GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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Quand Sarkozy parle des ouvriers, en concret, c'est pour diminuer leur droit de grève...

Quand Sarkozy parle des ouvriers, en concret, c'est pour diminuer leur droit de grève et s'inspirer du Cne pour réformer le code du travail...

Xavier Bertrand, son porte parole, vient, ce matin, de reprendre l'antienne

contre le droit de grève :

« A celui qui est contre la grève obligatoire imposée par une minorité je

propose la démocratie par l'organisation obligatoire d¹un vote à bulletin

secret dans les 8 jours qui suivront tout déclenchement de mouvement social

». crie Sarkozy à Agen.

Sarkozy veut une France d'après en rupture avec le "modèle social

français" pour se rapprocher du "modèle anglo-saxon".

Pour en arriver là, il faut remettre en cause le droit constitutionnel de

grève. Déjà le « Tce » (traité constitutionnel européen) s'y essayait. Mais

là, ce que veut Nicolas Sarkozy c'est imiter carrément Mme Margaret

Thatcher.

Depuis l'ère Thatcher, les lois réglementant le droit de grève sont en

Grande Bretagne, parmi les plus restrictives des pays riches en vertu du

Trade Union Act de 1984 et des Employment Acts de 1988, 1990 et 1993. Les

salariés doivent voter la grève à bulletin secret, informer leur employeur

de la date de leur action et en préciser les motifs. La validité de leur

vote est limitée à quatre semaines, sauf accord contraire avec l'employeur.

Ce dernier peut demander à la justice de s'opposer à la grève. Si celle-ci

est déclarée illégale, l'employeur peut licencier les responsables.

Les raisons d'une grève sont nécessairement liées aux conditions de travail

ou aux possibles conflits dans l'entreprise concernée. Les grèves de

solidarité avec des salariés d'une autre entreprise et celles qui résultent

d'un mot d'ordre général - comme la défense des retraites - sont interdites.

En août 2005, une grève de solidarité à British Airways a valu des amendes à

trois délégués syndicaux et 670 grévistes du groupe de restauration aérienne

Gate Gourmet ont été licenciés sur le champ en août 2005.

Les grèves sont un motif de licenciement. Elles sont devenues fort rares et

surviennent lorsque tout est perdu, comme à l'usine General Motors près de

Liverpool, juste avant la suppression de 900 emplois. Depuis l'arrivée des

travaillistes au pouvoir, en 1997, le Trade Union Congress (TUC) n'a cessé

de réclamer l'abolition de ces lois. Tony Blair a refusé. « Les syndicats

reviendront à la charge lors de leur congrès annuel, du 11 au 14 septembre,

et en novembre, lors du centenaire de l'instauration du droit de grève. Ils

n'ont aucune chance d'obtenir raison » dit Le Monde du 1er septembre 2006.

Aux Usa, la grève des transports en commun de New York de 2005 était

illégale.

Ainsi, selon les admirateurs du « modèle social anglo-saxon » que sont

Sarkozy et Parisot, (et ils n¹annoncent qu¹une partie de ce à quoi ils

aspirent) en reviendra t on vraiment au XIX° siècle, où droits syndicaux et

droits de grève seront battus et réprimés.

D¹ailleurs voilà cinq ans qu'ils s'efforcent d'entraîner des directions

syndicales vers ce piége du renoncement à la grève dans les transports, avec

un « service minimum ».

" On ne peut tolérer ces prises d'otages ", " L'usager paie, le service doit

lui être rendu ", " C'est une honte pour un service public "... telle est la

rengaine des journaux télévisés à chaque grande grève, à travers des «

micro-trottoir » convenus.

« Celles et ceux qui défendent si fortement les usagers en cas de grève des

transports sont les mêmes qui depuis des années mènent un combat idéologique

pour que nous renoncions à cette notion d'usagers, c'est-à-dire de

citoyen(ne)s utilisant un service public au profit de celle de " clients ".

La population anglaise n'aurait-elle pas préféré quelques jours sans trains

pour cause de grève des cheminot(e)s à un réseau ferré dans un état

lamentable, où les correspondances ne sont pas assurées pour cause de

concurrence, et avec un niveau de sécurité particulièrement dangereux comme

l'ont malheureusement prouvé de nombreux accidents ? » s'interroge à juste

titre « l'Alternative libertaire ».

« Pour les usagers des transports, le vrai service minimum existe déjà :

celui que la SNCF leur impose quotidiennement. Ce ne sont pas les grèves des

cheminots qui sont la cause des tracas quotidiens subis par les usagers mais

le démantèlement progressif du service public, la diminution des crédits

affectés à la sécurité.

Ce que les usagers des transports refusent c¹est l'accumulation des retards,

les arrêts injustifiés, les pannes, les agressions. Les usagers des

transports veulent en finir avec cette véritable souffrance au quotidien.

C'est en autres pour cette raison qu'ils ont soutenu par procuration les

grèves des transports en 1995 ou ce printemps menées par les cheminots qui

défendaient l'intérêt général, le service public, la sécurité sociale ou le

droit à la retraite.

Tous les sondages, toutes les enquêtes montrent que les Français soutenaient

ces grèves. La droite et une grande partie des médias ont depuis longtemps

galvaudé une expression : les « usagers pris en otage ».

«Non, quand les

cheminots font grève, ils ne prennent pas le public en otage, ils défendent

une liberté fondamentale écrite dans notre Constitution : le droit de grève.» plaidait fort justement Noël Mamére le 9 décembre 2003 à l'Assemblée

nationale.

Gérard Filoche

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