GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

Parler vrai, oui, parler faux, non

Il est exact que l'accroissement de la violence, des incivilités et de l'insécurité chez des jeunes des quartiers populaires (mais pas seulement) est un phénomène grave qui touche toute l'Europe et qui nous pose question pour plusieurs raisons :

Les habitants les plus pauvres et les plus vulnérables sont lassés de ce climat qui gâche la vie et sont effectivement demandeurs d'ordre et de sécurité ; cette demande n'est pas identique à celle des habitants des beaux quartiers qui, eux, expriment en plus des souhaits ségrégatifs et parfois xénophobes.

Cette question est ancienne et la gauche s'y est attaquée à la fois au niveau national (Chevènement) et surtout au niveau local ; attention, il y a eu des réussites, mais, faute de continuité, aucun résultat spectaculaire.

Ecoutons non seulement les habitants, mais aussi les jeunes. Voila un extrait au hasard d'un blog récent du 94 :

Je dis que la violence rime avec souffrance.

Je dis que l'insolence rime avec inconscience.

La pauvreté pousse à faire des conneries, mais rien n'est fait sans raison.

Depuis tout petit, je vais, j'entends, je crie, insulte ; aucune explication bonhomme. Si l'amour nous rend aveugle et la vue, c'est la haine qui nous la redonne.

Qui sème le vent récolte la tempête. Ici personne n'aime en même temps, on vit avec ou on a l'accepte.

Les cœurs sont noirs, les esprits sombres, on manque d'espoir. Je m'imagine déjà dans ma tombe, l'obscurité, aucune lumière, dégoûté de la vie, comme un gosse, je pleure dans les bras de ma mère.

Marre de conjuguer le verbe souffrir, marre de subir, d'être sali par les médias et de ne pouvoir rien dire.

Mon prénom : Toufik ; originaire d'Afrique où la richesse est dans le cœur, où l'hospitalité est d'actualité, aucune rancœur où le sang a coulé, où les colonisations n'ont pas été faites à l'amiable. Même pas rancunier car pour vouloir vivre dans la paix, il faut savoir pardonner. La violence existe depuis la nuit des temps.

Les camps de concentration, 300 ans d'esclavage même si c'est peu diffusé à la télévision. Je vis et puis c'est tout. Je dis, j'écris, je parle de tout car je n'ai aucun tabou.

Voilà ce que répond un autre jeune (Lili 20 ans) qui montre bien la maturité de beaucoup

A bas les dégradations

Moi je voudrais parler de ce que je vois tous les jours en bas de chez moi : des dégradations. Je me demande si vous vous rendez vraiment compte de ce que vous faites quand vous cassez une vitrine de panneau d'affichage ou un arrêt de bus ? Savez-vous au moins que ce sont vos parents qui payent ces arrêts de bus ou ces panneaux d'affichages et qui vont payer les réparations ? Ben ouais, les impôts municipaux ça sert à quoi d'après-vous ? Ben voila ça sert à ça. Tous les impôts qu'on paye locaux ou à l'état servent à entretenir les écoles, collèges et lycées, les rues et les infrastructures comme les bancs, les arbres, les fleurs.... Et quand je vois que tous les jours la même vitre est cassée parce que vous avez la haine contre je ne sais pas qui mais pas contre vos parents, et en fait ce sont eux que vous foutez dans la merde parce que s'il y a trop de dégâts, ben l'année prochaine les impôts locaux vont augmentez afin de palier au manque d'argent qu'auront engendrées les dégradations. Je dis que moi aussi j'ai cassé des rétro et tagué sur les murs, mais une fois pour m'amuser, pour voir si j'avais le courage, pour voir ce que ça faisait... Mais je ne l'ai pas refait. Alors je comprends pas où est l'intérêt de faire ça sauf se mettre tout le quartier à dos!!!! Réfléchissez à deux fois avant de casser quelque chose, est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Est-ce que votre mère demain qui va aller à l'arrêt de bus et qui sera sous la pluie parce qu'il aura été brûlé la veille sera contente?

Quant à Gilbert Roger, sympathique maire de Bondy qui a approuvé les propos de notre camarade candidate, voilà ce qu'il déclarait au FALP, il y a seulement deux mois

Dans nos villes, de plus en plus de familles sont confrontées à une insécurité sociale grandissante qui bouleverse le fonctionnement même de la cellule familiale. Certains ne se sont pas gênés lors de la crise des banlieues pour désigner la famille (bien souvent monoparentale) ou les parents en particulier comme coupables, incompétents, irresponsables. La commune de Bondy, avec le soutien d'institutions départementales et régionales vient d'ouvrir une Maison des parents et de la famille dont le rôle est d'accompagner et éventuellement soutenir les familles vers l'acquisition de leur autonomie sociale. Il s'agit aussi de prévenir les déstructurations et de les aider le cas échéant, à gérer les crises et les ruptures intra-familiales.

Mettre en œuvre un Contrat Local de Sécurité, oui, si le Préfet et le Procureur de la République s'engagent ensemble autour d'un plan d'action avec les élus, l'Education Nationale. Nous devons élaborer un travail participatif avec les acteurs locaux concernés. C'est là, un aspect essentiel du processus, gage de la réussite future du contrat.

Nous ne cautionnons aucune violence, ces actes doivent être réprimés et ils l'ont été. Mais attention, en banlieue, on constate qu'il est possible avec une carte d'identité d'être condamné à la prison mais qu'avec cette même carte, il est parfois difficile de passer la porte de l'ANPE pour trouver un emploi.

