensuelle « Démocratie socialisme » depuis 1992.

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