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Macron ou la stratégie du choc

De la tragi-comédie du Conseil de défense au choix du tout répressif en passant par la proclamation de l’état d’urgence, la fuite en avant autoritaire du macronisme s’accentue à la lumière de la crise néo-calédonienne.

Encore un coup du pompier pyromane !

La posture martiale de Macron-Attal et l’envoi de renforts venus de métropole n’empêchent pas les barrages d'être remis sur pied entre Nouméa et l’aéroport de la Tontouta dès que les militaires ont le dos tourné. Résultat : rien ne permet d’entrevoir la sortie de crise.

Qui est responsable de cette situation inextricable ? Certainement pas les indépendantistes qui défendent les droits de la nation kanak reconnus par les accords de Nouméa (1998). C’est bel et bien le pouvoir qui s’assoit sur le principe de l’autodétermination de l’île en s’appuyant cyniquement sur les référendums locaux de 2018-2021, dont la sincérité est d’ailleurs discutable. Et, malgré la situation sur le terrain, l’exécutif s’accroche à une révision constitutionnelle en juillet, instituant à marche forcée le dégel du corps électoral néo-calédonien, alors que l’opposition de gauche est vent debout, et que même des voix macronistes s’élèvent pour demander un report de ce vote malvenu.

Retrait de la loi sur le dégel du corps électoral (*)

Le dégel du corps électoral menace la nation kanak – qui ne représente déjà plus que 40 % de la population insulaire – d’une marginalisation politique jugée irréversible. Celles et ceux qui affirment que la démocratie impose en toute circonstance d’accorder le droit de suffrage au plus grand nombre oublient ou font mine d’oublier cette donnée : le gel du corps électoral est la condition sine qua non du respect du fait national kanak, et donc de l’autodétermination effective de la population néo-calédonienne dans sa diversité.

Il est probable que les partisans d’une indépendance unilatérale soient minoritaires en Nouvelle-Calédonie. Mais qu’importe ! L’écoute de l’ancienne métropole doit être totale, et non à géométrie variable, si l’on veut sortir de la spirale néo-coloniale. Seule la reconnaissance sans réserve du droit à la séparation pleine et entière d’avec la métropole peut permettre de rompre avec le passé colonial et d’envisager l’union volontaire des peuples divisés par l’Histoire sur de nouvelles bases.

Pendant ce temps-là…

Les événements dramatiques qui se déroulent en Nouvelle-Calédonie, prenant la suite de la séquence médiatique de criminalisation du soutien à la cause palestinienne, occultent encore un peu plus les enjeux politiques des élections européennes. Malgré les efforts de certaines et de certains à gauche, on peine à entendre parler de salaires, d’investissements publics, d’écologie…

Macron l’a compris, lui qui met en scène complaisamment sa confrontation avec l’extrême droite. Il faut le dire aux « faché.e.s, pas fachos » : voter Bardella n’affaiblira pas Macron, puisqu’il a intégré à son agenda politique la victoire sans combat du RN (rendue inévitable par la division irresponsable à cette élection des forces de gauche). Un éventuel triomphe de l’extrême droite serait brandi par l’auto-proclamé camp de la raison pour imposer un ralliement du peuple de gauche à la candidature du successeur de Macron en 2027.

Nous refusons ce scénario. Et, comme beaucoup d’autres à gauche, nous ne nous résignons pas à la victoire de Marine Le Pen. Nous saluons à ce titre les délégué.e.s du congrès de la Ligue des droits de l'Homme (LDH)  qui viennent d’adopter une résolution affirmant que « seule une alternative politique progressiste est susceptible d’agréger l’ensemble des refus de l’extrême droite au second tour de l’élection présidentielle ». Elles et ils appellent en conséquence à la « nécessaire convergence entre, d’une part, ce que portent les mobilisations organisées par les syndicats, les associations, les mouvements sociaux et, d’autre part, une offre politique inscrite dans une perspective porteuse d’émancipation, d’égalité, de solidarité [… et] de démocratie ». Gageons que ce n’est là qu’un début.

(*) Voir le communiqué unitaire de 12 organisations politiques de Loire-Atlantique à propos de la situation en Kanaky - Nouvelle Calédonie en cliquant ICI.

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