GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Sans unité de la gauche, battre Sarkozy est plus difficile (II)

Nous, D&S, UMA, sommes socialistes, nous voulions l’unité de toute la gauche sur un programme et un candidat commun au cœur de la gauche.

Dans le mesure où cela semble impossible, il nous reste en temps réel dans les séquences successives qui s’annoncent :

1 - à batailler pour le meilleur programme du PS et le plus voisin possible entre les partis de gauche

Pour le programme, nous, D&S, agissons en contribuant au projet de UMA, (35, 60, 1600, 20…) lequel sera défendu devant la direction du PS selon le calendrier établi, à partir du BN du PS du 5 avril en vue de la « convention du projet » qui conclura en mai les 4 conventions de 2010.

2 - à peser pour que la candidature du PS soit la plus capable de rassembler la gauche au 1er comme au 2e tour

Pour la candidature la plus unitaire, nous agissons en soutenant l’appel en faveur de Martine Aubry, estimant qu’elle bénéficie de l’image la plus rassembleuse.

Nous ne percevons pas bien des « primaires » internes/externes réduites à des candidatures socialistes. Il nous semble qu’il faut éviter la zizanie et privilégier la légitimité du parti, sa première secrétaire devrait donc être LA candidate. Nous ne pensons pas que le candidat qui a dirigé le FMI néolibéral pendant cinq ans soit bien placé pour avoir un programme à gauche ni pour unir la gauche. Or il se trouve que Martine Aubry s’est prononcée pour « une maison commune de la gauche » et qu’elle parait en tête au sein de la gauche des candidatures susceptibles de battre Sarkozy. Cf. http://www.martine2012.net

3 - à préférer qu’en dehors du PS au moins, s’opère une relative unité autour d’une candidature rassembleuse

Que pouvons-nous faire pour qu’il y ait, en dehors du PS, un candidat de rassemblement à gauche ?

La division de la gauche non-socialiste n’est pas une bonne nouvelle, ni pour la gauche socialiste, ni pour la gauche dans son ensemble.

Nous, militants de la gauche socialiste, au cœur de la gauche, sommes en faveur du maximum d’unité. À défaut d’une candidature commune de toute la gauche, il serait souhaitable, utile qu’il y ait le minimum de compétition, de division dans notre camp.

Nous avons travaillé, non sans un certain succès, dans les luttes, grèves et mobilisations, à l’unité dans la campagne de défense de nos retraites, et en d’autres circonstances de défense des droits des salariés…Nous sommes aussi concernés dans la bataille électorale à venir.

Il y a, au moins, huit partis de gauche, et, en dehors du PS, plusieurs veulent présenter des candidats en 2012.

Si ces candidatures apparaissent ainsi morcelées, leur message sera moins lisible et moins capable de peser sur le contenu d’un désistement au 2e tour, voire ensuite dans la mise en œuvre d’une politique véritablement de gauche.

Or cette élection présidentielle, même si elle sert à faire connaître des idées, a aussi une fonction, un enjeu réel important dans les luttes de classes : ce serait une défaite lourde, si, après la mise en œuvre de sa sale politique pendant cinq ans, Sarkozy était ré élu. S’il était battu, même dans des conditions, sur un programme et une candidature pas complètement satisfaisante, les chances d’une dynamique de luttes sociales seraient indiscutablement plus ouvertes.

Du point de vue des militants de la gauche du parti socialiste, nous n’avons ni conseils, ni arguments d’autorité à imposer aux autres. Nous travaillons, là ou nous sommes adhérents, au meilleur programme, et à l’unité la plus rapide et la plus forte possible. Rarement on vient nous donner des conseils sur notre tactique et juger notre combat, nous ne voudrions pas être perçus comme importuns, en retour, par les autres.

Avec des choix d’investissements militants différents, agir ensemble

Même si nous ne partageons pas aujourd’hui leurs choix d’investissements militants, nous respectons tous les autres militants de gauche qu’ils soient au Parti communiste, au Parti de gauche, au Front de gauche, au Nouveau parti anticapitaliste, à Lutte ouvrière… et il nous arrive même de partager bien des éléments de programme (par exemple 35 h, 60 ans à taux plein, Smic à 1600 euros, pas de revenu supérieur à 20 fois le Smic... Travailler mieux, moins, tous, et gagner plus).

Un tel programme ne serait pas si difficile à rédiger et pas impossible à défendre pour ceux qui ont su mener une vigoureuse campagne commune en 2010 pour la défense des retraites (et aussi pour la défense des accidentés du travail ou de la médecine du travail..).

La méthode qui a prévalu à la campagne retraite ne peut –elle pas être adaptée dans un certain choix de campagne présidentielle à gauche ?

Ne peut-on mettre en avant ce qui fait « majorité d’idées », ce qui unit ?

Et, sans régler tout, choisir une plateforme suffisamment solide, mobilisatrice pour qu’un large arc de forces s’y retrouve ?

Est ce que TOUS les partis concernés doivent défendre TOUT leur programme historique, stratégique et tactique sachant l’importance en 2012 de se concentrer et de réussir à battre Sarkozy ?

Que serait, sinon, une candidature de « rassemblement anticapitaliste » ?

Sinon un accord, une plateforme, un collectif ad hoc, une candidature défendant fermement un programme de transformation sociale, concentré, essentiel, susceptible par écho d’influencer et d’être repris par toute la gauche, y compris tout ou partie du PS : ce serait, à nos yeux, extrêmement positif.

