GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Paris 1er arrondissement

L’équipe de gauche, PS, PC et PRG, peut faire basculer à gauche le plus petit arrondissement de Paris. Elle rencontre un écho sans précédent auprès de ses 17 000 habitants qui ont presque toujours voté à droite.

L’UMP de la mairie du 1er arrondissement de Paris sur un siège éjectable ? Incroyable disent les indécrottables pessimistes ! Les scores des présidentielles et législatives étaient encore favorables à la droite l’année dernière donc rien n’est joué, mais... Si l’atmosphère de la campagne municipale montre dans le 1er que le truquage et la corruption comme mode de gestion ont aussi fait leur temps, il y a, là comme partout, une exigence de plus grande clarté contre les mesures de destruction sociale du gouvernement.

En tête de liste du cœur de Paris une femme, jeune, noire, originaire de Sarcelles, briguant la place du fils d’un ancien maire de l’arrondissement, blanchi sous le harnais de la machine de guerre de Chirac, puis responsable des comptes de Tibéri, semblait un pari insensé. Pourtant l’accueil est chaleureux, étonné parfois mais entraîné par l’allant, les projets, l’abord facile de la candidate, les discussions avec les militants socialistes qui commencent sur l’arrondissement, finissent par aborder la situation générale.

Depuis des années, les élus PS de l’arrondissement ont joué la transparence et le respect de leurs engagements auprès des habitants malgré les ricanements de la droite. Les militants socialistes investis dans les associations, se sont montrés les plus pugnaces à déjouer l’immobilisme et les mensonges des élus de droite. Leur apparition régulière, leurs propositions constructives sur les sujets favoris de l’UMP, la sécurité, les SDF, les jeunes de banlieue, la drogue ont été ramenés à ce qu’ils sont : des problèmes inexistants ou démesurément grossis, et la politique locale a été transformée. En face le clientélisme de la droite a montré ses limites pour laisser place à ce qu’il est : une démagogie impuissante, un choix qui ne sert en définitive que les nantis.

À l’initiative des élus PS, deux marchés essentiellement alimentaires ont été crées pendant la dernière mandature, pour faire face à la disparition de nombreux commerces alimentaires au profit de commerces de tourisme. La mairie UMP de l’arrondissement s’y est d’abord opposée, criant à la mort des commerces des quartiers (il faut bien défendre les boutiquiers qui ne vont pourtant pas hésiter à vendre à prix d’or leur boulangerie, leur charcuterie à un marchand de fringues ou à une restauration rapide) pour ensuite s’attribuer la réalisation. Dans un premier temps, les prix des deux marchés étaient les plus bas. Mais vous connaissez les limites de la règle de la concurrence : trois ans après les prix se sont alignés sur ceux des commerces préexistants. Surtout chez les marchands bios, exigés sur le marché par les Verts, qui atteignent des sommets vertigineux. En conséquence nombre d’habitants du 1er vont dans les quartiers périphériques et en banlieue pour faire leurs courses. Les deux marchés sont pourtant très fréquentés. Avec les touristes, les promeneurs, les habitants friqués des arrondissements chics qui s’imaginent s’encanailler aux Halles.

Le débat municipal avec les habitants porte donc sur les prix qui s’envolent et son corollaire les salaires qui stagnent. On atteint là les limites de l’action municipale. De même pour les logements, la vente à la découpe qui dépeuple les centres-villes et l’expulsion de ceux qui ne peuvent plus payer. La crédibilité des candidats municipaux se joue pourtant sur ce terrain aussi. Se pose alors la crédibilité du PS, cour du roi Pétaud, où chaque dirigeant interprète sa priorité, sa position et où l’apparition du parti sur l’essentiel est rare, au profit de l’anecdotique. La critique des citoyens envers les socialistes devient très dure, des situations dramatiques sont évoquées dans cet arrondissement estimé peuplé de privilégiés, où les “accidents de la vie” comme on dit hypocritement pour parler des licenciements, des maladies invalidantes, frappent aussi. Les responsabilités politiques sont rappelées. Il faut faire face. Trouver des réponses aux problèmes locaux. Redonner du courage à se battre pour ceux qui se laissent glisser ou qui pourraient essayer de trouver des solutions de rejet à leurs problèmes.

Tout au long de la Ve République, en face des mesures estimées illégitimes ou réactionnaire de l’État, jamais les élections municipales n’ont été des élections mineures. Cette fois-ci encore moins face au changement radical que le gouvernement met en place sur tous les fronts sociaux. Les équipes qui se présentent ne peuvent se limiter à parler de gestion. Bien sûr la transparence financière et la démocratie locale sont l’enjeu. Mais plus que jamais ce qui se joue est d’une autre nature.

Nos interlocuteurs dans cette élection sont en avance d’un débat, ils nous le disent tous les jours. Nous, socialistes, avons à aborder avec la population les questions de politique générale en rupture avec l’idéologie rétrograde de l’économie de marché. Et l’offensive idéologique simpliste qui va avec. Celle qui permet d’avancer de prétendues réformes au nom d’un réalisme économique. Plus ces “réformes” sont appliquées plus les conséquences sont lourdes et moins les “résultats” sont bons. C’est ce que nous disent tous ceux qui viennent à notre rencontre sur les marchés, devant les magasins, devant les écoles, lors des café-débats, dans les réunions publiques. Qu’est-ce que le PS va faire contre ce qui nous arrive ? Oui, que va t il faire ? Mais gagnons d’abord !

Françoise Filoche

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