GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

«Que font encore des gens de gauche au PS?»

À l'attention de Mr Filoche,

J'admire ce que vous faites mais en même temps, je me demande ce que des gens de gauche font encore au PS?

Réponse GF intercalée en italique:

Monsieur,

Il y a 6 à 7 parfois 8 millions d'électeurs socialistes (parfois davantage). Ce sont des vrais gens de gauche, qui veulent voter à gauche, qui sont opposés à la politique de la droite. C'est un fait.

Ne pas en tenir compte aboutirait à d'énormes erreurs : par exemple à croire que la gauche est minoritaire dans ce pays alors que la gauche est sociologiquement et politiquement majoritaire...

Ne pas le comprendre peut pousser à se réfugier dans un dénigrement de la conscience et de la combativité de la majorité de notre peuple incarnée dans toutes les luttes récentes : 1986, 1995, 2003, 2006...

Ne pas le comprendre, c'est ne pas avoir confiance, c'est se désespérer du rapport de force, c'est baisser les bras, c'est céder au « déclinisme », c'est surestimer l'extrême droite, c'est avoir peur et quelque part se résigner à Sarkozy...

L'extrême gauche, par exemple, est pessimiste sur notre peuple, sur les salariés, puisqu'en votant Ps, selon elle, ils confortent la France à droite. Selon cette extrême gauche, la majorité des « électeurs » sont des « veaux » en quelque sorte comme disait de Gaulle... Et si la France est de droite, elle a ce qu'elle mérite, jusqu'à ce qu'elle se révolte...

Mais même quand elle se révolte comme récemment contre le Cpe, ils n'en tirent pas les leçons...

Pierre Moscovici et Alain Krivine pensent et écrivent tous les deux que « la France est de droite » dans Libération :

  • Moscovici en tire la conclusion que l'on ne peut pas faire trop une politique de gauche mais conclue pour une politique modérée de compromis quand il est au gouvernement, qu'il faut voter “oui”, etc... et il a bonne conscience...
  • Krivine pense que c'est pour cela qu'ils sont, lui et la Lcr, minoritaires ! Ca l'aide à supporter de rester entre 1 et 5 % des voix... puisqu'il faut d'abord dénoncer le Ps pour changer préalablement les consciences avant de faire la révolution...
  • En attendant peu importe la vie quotidienne des millions de salariés sous la gauche et sous la droite, c'est secondaire... l'extrême gauche renvoie dos-à-dos gauche et droite... Elle invente la théorie sectaire et diviseuse des « deux gauches » et elle organise en conséquence la division pratique, électorale, elle n'appelle même plus au désistement « de classe » pour battre la droite...

    Pour FM D&S, la France est majoritairement de gauche. Ps inclus bien sûr. On peut et on doit battre la droite.

    Il faut être ignorant ou de mauvaise foi pour prétendre que le bilan des cinq ans du gouvernement Jospin était le même, concrètement, pour des dizaines de millions de gens que le bilan de Chirac-Raffarin-Villepin-Sarkozy depuis 2002... Retraite, salaires, chômage, Sécu, droits démocratiques, même dans les petits détails, la souffrance du peuple a été plus grande, les reculs réactionnaires sans commune mesure, depuis 2002 qu'entre 1997 et 2002...

    Avec la gauche, on n'a pas tout ce qu'on veut, mais avec la droite on a tout ce qu'on ne veut pas...

    Les libéraux ne mènent pas la même politique que les sociaux libéraux... Sarkozy ce ne serait pas du tout la même chose que Hollande... Pourtant Hollande semble avoir tendance à refaire ce qu'a fait Jospin, hélas en moins bien si l'on en juge par le dernier « projet » qu'il propose au Ps.

    Mais même « les 35 h » mal faites ont créé 350 000 emplois! Même en matière d'impôts, de subventions aux associations, de sans-papiers régularisés, de droit du travail, de politique africaine, etc. il n'y a pas photo entre droite et gauche.

    Fillon, Douste Blazy, Raffarin, Sarkozy eux, ont détruit nos acquis sociaux, ceux qui restaient du pacte républicain encore en vigueur depuis 1945...

    Si Jospin (qui n'était pas blairiste, qui refusait la « troisième voie » de Blair et Schröder) a reculé et perdu (après 5 ans de politique la plus à gauche en Europe, tout est relatif bien sûr) c'est parce qu'il n'en a pas fait assez pour répondre aux impatiences sociales qui s'étaient réveillées, parce qu'il ne répondait pas assez aux aspirations orientées plus à gauche de notre peuple... surtout dans les deux dernières années... mais pas parce qu'il faisait la même politique que la droite...

    Tous les chats ne sont pas gris, Allende ce n'était pas Pinochet, Lula ce n'est pas Collor... Blum ce n'était pas Herriot. Mauroy ce n'était pas Barre. Zapatero ce n'est pas Aznar. Parfois, c'est plus serré: mais même Prodi ce n'est pas Berlusconi.

