Pas de crime sans châtiment !
L’horreur suscitée par le massacre
israélien à Gaza fera-t-elle place au
silence honteux et complice ? Tout
doit être fait pour empêcher cette
nouvelle infamie. Il faut donc inlassablement
d’abord rappeler que les
exactions de l’armée de l’État agresseur
constituent bel et bien ce que le
droit international appelle explicitement
des crimes de guerre.
La première des infractions réside
incontestablement dans la punition
collective d’une population condamnée
à l’enfermement, à la disette et au
désespoir, pour avoir démocratiquement
élu une direction à l’origine
encouragée, puis non reconnue par le
gouvernement israélien. Cette sanction
est en opposition directe avec la
4e convention de Genève, qui déclare
que « les punitions collectives sont
strictement interdites ».
L’acquiescement des Etats-Unis, servilement
suivis par l’Union européenne,
constitue un scandaleux appui à ce
mépris d’une convention pourtant
signée par Israël.
L’opération « Plomb durci » lancée le
27 décembre 2009 aggrave considérablement
la situation et s’accompagne
d’un bain de sang : plus de 1400 tués,
parmi lesquels près de 400 enfants,
plus de 100 femmes, et une vingtaine
de membres du personnel médical,
indiquent le peu de cas de la vie
humaine que fait « l’armée la plus
morale du monde » (sic). Jamais une
agression militaire n’a fait une telle
proportion de victimes civiles, sans
que cela paraisse gêner outre mesure
les représentants des grandes puissances.
Il ne s’agit pas seulement des victimes
de bombardements par l’aviation ou
les artilleries maritimes et terrestres.
La densité de la population sur une
surface réduite les rendait inévitables.
Mais il y a pire : plusieurs témoignages
font en effet état d’assassinats
délibérés de civils commis par les
forces d’agression (1) . Israël avait pris
soin d’interdire la zone à toute couverture
journalistique.
L’emploi d’armes prohibées s’avère
moins dissimulable : alors que les
opérations de déminage consécutives
à l’emploi de bombes à fragmentation
lors de la guerre des 33 jours au Liban
ne sont toujours pas achevées, l’utilisation
à Gaza de bombes au phosphore
blanc contre
des civils (c’est un
non sens de parler de
« frappes chirurgicales
» en un lieu si
densément peuplé)
est confirmée par des
médecins étrangers
présents sur place. Il
est vrai qu’Israël n’a
pas signé le protocole
additionnel de 1983
interdisant l’emploi
d’armes incendiaires
contre des civils.
D’autres témoins font
par ailleurs état de l’emploi d’armes
nouvelles, en quelque sorte testées in
vivo (2). Mais pourquoi s’embarrasser
de limitations alors que les diplomaties
acceptent presque sans broncher
des actes de guerre contre leurs
propres représentations ?
Dans ce cadre s’inscrivent non seulement
des tirs de semonce contre des
convois humanitaires dûment identifiés,
mais la destruction de lieux de
refuges déployant ouvertement le sigle
de l’ONU (écoles) ou encore d’hôpitaux
et de réserves de médicaments,
ainsi que la frappe du quartier général
de l’agence de l’ONU pour les réfugiés
à Gaza(3). L’arrogance israélienne,
en l’absence de toute sanction effective,
n’a guère besoin de se brider.
Après les opérations militaires, les
opérations civiles font preuve d’une
cruauté tout aussi impitoyable :
entraves répétées à l’aide humanitaire
et à la reconstruction (une station
d’eau potable française a ainsi été
refoulée, les matériaux nécessaires à
la remise en état des infrastructures
civiles ne passent qu’au compte-goutte).
La France annule cependant une
mission d’aide médicale, tout en
envoyant un navire de guerre à l’aide
de la marine israélienne, laquelle
n’hésite pas à attaquer et confisquer le
« Bateau de la fraternité » chargé
notamment de médicaments ! (4)
Les crimes de guerre israéliens ne doivent
pas rester impunis. Richard Falk,
rapporteur de l’ONU sur les droits des
Palestiniens, expulsé d’Israël le 9 janvier,
n’hésite pas à parler de crimes
contre l’humanité, et pose clairement
la question : « Un procès de
Nuremberg contre les criminels de
guerre israéliens ? Juridiquement et
moralement, pourquoi pas ? »
Une femme journaliste palestinienne
a pris l’initiative de publier noms et
photos des commanditaires du massacre
et des responsables de son exécution
:
www.info-palestine.net (consulté le 8 février 2009) .
Israël s’en irrite et prend la menace au
sérieux : il recommande en effet à ses
officiers de ne pas se rendre dans certains
pays afin d’éviter arrestations et
mises en examen. Puisse cette crainte
s’avérer justifiée !
Et comment ne pas citer cet avis de
recherche diffusé sur internet :
Wanted : Israelis War Criminals
(consulté le 8 février 2009) ?
La question des complicités s’ensuit
tout naturellement. Ainsi que le titre
une tribune libre publiée dans
L’Humanité le 31 janvier, « Les crimes
de guerre d’Israël doivent être jugés
ainsi que leurs complices : Sarkozy,
Kouchner, où serez-vous ? [[ Tribune libre] »
Philippe Lewandowski
(1): Lire par exemple : « L’armée israélienne est en
accusation » / Pierre Barbancey
, consulté le8 février 2009. (retour)
(2): Selon deux médecins norvégiens
, consulté le 8 février 2009. (retour)
(3): La dépêche, consulté le 8 février 2009. (retour)
(4): CAPJPO Europalestine ,
consulté le 8 février 2009. (retour)