GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Sans unité de la gauche, battre Sarkozy est plus difficile (I)

Sarkozy est le pire des présidents que nous ayons eu depuis 65 ans. C’est un thatchérien, reaganien, néolibéral intégriste, entièrement dévoué au Medef, aux accapareurs, spéculateurs, banksters, du CAC 40 au Fouquet’s, Bettencourt et autres Ben Ali français.

1 - En presque cinq ans, Sarkozy a fait le pire de l’histoire de la droite :

  • battu les records du chômage de masse, des jeunes aux « seniors »
  • bloqué les salaires, privé les salariés, 93 % de la population active, de la part méritée des richesses qu’ils créent,
  • pillé nos retraites et ruiné notre « Sécu »,
  • développé la misère et l’insécurité sociale,
  • accru l’exploitation et la souffrance au travail, déconstruit le code du travail
  • creusé la dette et les déficits pour enrichir les plus riches,
  • aggravé lourdement les injustices fiscales
  • miné tous les services publics, l’école, l’hôpital, les équipements
  • bradé EDF-GDF, la SNCF, énergie, transports, logements sociaux…
  • dégradé le fonctionnement déjà trop peu démocratique de la Ve République
  • vanté « l’argent », attisé les divisions sociales, les haines nationales, racistes et discriminations de toutes sortes, privilégié les religions sur la laïcité
  • pris en main et manipulé les grands médias,
  • recherché les conflits dans le monde, à Kaboul ou Téhéran.
  • cassé tout ce qui était issu du programme du CNR après la 2e guerre mondiale,
  • tout cela en concurrençant l’extrême droite sur son terrain.

    C’est une question de « salut public » républicain de le battre en 2012 : tout, tout, tout doit être fait pour qu’il « dégage » !

    Nous avons la majorité écrasante de l’opinion pour nous, celle des salariés. 75 % des Français étaient hostiles à la loi de pillage des retraites, 8 millions de manifestants l’ont démontré, et, bien qu’il n’ait pas eu de mandat, qu’il n’ait pas été élu pour cela, Sarkozy, quoique minoritaire, a imposé comme un forcené, l’insupportable retraite à 62 et 67 ans, rongé le Smic depuis 5 ans consécutifs, nourri délibérément le chômage en encourageant les heures supplémentaires pour ceux qui ont un boulot au détriment de ceux qui n’en ont pas…

    La gauche est majoritaire dans ce pays, elle dirige 2 villes sur 3, 20 régions sur 22, 61 % des départements, et peut prétendre, pour la 1ière fois depuis 200 ans, gagner la majorité au Sénat.

    La majorité sociologique est de gauche. Elle devrait gagner en 2012.

    Mais l’élection présidentielle est une élection biaisée, ultra personnalisée et donc facilement manipulable par des grands médias aux ordres qui « montent » et « démontent » les candidats.

    La personnalisation de la politique a été conçue pour dépolitiser les personnes.

    Il y a deux tours. Il faut une ou un candidat qui franchisse ces deux tours et rassemble sur son nom plus de 50 % des voix, plus de 20 millions d’électeurs !

    En 50 ans de Ve République, un seul candidat de gauche y est parvenu, contre cinq candidats de droite.

    C’est pour cela qu’il faut l’unité de toute la gauche.

    C’est pour cela qu’un candidat qui n’unirait pas la gauche aurait moins de chances.

    C’est pour cela qu’il faut un programme commun à gauche et rassembler, être le plus fort possibles dés le premier tour pour gagner au second.

    C’est pour cela que nous avons proposé des « primaires » à gauche, nous les avons proposé entre TOUTE la gauche, pour qu’elles soient l’occasion d’un programme commune t d’un candidat commun dés le premier tour.

    Cela ayant été, à ce jour, refusé, il faute en examiner les conséquences.

    2 - La gauche reste plurielle. Mais le PS est majoritaire et incontournable à gauche. Nul ne peut croire qu’il est possible de battre Sarkozy sans le PS. Qui a les yeux ouverts ne peut le nier.

    Cela n’empêche pas que, de façon inquiétante et au détriment de la victoire recherchée, beaucoup de discours contradictoires, vains ou défaitistes, sont tenus à gauche, à moins d’un an de l’élection décisive difficile qui nous est imposée.

    a) Il y a d’abord ceux qui renvoient « dos-à-dos » (sic) la gauche et la droite, le PS et l’UMP, « blanc bonnet, bonnet blanc ».

    Fort heureusement, en dépit de campagnes de propagande fort mal intentionnées des grands médias en ce sens, ils sont minoritaires dans l’opinion, même s’ils existent à l’extrême gauche, à l’extrême droite et subsidiairement dans la petite zone qui se réclame d’un prétendu « centre ». Rappelons qu’avant le 21 avril 2002, il y avait 6 candidats sur 9 qui renvoyaient dos-à-dos le PS et le RPR, Jospin et Chirac. Il y a là, un grand espace de confusion, de démobilisation, voire de désespoir, que le sarkozysme sait parfaitement exploiter, dont il se nourrit et qui peut peser sur LA marge qui se révèle décisive.

    Il faut donc creuser, rendre évidente, lisible pour des dizaines de millions d’électeurs, de salariés, la différence gauche/droite : à tout point de vue, socialement et politiquement.

    Il y a, au moins, huit partis qui représentent la gauche, tout comme il y a huit syndicats qui ont mobilisé récemment 8 millions de manifestants en défense de nos retraites à 60 ans. La gauche est diverse, tout comme le salariat qui constitue sa base sociale. Cependant, en dépit de ses différences, la gauche est un « camp » majoritaire qui ne demande qu’à se rassembler autour d’une direction et d’un programme « à la hauteur ».

