GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Syndicats

Majorité confortée pour la FSU : 46,7%

Les élections professionnelles qui se

sont tenu le 2 décembre, la veille

des prud’homales, concernaient

quelques 469 000 agents de l’Etat, enseignants

et personnels d’éducation et

d’orientation du premier et du second

degré public. Elles ont conforté la majorité

de la FSU, tout en confirmant la dispersion

syndicale dans ce secteur.

Alors que Xavier Darcos, ministre de

l’éducation nationale, ironise régulièrement

sur la ringardise des syndicats et

leur «déconnection» avec la profession

qu’ils représentent, ces élections ont vu

une nette progression de la participation.

Avec 62,6 % des inscrits participant au

vote, le taux a progressé de deux points,

dans un contexte général guère favorable

et marqué par une baisse constante de la

participation, qui est pour la première

fois enrayée de façon significative.

Après les mobilisations importantes du

19 octobre et du 20 novembre dernier,

c’est le signe que quelque chose est en

train de se passer dans ce secteur traditionnellement

mobilisé, mais qui avait

pâti de l’échec du mouvement de 2003

sur les retraites.

Alors que les suppressions de postes

s’accumulent d’années en années, qu’un

modèle d’école «libérale», où chaque

élève est renvoyé à une prétendue «responsabilité

individuelle» face à l’échec,

logique qui prend corps avec un projet de

réforme des lycées très contesté par les

professeurs, on est peut-être à la veille

d’un véritable mouvement d’ampleur

dans l’éducation.

C’est aussi la marque de l’intérêt d’une

nouvelle génération d’enseignants pour

le syndicalisme alors que des coups de

boutoir sont donnés dans le paritarisme,

forme spécifique de contrôle de la gestion

des carrières des salariés mise en

place lorsque l’on opta pour le statut plutôt

que le contrat pour les fonctionnaires.

Les résultats du vote des enseignants a

confirmé les tendances lourdes des quinze

dernières années.

La Fédération syndicale unitaire (FSU)

arrive ainsi en tête avec 46,7 % des voix.

Elle progresse légèrement et continue

son chemin vers l’objectif de la majorité

absolue.

La fédération, créée en 1993 suite à la

scission de la FEN, montre qu’elle a définitivement

passé le cap du départ de son

syndicat des lycées professionnels, le

SNETAA, en 2001, même si, dans ce

secteur en déshérence syndicale, la FSU

stagne autour des 11 % des voix. Chez

les enseignants des écoles, en revanche,

la messe est dite : la FSU progresse encore

et, avec 47,1 % des voix, obtient

désormais plus du double du résultat de

l’UNSA (23,0 %), dont c’est pourtant le

secteur privilégié, le Syndicat des enseignants

UNSA étant directement issu du

Syndicat national des instituteurs (SNI)

de l’ex-FEN.

Dans le second degré, en revanche, les

résultats se tassent. Avec 46,5 %, la FSU

perd du terrain, essentiellement au profit

de l’UNSA, qui reste cependant très

minoritaire (8,1 %).

C’est ce secteur qui est le plus significatif

de l’état particulier du paysage syndical

enseignant. Le fait majoritaire y est

net, mais s’érode lentement. L’écart entre

la FSU, arrivée en tête, et la CFDT,

seconde, est ainsi impressionnant,

puisque celle-ci n’obtient que 10,1 % des

voix. Derrière, cependant, la dispersion

est nette : pas moins de six organisations

s’échelonnent entre les 8 % de la CSEN

(confédération « autonome », proche de

la droite) et les 5,9 % de la CGT.

Au niveau général, derrière la FSU, seule

l’UNSA, avec 14,7 % des voix, dépasse

les 10 %.

La CFDT recule encore, avec 8,9 % des

voix. Derrière, on trouve FO, SUD-éducation,

qui semble avoir trouvé un

« palier » autour de 6 % des voix, la

CSEN et la CGT qui, avec 4,3 % ferme la

marche des organisations ayant une existence

réelle dans l’ensemble du monde

enseignant.

Cette stabilisation générale des tendances

lourdes met plus que jamais la

FSU face à des choix importants pour

son avenir.

Majoritaire dans son secteur où elle n’a

pas de partenaire syndical réellement à sa

hauteur, confrontée à une dispersion syndicale

qui peu à peu freine la dynamique

de rassemblement autour d’elle, elle

devra se poser rapidement la question de

l’aboutissement de sa démarche unitaire

au-delà de son champ de syndicalisation

traditionnel, car ses tentatives d’implantation

dans la fonction publique territoriale,

et même dans l’ensemble des

départements ministériels, n’a pas donné

grand-chose.

Certains, en son sein, font entendre leur

voix pour qu’elle s’inscrive dans une

démarche d’unification syndicale et

s’adresse en ce sens à la CGT.

Comme toujours, les résultats de ces

élections n’apporteront pas en euxmêmes

une réponse simple à cette question.

Tout dépendra, finalement, des choix

politiques que feront ses militants, face à

leur destin syndical.

Daniel Marceau

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