    Le «renvoi dos à dos» est une analyse politique de gribouille.

    Sans lumière, sans précision, sans vérité, et donc incompréhensible : car comment expliquer ensuite que des millions d'électeurs votent à nouveau Ps le 28 mars 2004 et le 13 juin 2004 ? Parce qu'ils sont bêtes, des “veaux” ? Ou parce que, eux concrètement mesurent la différence et qu'ils la vivent ? Parce qu'ils savent clairement qu'il faut barrer la route à la droite.

    La gauche, c'est la somme des voix des Verts, du Pcf de l'extrême gauche, et du Ps... La gauche correspond au salariat et le salariat c'est 9 actifs sur 10... La gauche c'est un camp de classe. Dans ce camp de classe, il y a des positions diverses, un éventail. Il y a au sein de la gauche, des gauchistes, des droitiers, des sectaires et des modérés. Il faut, pour gagner contre la droite, dans le système actuel, qui nous est imposé, unir toute la gauche, donc le Ps : il urge donc d'ancrer à gauche le Ps, tout le Ps, composante incontournable et majoritaire de la gauche, c'est ce que mes amis et moi de la gauche socialiste, travaillons à faire, avec plus ou moins de succès... Plus entre 1996 et 2005, moins avec la triste synthèse confusionniste du Mans

    C'est pour cela que dans le projet FM D&S nous ne renvoyons jamais dos-à-dos la gauche et la droite, nous sommes dans un camp, le nôtre, nous essayons de l'influencer, de le convaincre qu'il doit répondre aux attentes de toute la gauche (et pas du centre gauche et centre droit... pas en s'alliant avec Bayrou!)

    Vous donnez la caution sociale à un parti qui ne demande plus qu'une chose,...

    Ce parti n'a pas besoin de “caution sociale”, il a 150 000 adhérents, syndiqués, travailleurs, salariés, cadres, de toutes nuances, Cgt ou... Cfdt.

    Il est le parti au pouvoir de 1936, de 1981, de 1997... en un siècle, les grandes conquêtes sociales de ce pays ont été gagnées quand il était au pouvoir, même contre son gré, même à son corps défendant, (les congés payés n'étaient pas dans le programme du Front populaire, et n'ont été accordés que le 11 juin 36, lorsqu'il est apparu que les accords Matignon ne suffisaient pas a arrêter les grèves et les occupations) même quand ce n'était pas dans son programme. Il est lié à l'histoire de toute la gauche de façon indissociable, dans ses meilleures (1936, 1945, 1968, 1981, 1997) et dans ses pires pages (1914, 1939, 1956)

    ...l'arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir!...

    Mais non, ils veulent le pouvoir croyez moi !

    ...Je sais, ça parait incohérent comme ça à première vue mais pourtant...

    Il n'y a rien d'incohérent à vouloir ancrer à gauche ce parti. Il n'y a rien d'incohérent à avoir obtenu 42 % des voix pour le “non” le 4 décembre 2004 en interne et 59 % des électeurs socialistes pour le “non” le 29 mai 2005. Sans la bataille pour le “non socialiste” , il n'y avait pas 55 % de “non” le 29 mai...

    Il n'y a rien d'incohérent si l'on est à la Cfdt à se battre contre le cours de la direction Chérèque et de nombreux syndiqués et syndicats Cfdt sont à gauche... Les 600 000 adhérents qui restent à la Cfdt (en dépit de 100 000 départs et de la perte de 6 % de voix après la trahison des retraites du 15 mai 2003) font bel et bien partie du mouvement syndical et on en a besoin pour gagner contre le Cpe. D'ailleurs l'unité victorieuse contre le Cpe est une belle leçon : on a profité du fait qu'il n'y ait pas eu de « oui de gauche au Cpe », n'est-ce pas?

    De toutes façons le peuple ne votera ni pour le PS ni pour Sarkozy et c'est là le danger.

    Mais vous vous méprenez complètement : le peuple va avoir tellement peur, légitimement, que la droite repasse, qu'il votera dés le premier tour pour le candidat même socialiste quel qu'il soit, pour éviter un second 21 avril 2002!

    Même un canasson battrait Sarkozy!

    Le problème, c'est que nous n'avons pas intérêt à ce que ce soit un canasson.

    Pour bien faire, pour être sûrs de battre la droite, il faudrait le meilleur candidat possible, un candidat au centre de gravité de la gauche, il faudrait même un candidat commun sur un programme commun. Pas un “social-libéral”.

    Mais, c'est encore dans le Ps que vous le vouliez ou non que cela se joue... Car ce sont les militants qui vont désigner le candidat que les électeurs auront ensuite en face d'eux.

