GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Qu'est-ce que l'OIT

Un « G 183 »

L’Organisation internationale du Travail (OIT) est l’institution des Nations

Unies qui a pour mission d’améliorer l’accès des hommes et des femmes à un

travail décent et productif, dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité

et de dignité. Ses principales tâches consistent à promouvoir les droits au travail,

encourager la création d’emplois décents, développer la protection sociale

et renforcer le dialogue dans la recherche de solutions aux problèmes du

monde du travail.

L’OIT est la seule institution «tripartite» des Nations Unies en ce sens que ses

politiques et programmes sont élaborés conjointement par des représentants

des gouvernements, des employeurs et des travailleurs.

L’OIT est l’institution mondiale qui est chargée d’élaborer des normes internationales

du travail et d’en contrôler l’application. Ainsi, avec ses 183 Etats

Membres, elle veille à ce que les normes du travail soient respectées dans la

pratique mais aussi comme principes.

90 ans d’histoire de l’OIT

La fondation de l’OIT, en 1919 dans le cadre du Traité de Versailles qui a soldé

la première guerre mondiale, s’appuyait sur la conviction qu’il ne saurait y

avoir de paix universelle et durable sans justice sociale. Les fondateurs de

l’Organisation voulaient humaniser les conditions de travail et combattre l’injustice,

le malheur et la pauvreté. En 1944, en une toute autre période internationale,

les Etats Membres de l’OIT réaffirmèrent cette volonté en adoptant la

Déclaration de Philadelphie, dans laquelle ils ont souligné que le travail n’était

pas une marchandise et défini des droits humains et économiques fondamentaux

répondant au principe selon lequel «la pauvreté, où qu’elle existe, constitue

un danger pour la prospérité de tous».

En 1946, l’OIT est devenue la première institution spécialisée de

l’Organisation des Nations Unies, qui venait d’être créée. Et en 1969, à l’occasion

de son 50e anniversaire, elle reçut le prix Nobel de la paix.

L’arrivée de nombreux pays membres au cours des décennies qui suivirent la

Seconde guerre mondiale entraîna de grands changements. L’OIT organisa des

programmes d’assistance technique à l’intention des gouvernements, des travailleurs

et des employeurs du monde entier et plus particulièrement des pays

en développement. Dans des pays comme la Pologne, le Chili et l’Afrique du

Sud, l’appui – même trop limité et controversé – qu’elle apporta à la défense

des droits syndicaux contribua à faire progresser la lutte pour la démocratie et

la liberté.

En 1998, autre date importante pour l’OIT, les délégués à la Conférence internationale

du Travail adoptèrent la Déclaration relative aux principes et droits

fondamentaux au travail qui traitent de la liberté syndicale, du droit de négociation

collective, de l’élimination du travail des enfants, du travail forcé et de

la discrimination dans l’emploi. La Déclaration précise que si l’observation de

ces principes et droits fondamentaux est importante, c’est parce qu’elle donne

aux individus la possibilité de «revendiquer librement et avec des chances

égales, leur juste participation aux richesses qu’ils ont contribué à créer, ainsi

que de réaliser pleinement leur potentiel humain». A l’échelle de la mondialisation

financière et néo libérale, c’est un point de résistance.

Depuis sa fondation, l’OIT s’efforce de définir et de garantir les droits des travailleurs

ainsi que d’améliorer les conditions de travail en mettant en place un

système de normes internationales du travail. Ces normes se présentent sous la

forme de conventions, de recommandations et de recueils de directives pratiques.

A ce jour, l’OIT a adopté plus de 180 conventions et plus de 190 recommandations

qui couvrent tous les aspects du monde du travail. Récemment, le

Conseil d’administration a passé en revue cette législation internationale du

travail et considéré que sur toutes les conventions adoptées avant 1985, plus de

70 étaient encore applicables aujourd’hui dans leur intégralité et que les autres

devaient être révisées ou retirées. En tout, une douzaine de recueils de directives

pratiques ont été publiés. Ces directives, qui portent sur des questions

aussi différentes que le congé de maternité ou la protection des migrants,

jouent un rôle important dans l’élaboration des législations nationales. Un

mécanisme de contrôle permet de veiller à ce que les normes soient mises en

application par les Etats Membres qui les ont ratifiées et ceux-ci peuvent bénéficier

des conseils de l’OIT pour la formulation de leur législation nationale du

travail.