Bien entendu, les élu(e)s ne peuvent rester aveugles et sourds à cette vague de violence. Nous ne devons pas nous contenter d'agiter la République en étendard et ses valeurs comme remparts à la détresse sociale. La République est passée à côté des banlieues et notre échec est d'abord politique. Les élu(e)s de terrain que nous sommes doivent se battre et agir pour la modernisation, le maintien et la promotion des services publics dans ces quartiers.

Cela n'est pas tout à fait la même chose que ce qui a été dit hier !

Il est aussi vrai que les parents sont en grande difficulté vis-à-vis de leurs enfants qui dérapent ; mais que peuvent le père au chômage et la mère arrivée depuis peu et qui parle à peine français ? Est-ce vraiment la mise sous tutelle des allocations familiales va leur redonner espoir et autorité ou va les exposer à la raillerie des jeunes les plus durs lorsqu'un fonctionnaire les convoquera pour vérifier leurs dépenses?

Quant à l'armée, ne négligeons pas ses capacités d'initiative ; sous l'impulsion de Serge Dassault à Corbeil Essonne, elle a créé, en particulier dans la gendarmerie, mais pas seulement une excellente association d'insertion qui emmène des groupes de jeunes dans des randonnées nature très bien encadrées et très bien animées ; mais tout cela est présenté sous un aspect ludique et de challenge et cela marche ! D'ailleurs, plusieurs communes de gauche ont fait appel à ses services

Ce qu'on attend d'un candidat socialiste qui aspire à de hautes fonctions

D'abord qu'il soit socialiste et qu'il sache choisir ses priorités. Innovons, certes, mais d'abord dans l'éducation, dans le traitement du chômage des jeunes, dans la réforme de la justice, dans les missions et la formation de la police, ... il ne manque pas d'expériences intéressantes à généraliser et de propositions à mettre en oeuvre (voir plus bas). Il ne faut pas manquer non plus, lorsqu'on est dans l'opposition, de signaler que, quand l'injustice est montrée en exemple au sommet de l'Etat, c'est l'ensemble des autorités publiques qui sont discréditées.

Ensuite seulement, on peut parler du traitement de la violence et de la lutte contre l'insécurité car effectivement il faut en parler et surtout faire des propositions.

Il n'est pas interdit de se servir du travail des personnes qui sont chargées de ces questions et qui ont fait des propositions à ce sujet, par exemple trois membres de l'Inspection générale des Affaires Sociales ont fait il y a un an un rapport sur « le travail social auprès des jeunes en difficulté dans leur environnement », travail basé sur l'expérience des travailleurs sociaux et des difficultés qu'ils rencontrent. On pouvait y lire en particulier dans le résumé

La tendance actuelle à assimiler les jeunes en difficulté aux jeunes délinquants fausse le regard sur la réalité de leurs problèmes. La délinquance n'est qu'une facette de la situation de certains mineurs et les problèmes que rencontrent les jeunes sont multiples et souvent cumulatifs : phénomène de bande, ethnicisation des difficultés, rajeunissement de la population concernée par ces difficultés,...

Dans de nombreux cas, les apports éducatifs des activités de médiation et d'animation. Ces actions permettent à la fois l'observation des difficultés individuelles et collectives des jeunes et la lutte contre la marginalisation par le travail qui est fait sur la vision que les jeunes ont d'eux-mêmes et de leurs rapports aux autres.

La mission a émis différentes propositions pour mieux coordonner et former les travailleurs sociaux et les acteurs de terrain. (Les mêmes types de propositions ont été faites pour la police, y compris par un syndicat comme l'UNSA Police).

Ce n'est pas très sexy de faire bien marcher ce qui existe et qui doit être amélioré ; mais ce n'est pas en oubliant notamment les travailleurs sociaux qui sont aujourd'hui au bord de la rupture qu'on résoudra les problèmes qui nous sont posés.

On dispose aussi de nombreuses analyses sociologiques sur la violence urbaine et la délinquance des jeunes. Elles sont riches et nous livrent des pistes d'action intéressantes. Il faut noter d'ailleurs que tous les experts de ces questions sans exception ont indiqué que les propositions de S.Royal étaient inefficaces et/ou inapplicables.

Je suis par ailleurs à votre disposition pour étayer mes propos d'expériences concrètes et réussies réalisées par des municipalités en matière de prévention et de traitement de la délinquance.

Mais, au moment où nous sommes engagés dans une lutte contre l'immigration jetable et contre le projet scélérat de soi disant prévention de la délinquance, alors que la droite a cassé les reins toutes les structures qui en faisaient effectivement, tenir et confirmer sur tous les médias le discours qui a été tenu sans en référer à aucune de nos instances en charge du Projet, ce n'est pas seulement une maladresse, c'est une faute politique majeure. Elle confère peut être à S.Royal une certaine popularité parce qu'elle semble répondre à une des inquiétudes fortes des personnes, et notamment des plus fragiles ; mais elle éloigne nettement la Gauche de la victoire parce qu'elle ne traite pas vraiment le problème de l'insécurité et surtout qu'elle ouvre la voie à des valeurs qui ne sont pas les nôtres et à des confusions politiques regrettables. Ce « populisme de gauche » ouvre une voie (royale évidemment) à tous ceux qui classent le PS de social-libéral à qui on ne peut faire confiance.

Document PDF à télécharger
L’article en PDF

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…