    Si, par mécanisme de bataille interne, la gauche de ce parti perd, si c'est un social-libéral “oooouiste” qui sort, les chances, pourtant écrasantes de battre la droite en seront diminuées!

    Cela peut finir comme Prodi en Italie avec une victoire de justesse avec 25 000 voix d'écart alors que, tout de suite, la gauche a 15% d'avance en France dans les sondages. Ou par une défaite de justesse, alors tout roule pour une victoire...

    Le “projet”, hélas, dans son état actuel, transitoire, soumis par François Hollande au Bn du 30 mai 2006 est le plus droitier, le plus social libéral, le moins susceptible d'assurer une victoire aux prochaines élections: mais il suscite des réactions, des refus, des résistances, très fortes, en interne. Il faut que des forces luttent dans le Parti socialiste pour modifier ce projet, le gauchir, cela revient à rendre un service indispensable, irremplaçable, à toute la gauche.

    ...L'abstention et l'extrême droite en seront les bénéficiaires, puis comme en 2002,...

    Erreur encore, il risque d'y avoir plus de votants que jamais (comme le 28 mars 2004 ou il y a eu une poussée de 7 % de votants en plus, comme le 29 mai, etc... ) car le peuple veut rejeter cette droite réactionnaire ! Les grandes grèves de 2003 (retraite) et de 2006 (Cpe) témoignent de ce violent rejet de la droite!

    Même le 21 avril 2002, tout en passant au second tour, Le Pen perdait 900 000 voix par rapport au score FN-De Villiers-Pasqua-Boutin de 1995 ! Le Pen est une vieille baderne qui n'arrivera jamais au pouvoir mais qui sert d'épouvantail pour aider Sarkozy à passer...

    Ce même 21 avril 2002, la gauche ne reculait pas en nombre de voix, elle n'était pas plus divisée qu'en 1995 (même nombre de candidats), mais il y a eu une évolution explicable et justifiée par les limites de la politique du gouvernement Jospin et du « projet » de celui-ci, du centre de gravité de la gauche vers la gauche, ce qui a crée un déséquilibre nodal : le parti majoritaire Ps est devenu minoritaire de justesse au sein de la gauche, faisant perdre Lionel Jospin à 193 000 voix prés. La droite elle, perdait davantage de voix : Chirac, lui, avait 4 000 000 de voix de moins qu'en 1995... il faut regarder le nombre de voix pour comprendre les intentions des électeurs, pas le pourcentage, qui est un résultat parfois hasardeux.

    ...on fera semblant de s'en émouvoir, de dire qu'on va y réfléchir et puis la montagne accouchera d'une souris comme aujourd'hui. La solution ça serait que tous ceux qui rêvent encore d'un grand jour, quittent avec fracas leurs partis et en créent un nouveau sans exclusive avec un programme de gauche à la hauteur des ambitions humanistes que nous partageons tous, pour abattre le système capitaliste...

    Quelle folie ce serait ! On ne peut rien faire sans parti. Les partis c'est la démocratie, avec toutes leurs qualités et limites. Aucun parti ne naît d'un “appel” magique... Ils naissent et prospèrent dans l'histoire, dans la sociologie, dans les régions et villes, ils ont leurs traditions, qui ne peuvent évoluer, changer, que sous l'impact de formidables mouvements sociaux et électoraux, sous l'impact d'un travail constant, en profondeur, opiniâtre, c'est ce qu'il faut comprendre pour agir sans être incantatoire et vain.

    La solution, c'est l'inverse, c'est que des millions de gens adhèrent aux partis existants : plus il y en aura, déterminés, conscients, cultivés, têtus, plus il y a de chances d'empêcher les directions de ces partis de faire n'importe quoi, de « trahir », de trancher en fonction de leurs intérêts et de leurs visions égoïstes de ‘sommet”. Vous auriez dû adhérer avant le 1er juin 2006 pour imposer un vote sur le projet et désigner le candidat, pour qu'ils soient le plus à gauche possible... Dans le Ps vous pourriez voter pour un “projet” de gauche si on arrive à faire qu'il y ait un choix démocratique, sinon pour des amendements de gauche au “projet droitier” actuellement sur la table... Ensuite pour un candidat de gauche pas de centre droit... Pour un candidat d'unité de la gauche pas pour l'alliance avec Bayrou...

    C'est dedans que cela se joue, voilà pourquoi, il y a , il faut, des hommes de gauche, de plus en plus dans le Ps... Pour nos retraites à 60 ans, de vraies 35 h, un contrôle des licenciements, un code du travail protecteur, une révolution fiscale, une redistribution des richesses...

    Me suis-je bien fait comprendre ?

    et moi, me suis je fait comprendre?

    Bien a vous, gerard filoche

    Bien à vous chers camarades, Pascal C.

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