GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Marseille, plus belle la Ville

«En un demi-siècle, Marseille n’aura connu que trois maires. Alors que l’empire colonial disparaissait, achevant de liquider un système économique et social portuaire désuet, que le Front National faisait irruption tonitruante, que bernard Tapie passait comme une météore dévastatrice, trois hommes seulement, qui plus est issus de la même majorité politique, ont dirigé la ville (Defferre, Vigouroux, Godin). Bien sûr, le Conseil municipal sera entre-temps passé de la gauche à la droite. Mais le maire d’aujourd’hui a appris son métier dans la majorité du maire d’avant-hier, qu’il a loyalement servi, et il dit s’inspirer de ses méthodes pour gouverner sa ville depuis 13 ans » (Introduction du livre de Michel Samson et Michel Peraldi : Gouverner Marseille)

Aujourd’hui les marseillais semble faire le bilan des 13 ans de gestion Godin-Muselier car un vent du désir de changement souffle sur Marseille depuis quelques mois. Désir de changer cette équipe qui s’essouffle, une équipe sans projets sinon reconduire ceux qui existent déjà.

Depuis 13 ans des mistrals sifflent sur les drisses du Vieux Port.

Mistral sur la spéculation immobilière encouragée par l’équipe au pouvoir qui affiche depuis 2000 la pancarte «Marseille à vendre». Mais la résistance aux spéculations s’organise avec les associations de quartier comme «Un centre ville pour tous» collectif du mécontentement des habitants expulsés de Belsunce, de Noailles et de la rue de la République achetée par les fonds de pension américains.

Mistral sur la misère qui sévit massivement sur le centre ville et la banlieue. 28% des Marseillais sont en dessous du seuil de pauvreté. Elle est liée à l’emploi par le chômage (12,5%), (50000 chômeurs, 40000 rmistes) au logement par la hausse des prix des loyers (+40%), par le manque de construction d’habitat social. Elle est liée aux difficultés d’intégration. Ville pauvre, ville souffrante, beaucoup de familles avec un seul revenu, une seule pension. Des personnes seules par dizaines de milliers, des enfants, nombreux (2,2 par femme) qui mangent de la viande qu’à la cantine de l’école.

Mistral sur la Canebière dont le nouveau tramway cache mal le peu de réalisations urbaines depuis 13 ans, cache mal les problèmes de circulation et de pollution.

Mistral sur Marseille la rebelle, Marseille capitale des mouvements sociaux qui se sont exprimés massivement en 1995, en 2003 contre les réformes des retraites. Tradition de luttes dures avec les Neslé, les dockers du Port Autonome, des marins de la SNCM en 2005, des salariés de la RTM, des fonctionnaires en 2006, etc.

Mistral sur Marseille la Solidaire dont les tissus associatifs et militants dans les quartiers sensibles ont pu éviter les explosions violentes de la désespérance des jeunes de banlieue.

Mistral sur les 111 quartiers marseillais (112 avec le feuilleton télévisé) qui ont une âme de village qu’on ne rencontre pas ailleurs.

Mistral sur un centre ville qui est encore populaire, particularité de la deuxième ville de France avec ses 820000 habitants.

Marseille « footeuse » où l’O.M est une puissance économique et sociale aux bases populaires tout aussi vénéré que Notre-Dame de la Garde.

Marseille où tous les politiques de droite, comme de gauche tissent leurs réseaux d’influence sur la ville et la banlieue : Le Clientélisme des pauvres où les familles politiques se reproduisent chaque génération.

Marseille 1er Port Autonome de France qui est en pleine restructuration avec des menaces de privatisation.

Marseille ville d’intégration, porte du Sud, porte de l’Orient, où la diversité des migrations en fait la richesse de la ville, la richesse culturelle de ses habitants. Marseille est une mémoire, une population avec un fort sentiment d’appartenance malgré sa diversité. Réfugiés de tous les drames méditerranéens du XXe siècle, Arméniens, Russes blancs, Grecs, Italiens anti-fascistes, républicains espagnoles, pieds noirs, immigrés économiques algériens, marocains, comoriens. Sans oublier les français du Nord descendus pour réussir leurs vies au soleil. (+150000).

Ce fort sentiment d’appartenance à la cité phocéenne quelque soit son origine existe là et pas ailleurs. On adopte cette ville, on l’aime et on ne la quitte plus. (Etre fier d’être marseillais n’est pas du chauvinisme ici). Ce sentiment est la cible depuis quelques années du communautarisme religieux divisant les populations des banlieues au détriment de l’intégration.

Marseille ville culturelle malgré l’absence de politique de la municipalité sortante.

Initiatives culturelles soutenues avant tout par le Conseil général 13 et le Conseil Régional PACA où la Fiesta des Suds s’est imposée comme un événement majeur dans la vie culturelle marseillaise. Où la Friche de la Belle de mai ancienne manufacture de tabac forme un complexe d’ateliers. On y compte une soixantaine de producteurs culturels, troupes, compagnies, associations et artistes individuels résidents, une radio, des studios… Le groupe IAM y débuta comme le Massilia Sound System.

