GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Féminisme

Non, la “question des femmes” n'est pas un paragraphe qu'on ajoute à un programme pour qu'il soit “politiquement correct”

En général d'ailleurs, on ne sait pas où le mettre. On parle alors en vrac des violences subies, de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, de contraception, de crèches... On parle même d'égalité et de parité, on fixe des objectifs, on fait de belles déclarations. On se sent quitte : on a fait tout ce qu'on pouvait. Et on passe à autre chose : l'économie, l'international, etc.

Sauf que ça ne marche pas comme ça. On peut lister constats et propositions. Les constats peuvent être saisissants et les propositions alléchantes. Mais si ces dernières ne sont pas solidement reliées à un projet de modification profonde des places respectives des femmes et des hommes dans la société, alors elles resteront de très belles déclarations d'intention. La faible proportion de femmes à l'Assemblée Nationale en est un exemple persistant, malgré la loi sur la parité.

" Je pense au plus d'un million de femmes qui travaillent au temps partiel contraint. Là aussi, il faut cesser les beaux discours, il faut arrêter de louvoyer. J'exigerai que la loi soit appliquée, ce qui n'a pas été fait jusqu'ici, et j'y mettrais les moyens et la volonté politique nécessaires " Ségolène Royal Strasbourg, 20 décembre 2006

Alors la " question des femmes ", qui est une vraie question, posée par les femmes, mais qui s'adresse à la société toute entière, est omniprésente. L'occulter, en faire un phénomène isolé ou conjoncturel, c'est maintenir le statu quo. Et ce statu quo est en défaveur des femmes.

" Lorsque l'on voit les sept piliers de mon pacte présidentiel, on se rend compte, au bout du compte, que la question des femmes y est majeure " Ségolène Royal Dijon, 7 mars 2007

" Ce combat [ de l'égalité de la femme et de l'homme] résume tous les autres car il y a une corrélation très étroite entre le statut des femmes et l'état de justice ou d'injustice d'une société " Ségolène Royal Congrès d'investiture, 26 novembre 2006

Alors quand j'entends Ségolène Royal parler des femmes " à tout bout de champ ", oui ça me rassure. Qu'elle parle d'économie, d'agriculture, de relations internationales ou de vie politique, les femmes sont incluses dans son discours. Elles y ont leur place, toute leur place, de citoyennes, de travailleuses, d'actrices économiques.

" Le co-développement doit respecter le potentiel de ces régions et associer directement les populations concernées, en s'appuyant en particulier sur les femmes qui, dans certains pays, accomplissent 90 % du travail de la terre mais n'ont droit qu'à 5 % des crédits bancaires. Comment peuvent-elles se débrouiller ? " Ségolène Royal Fête de la Rose, 20 août 2006

Quand elle aborde directement les difficultés particulières que notre organisation sociale fait peser sur elles, alors, oui je suis rassurée, et doublement rassurée : d'abord, ce n'est pas un problème de femmes dont elles seules devraient se dépatouiller. C'est la société toute entière qui doit s'en occuper. Et en première ligne, les politiques. Et là, je fais crédit à Ségolène Royal d'une farouche volonté politique de faire avancer l'égalité.

Ensuite, si la situation des femmes s'est améliorée, c'est clairement grâce aux luttes que les femmes ont mené. Et cette référence explicite au long combat des femmes pour l'égalité me rassure : n'ayons pas l'illusion que cela se fera tout seul, que c'est une évolution inéluctable de notre société. L'histoire prouve le contraire.

" J'ai pris la mesure du long, du très long combat des femmes, et croisé les figures de celles qui, en leur temps, refusèrent de courber l'échine. Elles me sont restées chères, elles balisent le chemin, leur courage m'oblige et c'est leur legs que je revendique. "

Ségolène Royal Dijon, 7 mars 2007

Alors oui, que Ségolène Royal continue à parler des femmes comme elle le fait !

Josette Costes


Et avec le recul comment voyez-vous mai 68 ?

" De manière positive. Je ne fais pas partie de ceux ou celles qui passent mai 68 par pertes et profits, qui lui font porter la responsabilité d'une confusion des valeurs. Il y a eu une confusion des valeurs comme pour toute époque un peu tourmentée. Après, il a fallu recadrer un certain nombre de choses, notamment sur l'éducation des enfants, des choses comme " il est interdit d'interdire " etc. Mais sans doute cette transition était-elle nécessaire pour chambouler, pour rebattre les cartes de l'organisation de la société. Ce sont des mouvements de libération qui sont extrêmement fondateurs.” Ségolène Royal Interwiew aux inrocks

Mai 68 a été une période fondamentale pour les femmes. Les avancées considérables vers la liberté, l'indépendance et l'égalité avec les hommes en sont issues. Or c'est un peu la mode aujourd'hui de moquer cette période, de la trouver " ringarde ", voire de la ridiculiser. L'appréciation de SR, avec le recul, me convient tout à fait.

Josette Costes

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