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Paul Levi : lʼoccasion manquée

Jaurès, Lénine, Rosa Luxemburg, Trotski, Largo Caballero, Gramsci... Et Levi ? La mémoire militante a injustement oublié ce révolutionnaire qui, par son envergure politique et morale, soutient pourtant la comparaison avec ces « monstres sacrés » du mouvement ouvrier. Levi fut dans les faits une des figures centrales du mouvement ouvrier international de 1914 à sa mort survenue en 1930.

Ce dirigeant spartakiste, formé à la gauche du SPD dʼavant-guerre, devint bien malgré lui – suite aux meurtres de Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht et Leo Jogisches – le leader du Parti communiste allemand (KPD) entre 1919 et 1921, aux heures les plus tragiques de la révolution. Avocat et amant de Rosa autour de 1914, ami de Lénine quʼil rencontra en Suisse avant les révolutions de 1917, par la suite très estimé d’Albert Einstein, il fut le premier grand hérétique du communisme international et un des ennemis les plus acharnés des nazis – qui le lui rendaient bien ! –, à une époque où bien peu de gens avaient entrevu leur dangerosité foncière.

Fait significatif : à l’annonce de sa mort brutale en 1930, la minute de silence observée au Reichstag en sa mémoire a été altérée par les huées venant du groupe parlementaire nazi…, mais aussi par les insultes proférées depuis les bancs communistes ! Les nazis et les staliniens se retrouvaient dans une haine inexpiable pour ce révolutionnaire profondément unitaire, dont la droiture politique et morale était reconnue même par ses adversaires du camp bourgeois. Décidément, Levi n’avait rien d’un second couteau...

Va pour l’oubli. Mais pourquoi s’intéresser à ce pestiféré ?

Tout simplement parce que Levi avait eu raison avant tout le monde. Notamment sur l’échec de la Révolution de 1917 à s’exporter à brève échéance et, en conséquence, sur la subordination accélérée de la IIIe Internationale aux intérêts de l’État dit « soviétique ». Il avait du même coup aperçu que les scissions entre PS et PC ne sauraient déboucher sur l’écrasement du premier au profit du second en voie de bureaucratisation accélérée et que la classe ouvrière devrait – dans chaque pays et pour un temps indéterminé – faire avec deux partis imparfaits dont aucun n’était vraiment le « sien ». Fait fondamentalement nouveau à l’époque, mais qui est resté jusquʼà aujourd’hui la donnée fondamentale du combat pour l’émancipation !

Exclu de l’Internationale communiste en 1921 pour avoir eu raison trop tôt, Levi poursuivit son combat dans la « vieille maison ». Ce combat, c’était évidemment celui de l’unité des partis ouvriers. Lui qui fut l’un des inspirateurs du front unique dans les rangs communistes, il tenta, après son éviction du KPD, de promouvoir au sein du SPD cette politique permettant, par la réalisation concrète de mots d’ordre unitaires, de surmonter la division entre « réformisme » socialiste et « sectarisme » communiste. Et de barrer, par là-même, la route à lʼextrême droite.

Permettre de se réapproprier ce nécessaire héritage, tel est l’objet de ce petit livre.

« Cʼétait une erreur de croire que quelques troupes dʼassaut du prolétariat pouvaient remplir la mission historique qui est celle du prolétariat ; [...] seul lʼensemble de la classe prolétarienne de la ville et de la campagne peut sʼemparer du pouvoir politique. » (novembre 1919)

« Cʼest en Allemagne que se décidera le sort de la révolution mondiale [...] parce que, même après la révolution du 9 novembre, la bourgeoisie allemande est demeurée aussi dangereuse quʼauparavant, par son talent dʼorganisation, sa puissance et sa brutalité […]. Cʼest à cause du danger que constituent pour la révolution mondiale le militarisme allemand et la bourgeoisie allemande que nous considérons lʼAllemagne aujourdʼhui comme le cœur de la révolution mondiale, le terrain sur lequel se décidera son destin. » (avril 1920)

« Le pouvoir politique ne consiste pas dans lʼoccupation de sièges et lʼobtention de voix au Parlement, mais bien dans lʼactivité des masses populaires. » (septembre 1923)

L'ouvrage de nos camarades Jean-François Claudon et Vincent Présumey  "Paul Lévi : l'occasion manquée" est à commander à Jean-François Claudon 85 rue Marceau 93100 Montreuil (chèque de 7 euros à l'ordre des Editions de Matignon).

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