    Rien de grand ne s’est fait dans l’histoire de notre pays sans unité de la gauche. Tout mouvement réel pour l’unité rend forcément minoritaire aussi bien le social libéralisme que l’ultra-gauche. L’unité de la gauche ne peut se faire à « ses marges » mais en « son cœur ».

    Heureusement des dizaines de millions d’électeurs distinguent empiriquement droite et gauche et perçoivent, à juste titre, des différences de fond entre les cinq ans du gouvernement Jospin et les huit dernières années de Sarkozy… Ils pensent intuitivement qu’avec la gauche, on n’a pas tout ce qu’on veut, mais qu’avec la droite, on a tout ce qu’on ne veut pas. Tout est là : si le choix droite/gauche apparaît assez clairement, ils se mobilisent et une dynamique se crée, indispensable pour passer le cap difficile des 50 % au deuxième tour.

    Mais si ce n’est pas le cas, s’il n’y a pas assez d’attraction, si les choix sociaux de fond ne sont pas évidents, on perd une élection imperdable, comme en 2007. Cela s’était joué à 1 million de voix sur plus de 40 millions.

    Parce que le PS n’est pas assez marqué à gauche, parce que son programme n’est pas assez opposé au néolibéralisme, des doutes subsistent, assez forts pour empêcher de « faire la différence », de créer la dynamique pour franchir la barre.

    Entendons-nous bien : l’élection présidentielle ne se joue pas « au centre », il n’y a pas de centre, il n’existe pas. Il y a deux camps fondamentaux. Il faut que les deux camps « ratissent », fassent le plein.

    Il y a le salariat, c’est normalement le camp majoritaire : 93 % des actifs, les chômeurs sont des salariés provisoirement privés d’emploi, les jeunes sont des salariés en formation, et les retraités vivent grâce aux cotisations des salariés). Il y a un seul salariat, il faut une seule gauche. Une unité qui exige une radicalité.

    Et il y a l’actionnariat, qui possède l’argent, achète le travail, contrôle les médias, il a un pouvoir énorme pour entraîner et manipuler une partie des salariés contre l’autre : étudiez comment Sarkozy en 2007 autour du slogan « travailler plus pour gagner plus », faute de réplique forte à gauche, a fait la différence, et berné la majorité des 53 % de ses électeurs. Ensuite il a gouverné pour 2 % d’entre eux.

    Pour gagner il faut une gauche aussi fidèle aux salariés que la droite est fidèle au patronat.

    Pour gagner, il faut un élan. Unitaire et social. Il faut réunir autour de mots d’ordre simples, clairs, dynamiques, unifiants : « travailler mieux, moins, tous, et gagner plus », 35, 60, 1600, 20…

    b) Il y a ceux qui reconnaissent que le PS est de gauche, mais de peu car ils pensent et disent qu’il ne mènera pas la politique nécessaire ni à la victoire, ni ensuite à la transformation sociale. Soit il ne la proposera pas, soit il la trahira…

    Ceux-là qu’on trouve au NPA, à LO, ou au Front de gauche (PCF, PG, GU, FASE…) pourraient quand même, avec ce point de vue, proposer le front unique au PS de façon à modifier cette situation, à le « mettre au pied du mur », à jouer sur ses contradictions, voire à l’entraîner tout ou partiellement, lui, ses militants, ses électeurs… au moins sur des terrains ponctuels d’unité d’action sinon sur un programme d’urgence élémentaire… mais non ils se refusent à toute bataille immédiate pour l’unité de toute la gauche.

    Ils se mettent en concurrence, en compétition avec lui. Ils affirment qu’il faut le dépasser, le battre, comme condition à la victoire. Il faut, selon eux, qu’ils soient plus forts que le PS avant de l’influencer, de s’allier ou de… le balayer. Ils commencent donc la bataille contre Sarkozy par une bataille au sein de la gauche. Pour eux, il y a deux gauches, une « vraie » et une « fausse » : et la vraie doit naturellement l’emporter sur la fausse. Le problème est que les différentes composantes de cette gauche s’opposent entre elles, à celle qui sera la plus radicale, « à 100 % à gauche », dans cette bataille pour dépasser, battre, et ne pas s’allier ensuite avec le PS… Et qu’à présenter plusieurs candidats, qui du coup, ne peuvent prétendre qu’à 2, 4, 6 ou 7 %, la « concurrence » devient un morcellement, et le morcellement rend encore plus invraisemblable la victoire contre Sarkozy.

    Mais même avec un programme meilleur et plus attractif que celui du PS, cette autre gauche n’attire ni ne convainc malheureusement pas autant que… si c’était le PS qui le portait : car les électeurs et ce n’est pas réversible en cet état de morcellement, ne pensent pas, dans leur majorité, que cette autre gauche divisée et minoritaire, peut gagner ! Et ils ont raison. La gauche non-PS divisée n’a pas aucune chance apparente de gagner et des millions d’électeurs vont voter en priorité pour battre Sarkozy - même sans enthousiasme. Le vote ne se fera pas sur le fond en positif. Il se fera en « contre » avec toutes les limites que cela induit.

    Les candidats sociaux libéraux espèrent ainsi tirer profit, sans être obligés de faire de concessions, de cette division pour passer quand même à l’arraché, sans dynamique, par défaut, par rejet de Sarkozy.

    Il en résulte un « gap », un risque, qui n’est pas sûr, mais qui peut être fatal : il y aura ceux qui voteront pour assurer la victoire coûte que coûte, quel que soit le candidat et ceux qui auront privilégié le doute et donc risqué de nourrir le « blanc bonnet bonnet blanc ». Quel sera le manque à gagner abstentionniste final ? On l’a dit, in fine, cela se joue sur un ou deux millions de voix qui peuvent manquer aussi bien au premier qu’au deuxième tour.

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