GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Au Parti socialiste

Pour un congrès politique, vite !

Nous avons refusé lors du Conseil national du Parti socialiste de voter une résolution qui pérennise la soi-disant « direction collégiale provisoire ». Notre camarade Gérard Filoche a pris la parole pour proposer une réorientation et une reconstruction qui passe par une opposition et un combat contre Macron et sa politique. Ci-dessous son intervention.

Un camarade avant moi posait la question « le PS existe-t-il encore ? ». La réponse est « oui ». Et notre tâche est de sauver ce PS, notre parti, sa disparition serait une perte historique lourde pour la gauche entière.

Mais pour le sauver, ce ne sont pas des questions de fonctionnement qu’il faut mettre en avant, ni évoquer des statuts.  Ce ne sont pas des divisions internes qui ont provoqué le désastre du quinquennat, c’est la politique du quinquennat qui a provoqué des divisions internes.

Pour nous relever, c’est un bilan politique qu’il faut mettre en avant et une réorientation sur la base des grands fondamentaux du socialisme. Ce n’était pas le choix de la « feuille de route » ni de la « direction collégiale provisoire » depuis le 8 juillet.

908 votants sur 6578 dans la fédération de Paris, dont 10 % de « non » et 10 % de « nuls », c’est comme partout c’est-à-dire entre 80 et 90 % des militants n’ont pas voté ce « quizz » administratif. Un record.

Normal, ça ne les concernait pas.

C’est une erreur et un grave échec de plus de la direction dite "collégiale provisoire". Ce n’est pas faute d’avoir prévenu, on vient de perdre 2 mois et demi.

Il paraît qu’il y a entre 6 et 10 participants en fait dans cette direction pléthorique de 28 ou de 16 personnes, on ne sait même pas. Tout comme au BN où il y a autour d’une douzaine ou quinzaine de participants en moyenne. J’ai proposé de fusionner les deux pour qu’il y ait un peu de monde, et après tout un Bureau national, c’est fait pour diriger une organisation, non ? Et puis « collégial », ça ne veut pas dire fraction muette, ça veut dire respect des décisions et direction inclusive, alors pourquoi sur le texte qu’on nous distribue, y a-t-il un nom rajouté, qui n’y était pas, ni lundi, ni hier soir, ni ce midi lorsque nous étions réunis ?

Je propose la direction au BN élu, à la proportionnelle, issu des motions du dernier congrès, et un partage des tâches en son sein. Et vite un congrès.

Pour nous reconstruire, il faut combattre Macron. Il faut vaincre Macron !  C’est la clef du retour de la gauche. Pas voter ni s’abstenir sur la « confiance ». Ni sur l’état d’urgence. Il faut être des opposants résolus, au premier rang, vigoureusement, en entraînant la gauche dans ce combat.

Le PS est  soupçonné à juste titre d’hésitation, de complicité vis-à-vis de Macron – à juste titre vu le nombre de responsables ex-socialistes qui sont allés vers lui ou ont été aveugles à son égard. Macron était déjà un poison dans le quinquennat précédent. Il était déjà pour beaucoup dans le CICE, dans la loi El Khomri qu’il voulait pire encore et c’est ce qu’il fait avec les ordonnances.

Pourtant c’était facile de savoir qui était cet homme et ce qu’il défendait : l’argent, les banques, le CAC 40, le Medef.

C’était un ennemi, notre ennemi, celui de la gauche, celui des salariés, c’était Thatcher, d’ailleurs il disait son admiration pour elle. Ça fait bien longtemps que je vous le répète. Il fallait ouvrir les yeux, Macron, il suffisait de le lire pour comprendre qu’il était ultra-libéral, pas du « centre », extrémiste sur le plan économique et social. Il annonçait qu’il briserait notre modèle social, celui qui existe depuis 1945 et le CNR. Il ne fallait pas se laisser aveugler, tétaniser, fasciner par son libéralisme qui n’a rien de moderne, qui est très archaïque. Il ne fallait pas dire qu’on souhaitait sa réussite, non, on souhaite le battre !

Le chômage continue d’augmenter, la misère et les inégalités avec, ça fait mal partout dans le pays, Macron s’en moque, il aggrave l’austérité, c’est le président des riches et super riches. Il mène la lutte de classe pour l’oligarchie, les actionnaires et contre la majorité qui travaille et qu’il méprise qu’il traite de « fainéants », de gens de « rien ».