Marseille la bleue où la mer longe la plus belle corniche d’ Europe mais où les pics de pollution se succèdent en l’absence du mistral en été, causés par la circulation automobile et les effluents gazeux de Fos. Ce ne sont pas les 700 vélos « municipaux » qui ont fleuris au centre ville qui diminueront de manière importante cette pollution atmosphérique.

Tout, à Marseille, paraît en ce moment inabouti. La ville est sale, en bricolage permanent, la circulation impossible, la sécurité incertaine. Cette vieille cité est sans ligne directrice, sans projet.

Marseille, comme toutes les grande villes d’Europe se réveille et se transforme trop lentement. Elle traîne, trop repliée sur elle-même, sans révolte contre la pauvreté, sans projet de présent et d’avenir. Alors pour la Gauche marseillaise derrière Jean-Noël Guérini (Président PS du CG13), le temps du changement est là, il faut une nouvelle équipe décideur, gestionnaire, expérimenté.

Une bonne équipe. Le Pari de mars 2008.

Correspondant : Jean-Paul NAIL


Jean-Noël Guérini peut gagner Marseille !

Depuis l’annonce de sa candidature, le candidat de la gauche unie marseillaise mène campagne sur un train d’enfer. Les militants et sympathisants du Parti socialiste, du PC, des Verts, des radicaux sont mobilisés à 100%, activisme médiatique et travail de terrain. Aujourd’hui Guérini fait jeu égal avec Godin.

Jean-Claude Gaudin paraissait quasiment imbattable et l’homme fort du Parti socialiste dans les Bouches du Rhône se consacrait à la gestion du conseil général. Pourtant des signes ont montré que le combat était jouable. Lors des Régionales en 2004, Michel Vauzelle, la tête de liste de la gauche, a dépassé la barre des 50% sur Marseille. Ainsi encore lorsque Patrick Mennucci s’est lancé à l’assaut des 1er et 7ème arrondissements, il ne lui manqué que 428 voix pour l’emporter aux législatives en 2007. Mais la victoire de Sarkozy sur Marseille et la conquête par l’UMP de la circonscription de Christophe Masse dans les quartiers Est en 2007 montre que la victoire est loin d’être acquise pour la gauche aux prochaines municipales, les 9 et 16 mars. A en croire les derniers sondages, Guérini serait aujourd’hui au coude à coude avec Gaudin.

Une méthode dynamique

de rassemblement de la gauche marseillaise

La méthode de travail de Jean-Noël Guérini est la force du travail d’équipe et l’importance du programme. Programme de gauche présenté dans un livre de poche écrit en collaboration avec le sociologue Jean Viard.

« Ce n’est pas la campagne d’un homme seul ou d’un duo, c’est celle d’une équipe ». Ainsi Jean-Noël Guérini a su attirer à lui des forces les plus diverses. Celles du Parti socialiste uni au niveau interne pour la première fois depuis longtemps, du Parti communiste où la majorité des élus à rejoint l’équipe de campagne avec l’ex-député PC Frédéric Dutoit, des Verts affaiblis par les transferts de leurs dirigeants (Jean-Luc Bennahmias, Christophe Madrolle) vers le Modem, des Radicaux de gauche et de Lutte ouvrière qui a négocié un poste de conseiller sur la ville. Ainsi que des hommes et des femmes venus du syndicalisme, des milieux culturels marseillais, des chefs d’entreprises…

Une ouverture contestée

«Je suis socialiste et je le revendique. Tout le monde sait que je suis de gauche».

Une fois cette déclaration souvent utilisée par le candidat à la mairie de Marseille, Jean-Noël Guérini ne tarit pas d’éloges sur «l’ouverture» à droite.

Elle a abouti au recrutement d’hommes comme le pasquaïen François Franceschi, dirigeant local de l’UMP, désigné par Guérini pour conduire la liste dans le 6/8 arrondissements face à Gaudin ou de l’UMP André Varèse dans l’équipe menée par P. Mennucci, dans le 1/7. Cette stratégie d’ouverture fait grincer plus d’un socialiste et communiste sur la ville.

Pour gagner la ville et battre Gaudin, la gauche doit reprendre le 1/7, ce qui est faisable (500 voix à gagner sur la droite), et le 4/5 où Guérini se présente avec un handicap plus important (2 000 voix à gagner).

Préparer le rassemblement au second tour

La stratégie est claire, il faut préparer un rassemblement le plus large possible et Jean-Noël Guérini l’affirme déjà : «je suis ouvert à toutes les discussions, y compris avec le Modem. Une fusion est possible par rapport à mon programme, par rapport à mon équipe au second tour» . Cet appel risque d’avoir un écho chez le Modem de Bennahmias où de nombreux transfuges ex-socialistes mènent les listes. Avec la gauche de la gauche ? Emmenée par la LCR, elle a constitué des listes «Marseille contre-attaque à gauche» avec les alternatifs, les motivés. Le dirigeant de la LCR a indiqué qu’il soutiendrait les listes de gauche au soir du premier tour et Jean-Noël Guérini s’en félicite.

Cette stratégie du grand écart qui se veut l’écho marseillais d’une coalition à l’italienne (arc-en-ciel) défendue par Patrick Mennucci dans les dernières réunions de campagne permettra-t-elle à Jean-Noël Guérini de l’emporter? Réponse entre les 9 et 16 mars 2008.

Correspondant : Jean-Paul Nail

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