En adoptant la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au

travail en 1998, les Etats Membres de l’OIT se sont engagés à respecter un

ensemble de normes fondamentales du travail, qu’ils aient ou non ratifié les

conventions correspondantes. Ces normes sont celles qui consacrent les droits

fondamentaux de l’homme et les principes sur lesquels repose le travail décent.

Pour l’OIT, la liberté syndicale

est un des socles

du progrès économique et social

Au moins 12 millions de personnes seraient victimes du travail forcé un peu

partout dans le monde. Environ 10 millions d’entre elles sont exploitées non

pas directement par des Etats mais dans des entreprises privées. L’OIT estime

à 32 milliards de dollars le montant annuel des profits tirés du travail des victimes

de la traite des être humains.

Il existe différentes formes de travail forcé parmi lesquelles la servitude pour

dette, la traite des êtres humains et autres formes d’esclavage moderne.

Les plus vulnérables en sont les victimes: femmes et filles contraintes à la prostitution,

migrants pris au piège de la servitude pour dette et ouvriers d’ateliers

clandestins ou d’exploitations agricoles qui travaillent pour rien ou presque,

retenus dans ces endroits par des moyens totalement illégaux.

L’OIT s’attaque au travail forcé et à ses causes depuis sa fondation, action

qu’elle a intensifiée par la suite en se dotant d’un Programme d’action spécial.

Avec les travailleurs, les employeurs, la société civile et d’autres organisations

internationales, elle lutte contre tous les aspects de ce fléau, que ce soit par des

mesures de prévention telles que l’amélioration des conditions d’existence

dans les communautés dont sont originaires les victimes ou en portant assistance

aux travailleurs affranchis. Dans le cadre des projets qu’elle met en place

pour ce faire, elle propose des microcrédits, crée des possibilités de formation

et facilite l’accès à l’instruction.

De plus, l’OIT réclame l’adoption de législations nationales efficaces et de

mécanismes d’application plus stricts comportant des sanctions juridiques et

l’engagement de poursuites énergiques contre ceux qui exploitent des travailleurs

forcés. Enfin, en sensibilisant l’opinion publique, elle expose au

grand jour ces atteintes aux droits de l’homme et des travailleurs.

L’OIT s’attaque

au travail forcé sous toutes ses formes

Des millions de personnes sont victimes de discrimination dans le monde du

travail. Non seulement cette discrimination est une atteinte à l’un des principaux

droits de l’homme mais elle a également des conséquences sociales et

économiques.

La discrimination entrave le développement car elle gaspille le talent humain

nécessaire au progrès économique et elle accentue les tensions et les inégalités

sociales. Vaincre la discrimination est indispensable pour parvenir au travail

décent mais les effets de cette victoire débordent largement le monde du travail.

L’OIT combat la discrimination dans tous ses domaines d’action. Par

exemple, lorsqu’elle défend la liberté syndicale, elle cherche à prévenir la discrimination

envers les membres et les dirigeants des syndicats. Par le biais de

ses programmes de lutte contre le travail forcé et le travail des enfants, elle

vient en aide aux filles et aux femmes qui sont contraintes de se prostituer ou

de travailler comme domestiques. La non-discrimination est l’un des principes

directeurs de son recueil de directives pratiques sur le VIH/sida et le monde du

travail. Ses recommandations sur la législation du travail préconisent l’adoption

de dispositions interdisant la discrimination.

De même, la question de l’égalité des hommes et des femmes fait partie intégrante

de toutes les activités de l’OIT en raison des nombreux problèmes auxquels

se heurtent, de façon persistante, les femmes sur le marché du travail.

Aujourd’hui encore, les femmes gagnent moins que les hommes car elles occupent

les emplois les plus mal rétribués et les plus précaires et constituent la

majorité des travailleurs qui exercent des activités informelles, atypiques et

non rémunérées. L’OIT cherche à augmenter les débouchés professionnels des

femmes, à améliorer les conditions de travail et à éliminer la discrimination

entre les sexes. Elle encourage l’entrepreneuriat féminin par le biais de services

de soutien, de l’aide à la création d’entreprise, de la formation, du microcrédit

et de la diffusion de bonnes pratiques.

Enfin, elle aide les organisations de travailleurs à mieux faire respecter les

droits des femmes dans le monde du travail et à valoriser le rôle des femmes

au sein des syndicats et dans la société tout entière.