Il l’a dit : « Je ne suis pas là pour défendre les jobs existants ». Evidemment, il ne défend pas les salariés d’Alstom, ni des Chantiers navals, ni de MN&S, ni ce qu’il appelle la « vieille économie », il défend la France des « start up », Uber et Deliveroo. Il veut une société sans statuts, ni du privé, ni de la Fonction publique. Il fait le plus grand plan social de 150 000 emplois aidés (le Parti a raison de reprendre ma proposition de faire un grand comité national de lutte à ce sujet).

Macron supprime les cotisations sociales et toute notre protection sociale qui va avec, ce qu’on ne dénonce pas assez. Je ne cesse de le dire, seul, mais le PS tout entier devrait le faire : c’est un hold-up de 470 milliards pour le compte du seul patronat. Il faut protéger les salaires bruts et les caisses sociales, pas baisser le coût du travail,  ni étatiser la sécu

Alors les ordonnances « oubliées » dans le projet de texte ?  Macron casse 100 ans de code du travail.  Et il ne rend compte à personne, il est irresponsable et dangereux, son parti croupion « En marche » n’existe pas, c’est du bidon. Alors oui, il faut combattre les ordonnances anti travail.

Il faut appeler à manifester le 10 octobre et combattre la casse de tous les droits dans les 97 % des entreprises de moins de 50 salariés, 50 % des salariés, au total, cette casse est faite dans l’intérêt des grosses entreprises donneuses d’ordre qui externalisent et qui siphonnent les profits. Il ne faut pas accepter la casse des prud’hommes, pas accepter la casse des CE/DP/CHSCT, pas accepter la facilitation des licenciements quasiment sans motif. Pas accepter l’ubérisation.

Mais pour faire cela, vous avez raison sur un point que vous avez tous souligné : il ne faut pas seulement s’opposer, il faut PROPOSER.

Etre une « gauche responsable » ? Mais alors proposons : si on est contre faciliter les licenciements, alors proposons de contrôler les licenciements.

Pourquoi on ne le fait pas ?

Si on est contre les scandaleux plafonnements des indemnités prud’homales et la casse des prud’hommes, alors, défendons le rétablissement de la justice contre les patrons voyous, délinquants, qui licencient abusivement.

Rétablissons les élections prud’homales et leur bon fonctionnement pour les salariés victimes.

Alors reconstruisons la médecine du travail, les IRP, et reconstruisons des CHSCT dignes de ce nom, partout, dans les entreprises de plus de 20 salariés, avec une personnalité juridique, une élection, le droit à la formation, un budget, car c’est nécessaire, les accidents du travail augmentent, il y a 600 morts par an, 4500 handicapés du travail.

Disons qu’on va augmenter le Smic et taxer les dividendes, et on réentendra à nouveau les socialistes !

La France n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal réparties. Macron dit qu’il faut « d’abord » produire les richesses, toujours le même baratin, mais elles sont là, tout comme elles étaient là déjà en 2012. Et c’est dans un pays où on les redistribue que ça marche mieux.

Mieux vaut regarder vers le Labour party, de Jeremy Corbyn ou le Portugal de gauche que vers le SPD comme vous le proposez, vous savez Merkel avait été battue le 22 septembre 2013, elle avait 8 députés et 800 000 voix de moins, mais le SPD a préféré gouverner il y a 5 ans avec Merkel qu’avec la gauche Die Linke et Die Grünen. Il en paie le prix aujourd’hui, il est en déroute. Alors qu’au Portugal, ça marche parce qu’il y a une unité PCP, PSP, et le bloc de gauche et qu’ils ont opté pour une relance, pour les 35 h, la Fonction publique, la réforme fiscale et bancaire. Ils s’opposent à l’UE et ça semble marcher !

Revenons aux 35 h et aux 32 h et aux durées maxima du travail, 48h comme en Europe. Reconstruisons un code du travail, disons-le, soyons opposants et proposants, comme vous le prétendez tous. Parlons aux salariés, aux employés, aux ouvriers de ce pays, car après tout, outre que ce sont des électeurs que nous avons perdus, ce sont eux qui produisent les richesses et n’en  reçoivent pas la part qu’ils méritent.

 

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