Pour nous, 35, 60, 1600, 20 serait un programme d’urgence, commun, rassembleur en faveur d’une VIe République sociale, démocratique, laïque, féministe, écologique…« anticapitaliste » en un mot.

Nous ne nous cachons pas : ce serait d’autant plus positif, plus important, plus fort, irremplaçable, si la candidature socialiste, elle-même, n’était pas soucieuse d’un tel programme et n’était pas tournée vers l’unité. Comprenons là qu’une candidature franchement sociale libérale s’assiéra sur toute concession à un tel programme et courra le risque, sans qu’il ait à tenir compte du rapport de force,que les voix lui soient quand même acquises par défaut pour battre Sarkozy au 2e tour.

Nous avons vu les efforts de Jean-Luc Mélenchon - depuis de longs mois pour occuper ce terrain et répondre à cette préoccupation. Ils se heurtent à des difficultés visibles. Il y en a dans le PCF. Il y a eu une fin de non recevoir du NPA.

Nous ne nous immisçons pas dans ces débats. Mais nous avons aussi noté que tout n’était pas fermé : le congrès du NPA, en dépit de ses débats complexes, a proposé à son tour, à sa manière, lui aussi, une « candidature de rassemblement anticapitaliste ».

La porte est encore ouverte.

Nous avons aussi entendu la déclaration de Jean-Luc Mélenchon qui ne la ferme pas et qui s’est déclaré prêt, s’il était perçu comme un obstacle, à se retirer devant une candidature anticapitaliste rassembleuse…

Mais « Qui ? » demandait-il à juste raison ?

« Qui ? » aussi, se demandait le congrès du NPA, qui n’était pas assuré que son candidat « naturel » puisse réaliser le « rassemblement » prôné.

« Qui ? » aussi se demandent les militants du Parti communiste qui voteront sur un choix en juin…

Nous n’attribuons pas de crédit aux actuels sondages, qui semblent donner de 2 % à LO, à 4 % à Jean-Luc Mélenchon ou 7 % à Olivier Besancenot… Quand bien même ce serait André Chasseigne, Nathalie Artaud, qui seraient à 5 ou 7 %, ou Jean-Luc Mélenchon à 7 % et Olivier Besancenot à 4 %... franchement, sans vouloir indisposer personne parmi les sensibilités politiques concernées, l’effet politique électoral en 2012 sera le même.

Cela ne semble pas une question de personne.

S’il y a quatre « qui ? » ce ne sera pas pareil que s’il y a une entente pour un seul…

Sinon il y aura des utilisations politiques, polémiques, injustes certes, mais contre-productives en cas de candidatures et de scores éparpillés. Du point de vue de la défense stricte de ses idées, sans doute, chaque parti serait satisfait, mais l’impact pour notre « camp » à gauche, pour la victoire finale, d’un tel morcellement, ce ne serait pas très bon.

Nous, D&S, UMA, qui sommes unitaires et voulons peser au cœur de la gauche, ressentons cela comme une difficulté. Surtout si la candidature socialiste elle-même n’était pas suffisamment unitaire et combative. Il sera toujours possible d’additionner les voix pour argumenter, mais cela ne sera guère efficace. Il nous restera à « lutter », bien sûr, mais ça c’est toujours le cas…

Par contre s’il y avait un candidat rassembleur de toute la gauche non PS, à défaut d’une unité de toute la gauche, ce serait plus stimulant, il se créerait une relative dynamique et ce candidat pourrait sans doute obtenir bien au-delà du score additionné de chacun. Un bon score à « deux chiffres » ça pourrait peser. Il y aurait davantage de dynamique avec un seul candidat.

Nous y sommes favorables, nous y voyons, non pas une concurrence, mais une aide au combat de la gauche socialiste et de la gauche tout entière. Nous pensons nécessaire, indispensable, de peser dans le PS, mais voyons naturellement d’un bon œil, ce qui pèse dans le même sens en dehors.

Et dans certaines circonstances, nous pouvons nous engager.

Ce n’est pas aussi impensable qu’il y paraît. Les points de vue ne sont pas si éloignés que cela du NPA au Front de gauche. Une candidature à gauche qui donnerait confiance au salariat, qui ferait un premier pas unitaire ouvrirait bien des portes et des espoirs. Comment dépasser le champ fermé actuel ?

Que pouvons-nous faire en ce sens ?

Comment augmenter les chances de gagner en 2012 ? Quelle unité, selon quelles candidatures ?

C’est aussi pour discuter de cela que nous organisons des « rencontres » de printemps avec les lecteurs, les amis, de la revue D&S, où nous invitons toute la gauche à parler ensemble de tout et à réfléchir le 23 avril prochain.

A hauteur du 23 avril, il sera plus que temps, mais il ne sera pas trop tard,

Avec une gauche non-socialiste forte, moins divisée, le PS lui-même pourrait s’en trouver changé d’autant. Tout corps confronté à une plongée dans une gauche, même partiellement unifiée, reçoit une poussée égale au nombre de voix exprimées. Ce, dans un climat social, national et international propice.

4 - à contribuer en cas de pluralité de candidatures à ce qu’il y ait un « pacte de désistement réciproque » au sein de la gauche, pour limiter in fine les effets de la division, en faveur de qui apparaîtra le mieux placé pour battre Sarkozy

C’est une des tactiques qu’il resterait à mettre en œuvre si nous ne parvenions pas à réussir les précédentes, mais de cela nous reparlerons en temps réel.

Gérard Filoche, le 22 février 2011

Document PDF à télécharger
L’article en PDF

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…