Selon l’OIT, la discrimination entrave

le développement en gaspillant le talent humain

A une époque où le chômage mondial a atteint son niveau le plus élevé de tous

les temps, il est plus que jamais nécessaire de placer l’emploi au coeur des politiques

économiques et sociales. De plus, l’ampleur de la pauvreté, même parmi

ceux qui travaillent, prouve bien que le nombre d’emplois productifs et décents

reste très insuffisant.

Le rythme insuffisant de création d’emplois décents dans le monde démontre

la nécessité d’une coordination plus étroite des politiques macroéconomiques

à l’échelle internationale et des politiques pour l’emploi à l’échelle nationale.

L’emploi productif et librement choisi est au coeur du mandat de l’OIT et celleci

oeuvre avec détermination en faveur du plein emploi. Pour ce faire, elle définit

des mesures susceptibles de contribuer à la création d’emplois durables ou

de revenus décents. Ces mesures sont formulées dans l’Agenda global pour

l’emploi, élaboré par les trois mandants de l’Organisation. L’OIT réalise des

travaux de recherche et participe aux débats internationaux sur les stratégies

pour l’emploi.

L’OIT est particulièrement préoccupée par le chômage massif des jeunes (près

de la moitié des chômeurs de la planète sont des jeunes), auquel elle tente de

remédier en conseillant les gouvernements ainsi que par des activités concrètes

de formation et d’aide à l’emploi.

L’OIT a fait oeuvre de pionnière par ses analyses et son action dans le domaine

de l’économie informelle. L’expression «économie informelle» désigne le

travail effectué en marge de la législation, qui échappe au contrôle gouvernemental.

Dans de nombreux pays en développement, plus de la moitié de la

main-d’œuvre non agricole travaille dans l’économie informelle.

La plupart des femmes de ces pays exercent une activité informelle, souvent

comme vendeuses de rue. En règle générale, le travail informel est improductif,

précaire, mal rétribué et pénible. Aider les employeurs et les travailleurs à

sortir de l’économie informelle exige la mise en place de stratégies complémentaires

visant à élever les niveaux de qualification et de productivité, à améliorer

la législation et son application ainsi qu’à créer des institutions

autonomes. Deux publications régulières de l’OIT – le Rapport sur l’emploi

dans le monde et les Indicateurs clés du marché du travail – analysent les tendances

et contiennent une foule de données statistiques.

L’OIT apporte assistance et conseils techniques dans des domaines aussi variés

que la formation et l’amélioration des compétences, le microfinancement et le

développement de la petite entreprise. Elle a aidé les pays qui sont passés d’une

économie planifiée à l’économie de marché à élaborer leur politique de l’emploi,

du marché du travail et des ressources humaines. En outre, elle promeut

l’investissement à forte intensité d’emploi dans les pays en développement.

IL EST PLUS QUE JAMAIS NÉCESSAIRE

DE PLACER L’EMPLOI AU COEUR

DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

La majorité des hommes et des femmes ne bénéficient pas d’une protection

sociale adéquate. Ils sont exposés à des dangers sur leur lieu de travail et, lorsqu’ils

ont une pension de retraite et une assurance maladie, celles-ci ne les protègent

pas correctement. Les périodes de repos sont parfois insuffisantes et

beaucoup de femmes n’ont droit à aucune prestation de maternité. Selon les

normes internationales du travail et selon les Nations Unies, la protection

sociale est un droit fondamental. De plus, un régime de sécurité sociale bien

conçu améliore les résultats économiques et donc la compétitivité. L’OIT s’est

donné pour mission d’aider les pays à garantir la couverture de tous les groupes

sociaux, à améliorer les conditions de travail et à renforcer la sécurité au travail.

Sécurité sociale. Seulement 20 % de la population mondiale bénéficie d’une

couverture sociale correcte et plus de 50 % n’en a aucune. La répartition géographique

reflète les niveaux de développement économique: moins de 10 %

des travailleurs des pays les moins avancés bénéficient d’une sécurité sociale,

pourcentage qui varie entre 20 et 60 % dans les pays à revenu intermédiaire,

pour avoisiner les 100 % dans la plupart des pays industriels. La sécurité sociale

comprend l’accès aux soins médicaux et la garantie de revenu, en particulier

pour les personnes âgées et en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, d’accident

du travail, de maternité ou de disparition du soutien de famille.

L’OIT S’EST DONNÉE POUR MISSION

D’AIDER LES PAYS À GARANTIR

UNE PROTECTION SOCIALE POUR TOUS

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