GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Economie Théorie Histoire

Pierre Lambert (1920-2008)

Pierre Boussel-Lambert, né en 1920, dirigeant du Parti des travailleurs vient de mourir. Il fut militant des Jeunesses communistes en 1934/35, entra au Parti Socialiste en 1935 pour y rejoindre la tendance “gauche révolutionnaire” de Marceau Pivert et le suivit dans la création du PSOP en 37, puis rentra au PCI trotskiste en 1938. (CF Le Maitron dictionnaire du mouvement ouvrier) .

Militant de la CGT clandestine, il fut un des animateurs de sa fédération métaux RP. Entré à la Sécu, exclu de la CGT, il militera à Force Ouvrière et y animera jusqu'en 1969 une minorité “ l’Unité” avec des anarcho-syndicalistes.

Dirigeant du « secteur ouvrier du Parti Communiste interna-tionaliste » il en deviendra le principal dirigeant à partir de 1955 en y imposant des méthodes musclées en une période où le stalinisme du PCF, tentait physiquement d’interdire tout courant politique qui ne se prosternait pas devant le petit père des peuples.

Le miel des idées qu’il défendait (solidarité avec les militants emprisonnés dans les dictatures staliniennes et d’Amérique Latine, solidarité internationale, défense de la laïcité, défense de l’indépendance des syndicats, défense de la Sécu et des acquis ouvriers, politique d’unité des organisations ouvrières, de « front unique », lutte pour un gouvernement PCF/PS) était sans cesse “gâté” par le sectarisme de groupe, qui subordonnait toute politique unitaire à la construction de son organisation et de son petit appareil, en cherchant à “cliver” artificiellement les cadres unitaires pour “recruter”.

Proférant la nécessité de “combattre le stalinisme avec les méthodes du stalinisme” l’OCI/PCI/PT faisait régner le monolithisme en son sein. Toute tendance déclarée en son sein jouissait du droit de publication de son texte et se voyait vouée à l’exclusion avant, pendant ou après le Congrès suivant. Le pire arriva avec l’exclusion d’un dirigeant de l’OCI en 1973, Michel Varga et de ses amis, après un procès en sorcellerie où il fut accusé d’être agent du KGB et de la CIA en même temps : le SO poursuivit les militants de cette petite organisation d’une violence physique digne des nervis staliniens.

A partir de 83, Lambert abandonna toute politique d’unité de la Gauche, déclarant le Parti Socialiste, parti de droite et renvoyant dos à dos PS et RPR de l’époque. Cette nouvelle politique amena à une suite d’oppositions internes successives qui toutes furent exclues, provoquant l’explosion du noyau dirigeant (avec l'expulsion de Charles Berg en 79, puis de Stéphane Just, de Pierre Broué, Bardon, Langevin, Carasquedo, Panthou, Revol ....) et la main mise unique et renforcée de Lambert sur son organisation.

On parle aujourd’hui beaucoup de Lambert et du « lambertisme » depuis qu’il fut découvert que du milieu des années 1960 à 1987 (dit-on) Lionel Jospin fut membre de l’OCI. En fait la politique de Lambert outre la construction d’une main de fer de son organisation, consistait en une politique de réseaux d’influence que ce soit dans la franc maçonnerie, dans la FEN, dans FO, dans le Parti Socialiste ou dans la LCR.

Lambert explique l’adhésion au Parti Socialiste de Lionel Jospin dans “Itinéraires (un dialogue avec Daniel Gluckstein : « Jospin a adhéré à l’OCI » pour « construire une organisation se fixant pour tâche et objectif d’aider le prolétariat à s’émanciper par ses propres moyens. Jospin est entré au PS pour appuyer la politique de rupture avec le capitalisme » (ligne du PS de 1971 à 1983). « Le militant Jospin faisait sien l’objectif défini par Marx aider le mouvement de la classe pour réaliser ses intérêts sous une forme générale». Auparavant il précise que « ce n'était pas une taupe ».

Si de nombreux dirigeants et militants socialistes viennent du lambertisme (Cambadélis, Mélenchon, Revol, Stora…) ou de la LCR (Filoche, Weber, Dray, Bel, Glavany, Rebsamen, Moscovici, Alliés) c’est que l’OCI et LCR étaient dans les années 60 et 70 de véritables Universités des militants de gauche, où l’on apprenait les histoires des idées et des luttes du mouvement ouvrier sur tous les coins de la planète.

Henri Weber disait à Paris-Match en 2001: « Avoir un passé trotskyste, c’est posséder le goût de l’histoire, mais c’est aussi avoir une grande capacité d’organisation en général. Quelqu’un qui a un passé marxiste a cela de supérieur à un énarque qu’il a du fond, qu’il a débattu » .

En fait la gauche est une seule et même famille, ce sont les mêmes débats dans toutes les organisations grandes ou petites.

Nous à D&S, nous militons pour que les militants de toutes les forces de gauche se retrouvent dans le même parti comme de 1905 à 1914 dans le parti de Jaurès, Guesde et Vaillant.

Pierre Timsit

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