Raffarin craque et l'Ump aussi. Normal : il n'y a que dans les dictatures qu'un pouvoir peut être aussi obtus et capable de résister à un vote populaire de l'ampleur du 29 mars - comme viennent de le faire les chiraquiens.

Le Monde du 9 avril raconte en « une » la crise du groupe parlementaire Ump dont des élus et non des moindres expliquent que Raffarin les a « menés à l'échafaud ».

On « n'avait jamais vu ça depuis près de vingt ans » commente un député à propos des engueulades qui ont eu lieu en pleine réunion des députés de droite. « Ce groupe parlementaire ressemble à un banc de poissons qui change brusquement de direction à la moindre alerte. On ne sait pas qui est le chef de meute, mais ils suivent tous. »

La déconfiture de cette droite est dangereuse : comme une bête blessée, elle réagit brutalement : Sarkozy affirme qu'Edf ne sera pas privatisée à plus de 49 %. Propos menteur et spoliateur : les salariés et usagers de France télécoms le savent.

C'est ce qui a été dit, au début, pour torpiller cette magnifique entreprise française, pour nous piller par factures interposées, pour faire passer les profits du portable dans les caisses des Bouygues et compagnies : alors qu'elle aurait pu non seulement baisser les coûts pour tous les usagers, elle aurait rapporté des milliards aux caisses publiques.

Ils veulent détruire et saborder de la même façon Edf-Gdf par pur dogmatisme ultra-libéral et par cupidité : Edf-Gdf marche bien, c'est une entreprise remarquable, rien, rien ne justifie de la plonger dans l'aventure, de la soumettre aux spéculateurs de la Bourse, la seule intelligence serait, en comparant les évolutions récentes entre Edf et France télécoms de renationaliser cette dernière.

Défendre Edf-Gdf, ce n'est pas seulement défendre les droits des salariés de cette si belle entreprise, c'est défendre les usagers, le service public, c'est défendre un principe, un choix de société. Après, ils s'attaqueraient d'avantage à la Sncf et aux hôpitaux, aux écoles publiques. Rien dans la bouche de Chirac et Raffarin et Sarkozy ne peut être cru, ni leurs promesses sociales ni leurs promesses de ne pas toucher au statut, ni celles de l'intérêt public : ils mentent comme Bush et Blair mentaient à propos des armes de destruction massive en Irak. Ils veulent nous faire plier, ils veulent casser tout ce qui reste de Pacte social républicain, ils veulent une société anglo-saxonne, le reste, c'est de la fourberie, de la tromperie, des tentatives de confusion et de division.

C'est pareil pour la Sécu, quand ils font mine de proposer un consensus pour la sauver : ce qui peut sauver la Sécu, c'est le départ de ce gouvernement, ce sont des élections législatives anticipées. Rien, pas un gramme de confiance, de crédit ne peut leur être accordée après ce qu'ils ont fait sur les retraites. Ils veulent endormir, masquer, mais arriver au même but : privatiser la santé comme ils veulent privatiser Edf.

L'alternative est de reconstruire un fort secteur public : eau, énergie, communication, transports, santé, école, équipements collectifs, fort secteur bancaire, tout cela doit être public et permettre à l'état de sauver ce qui relève de l'intérêt général et que la cupidité rend le privé incapable de satisfaire.

Solidarité avec les grévistes d'Edf-Gdf, oui ils peuvent et doivent tout mettre en œuvre pour gagner, faire reculer ce gouvernement illégitime et sectaire, oui, tous ensemble, c'est notre combat commun pour les services publics, la justice sociale. Le 22 avril, en mai, l'heure est à la mobilisation.

Gérard Filoche, pour D&S, le 8 avril 2004