GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Océan indien : Plus de 220 000 victimes

La catastrophe a mêlé les riches touristes venus de toute la planète (en provenance de 26 pays européens plus ceux de Russie, de Turquie, du Japon, d'Australie, de Chine, de Taïwan, du Brésil, du Canada, du Chili, de Colombie, des Etats-unis, du Mexique de l'Afrique du sud et d'Israël, au total 51 pays) et des dizaines de milliers d'Indonésiens, de Thaïlandais, de Birmans, de Tamouls, de Cingalais, d'Indiens...

Vaste brassage mondialisé de la richesse côtoyant la pauvreté, face à la même gigantesque vague tueuse. Les enfants pauvres des rues et les enfants des touristes étrangers ont été emportés ensemble. Et derrière la façade clinquante des centres de vacances, l'état de sous-développement des pays victimes accentue les conséquences humaines du cataclysme.

Mais si les forces de guerre sont promptes et efficaces pour se déployer dans toutes les parties du monde, il n'en est pas de même pour organiser une chaîne de solidarité et de secours. Le premier réflexe de toute la propagande médiatique orchestrée a été de renvoyer la solidarité au " privé ": que les Ong agissent, que les médecins, infirmiers, spécialistes se mobilisent, que les citoyens collectent, que les initiatives individuelles fleurissent ! Les n° de téléphone de solidarité, se sont affichés partout. Que les moins pauvres aident les plus pauvres, tandis que les riches dorment !

Les reportages sur les camions, les avions, les bateaux plein de fret anarchiquement ramassés, se sont multipliés. D'ailleurs cette solidarité a été immense, spontanée, généreuse, d'autant plus que tous les pays étaient concernés : les humains citoyens "ordinaires " ont un bien meilleur cœur que les actionnaires et les chefs d'état ! La vieille " solidarité ouvrière internationale " est toujours plus vive et plus émouvante que les réflexes tardifs, pingres et calculés des conseils d'administration multinationaux. Mais est-ce que la " charité " populaire était bien suffisante face à 200 000 victimes et aux dégâts profonds et durables causés par le tsunami ?

L'abbé Pierre est ressorti : cela fait 60 ans qu'il demande aux moins pauvres d'aider les plus pauvres sans mettre en cause le système capitaliste responsable de la misère..

Face à l'ampleur du drame que peut le " privé " ?

Le " privé " ça marche moins bien que le collectif, que le public, que les services d'état... Le privé, c'est la pagaïe, c'est la gabegie, c'est l'anarchie quand il faut répertorier, classer, trier, acheminer, hiérarchiser, en urgence les priorités, les besoins, ce n'est pas le fourmillement des Ong privées qui peut être à la hauteur. Là où se collectaient quelques centaines de milliers d'euros, il en fallait visiblement des milliards ! Là où un hôpital de bénévoles et de fortune réussissait à se monter, il fallait des armées, des porte-avions, des frégates, des hélicoptères, des bulldozers, des camions. Certes, des reporters ont photographié des éléphants qui pouvaient être utiles, mais il n'en ont trouvé que quelques-uns pour débarrasser quelques rares coins inaccessibles. Là où l'on acheminait des bouteilles d'eau minérale, il fallait des stations d'épuration. Là où l'on collectait des vêtements, ils étaient souvent d'hiver, donc inutiles, alors qu'il fallait des tentes, des camps, des abris de masse, des tonnes de médicaments. Le recensement des victimes demandait des ordinateurs, alors on en restait à l'affichage éparpillé des photos des corps et des rescapés.

Ils en ont mis du temps ! " L'axe du bien " n'aime pas dépenser des dollars qui ne rapportent pas directement. Les USA de Bush ont d'abord voulu faire leur petite " coalition " privée d'aide humanitaire : ils sont habitués à piétiner l'Onu, là aussi, ils ont voulu le faire. Bush a promis de petites sommes (35 millions de dollars) puis devant les réactions face à sa pingrerie, il a du finalement multiplier par dix ses promesses, avant de donner des missions à son armée pourtant toute puissante dans l'Océan indien. Il comprenait en même temps quels avantages en matière de propagande, il pouvait retirer auprès de l'Indonésie " musulmane ", mais pour cela, il dut se rallier à l'Onu, aux Etats nationaux, aux services publics...

3 hommes possèdent plus que les 48 pays les plus pauvres

Les " entreprises " ont eu du mal à s'y mettre. On n'a pas entendu le Baron Seillière. On n'a pas vu les efforts de Bill Gates. Là ou le citoyen de base se sacrifie de 20 euros les multinationales sont aux abonnés absents. Quand des idées surgissent, elles sont mercantiles: un petit pâtissier français a eu l'idée d'augmenter son nombre de galettes des rois vendues en re versant un euro par galette pour la Croix Rouge. Les " majors " du téléphone, ont proposé de verser un euro par Sms, (produit sur lequel ils truquent la concurrence et font des bénéfices scandaleux).

Les banques comme Suez, la Caisse des dépôts, Bnp Paribas mais aussi Axa, Vinci, Bouygues ont " abondé " ce que donnaient leurs salariés (mais sans oublier de prendre leurs commissions pour les transferts de fonds en Asie)... Du coup les salariés de Bnp ont versé 40 000 euros en un seul jour. Mais pour autant rien n'y a fait : les bourses d'Asie du sud-est ont fait des bonds en avant (la reconstruction...!). Les groupes internationaux comme Accor, ont surtout essayé de réparer leurs dégâts propres et de maintenir la " saison " touristique tout en hâtant juste la reconstruction pour les suivantes. Pas de chance : le "club Med " de Henri Giscard d'Estaing venait, le 14 décembre d'annoncer triomphalement une remontée de ses profits au 2° semestre 2004, les voilà en panade, disent-ils le 5 janvier : seuls leurs comptes de résultats intéressent vraiment leurs actionnaires. Suez s'occupe déjà des eaux à Djakarta : alors il a envoyé généreusement ONZE techniciens à Banda Atjeh...

Les entreprises publiques françaises ont fait mieux : Edf, Gdf, ont depuis longtemps des équipes d'urgence, semblables à celles des pompiers ou des secours terrestres... Mais seuls, dans un cas comme celui de ce terrible tsunami, les états ont les moyens d'intervenir, d'être efficaces, à condition d'accepter un cadre international qui coordonne leurs efforts de type Onu.

Toutes les promesses de dons (à hauteur de 2 milliards de dollars au total) arriveront-elles ? (L'Iran, après le tremblement de terre de Bam, avait eu plus de promesses que... de réalités). En plus il faudrait des investissements, de la prévention à long terme... Qu'en sera t il vraiment lorsque l'émotion populaire médiatique mondiale sera retombée ?

On a beau nous présenter cette planète comme " un village " mondialisé où toutes les catastrophes concernent tout le monde, rien ne fonctionne ainsi, il n'y a ni " casques rouges humanitaires ", ni instance de l'Onu capable de faire face et de disposer des moyens coordonnés de le faire.

L'Humanité dominée par le capitalisme n'en est qu'aux balbutiements, à l'âge de pierre de la solidarité internationale et le principal obstacle au progrès est le capitalisme sauvage, le libéralisme individualisant, la recherche du profit maximum à court terme.

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