GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

Lettre signée de la direction nationale de Nps à Gérard Filoche... et réponse de celui-ci

Lettre signée de la direction nationale de Nps à Gérard Filoche...

et réponse de celui-ci

«Paris le 16 juin 2005,

Cher Gérard,

C'est avec un peu de surprise et beaucoup de tristesse que nous avons pris

connaissance de ton compte rendu de notre réunion nationale du 12 juin à la Cité universitaire.»

Réponse intercalée, de Gérard Filoche, le 17 juin

C'est aussi avec surprise et tristesse que j'ai découvert, en émergeant de la longue et magnifique campagne pour le « non », comment était organisé ce forum Nps du 12 juin qui ne donnait pas la parole aux militants mais à des «tribunes » interminables où étaient inscrits des points de vue très divers, mais aucun point de vue des militants socialistes qui ont mené campagne pour faire gagner le « non ».

Par contre, j'y ai entendu répéter en direct les arguments de nos adversaires qui ont mené campagne pour le « oui » comme si 90 % des médias n'y avaient pas suffi...

Chers camarades,

Je vais répondre ci-dessous point par point à votre lettre sur les procédures, j'y suis obligé, mais je déplore avant toute chose que vous n'y posiez pas le problème politique de fond : travaillons-nous à réaliser une unité des « non » socialistes de gauche, sur une motion commune pour attirer et convaincre au-delà ? Où isolons-nous Nps et ses 17 % des voix en laissant le camp du « oui » arriver nettement en tête au congrès du 18 nov. ?

«Ce n'est pas la première fois que tu changes les faits à ta convenance et que tu mets en cause des camarades personnellement injustement.»

Ce n'est pas la première fois que vous me manquez de loyauté et alors que j'ai fait le maximum sans réserve, sans ménager mes forces, depuis trois ans pour fonder, construire et développer Nps, j'ai senti une barrière de suspicion indicible mise en place : pourquoi donc ? Moi, je me suis « défoncé » pour le courant, en faisant plusieurs fois le tour de France, sans relâche, en aidant, je crois à construire son image «sociale», mais à certains moments, je revenais de réunions de direction, non écouté, avec des interrogations, y avait-il finalement des désaccords non dits ?

Cela s'est traduit systématiquement dans le partage des tâches et des mandats, et tous ceux qui ouvrent les yeux sur ces questions le savent, et savent très bien que je suis fondé à m'en plaindre.

Jusque-là, je m'étais gardé de le faire trop fortement estimant que l'essentiel est dans les questions politiques.

Mais le choix de n'avoir pas fait campagne avec la majorité du peuple de gauche, et de passer à côté du 29 mai sans avoir mouillé sa chemise pour la victoire, puis le fait, le jour qui précède et les jours qui suivent de faire comme si cette victoire n'était pas en jeu puis n'était pas durable, et refuser l'unité des « non » de gauche et socialistes, est une divergence politique suffisamment grave pour qu'en effet, je force aujourd'hui la porte du débat.

«Comme tu le sais, la position nationale du NPS a été adoptée lors d'une réunion nationale qui s'est tenue la veille du conseil national du 4 juin à l'Assemblée nationale en présence des camarades des instances nationales et des représentants des fédérations. Lors de cette réunion, nous avons décidé ensemble de notre position collective pour ce qui concerne les votes du CN du lendemain, pour ce qui concerne le texte exprimant notre interprétation du vote du 29 mai, et pour ce qui concerne la ligne stratégique du courant dans la période de congrès qui s'ouvre.

Une réunion semblable s'était tenue à propos du choix de notre ligne après le

référendum interne. Lors de cette première réunion, tu avais déjà souhaité un vote, chose habituelle à NPS, sur la ligne que tu proposais : mener campagne publiquement pour le non malgré le résultat du référendum interne.»

Faux ! En mars, le vote a été proposé depuis la tribune et c'est alors, que, contraint, j'avais suggéré d'enlever du texte soumis, la phrase « nous ne ferons pas d'actes de campagne publique ». Je la trouvais pour le moins excessive, il y a eu 6, 7 ou 8 voix qui m'ont suivi, et autant qui se sont abstenues, on n'a pas clairement compté (et, de toute façon, je conteste le mode de désignation, par le haut, des mandataires, dont je m'aperçois souvent, en voyageant dans toute la France qu'ils ne reflètent pas très fidèlement les opinions des militants Nps à la base).

Mais ce qui m'a étonné à l'époque, c'est que le texte publié dans Nps infos, suite à cette réunion, n'incluait pas la dite phrase qui fut remplacée par quelque chose comme « nous ne ferons pas campagne »... Je fus un peu choqué par ce procédé, mais j'ai préféré délibérément consacrer mon énergie à faire gagner le « non socialiste » et pendant dix semaines, j'ai fait prés de 90 meetings dans 20 régions, en parlant à un peu plus de 35 000 personnes.

Avec nos amis Marc Dolez et Jacques Généreux, on a œuvré pour que les socialistes ne soient pas étrangers concrètement à la victoire de notre peuple. Evidemment, je pense que c'est une grave erreur de Nps que de n'avoir pas agi ainsi, j'ai essayé de convaincre un certain nombre d'entre vous, mais pourquoi faire perdre du temps en réunions quand c'est l'heure de l'action ? Je note quand même qu'Arnaud a fait un certain nombre « d'actes de campagne ». Je déplore par contre, qu'à deux jours du scrutin, j'ai eu la déception de lire dans Le Monde, daté du 27 mai, que Nps... choisirait une ligne d'autonomie, dans le futur congrès. Je m'attendais au moins à un appel à voter « non » ! Quand à la « démocratie » du vote du 4 juin, que vous citez ci-dessous, elle n'était plus, de ce fait, qu'une parodie : s'ils votaient mes amendements, les camarades présents ne pouvaient pas ignorer qu'ils contredisaient ce qu'ils avaient appris dans la presse comme étant notre ligne !

«Le vote a été très clair. La position du NPS a été adoptée à l'unanimité moins deux abstentions (dont la tienne car curieusement tu n'as pas voté contre).

Tu n'as pas, en conscience, jugé nécessaire de respecter ce vote que tu avais

demandé, en menant campagne dans beaucoup de villes de France, sans accord ni même avertir nos camarades localement qui étaient mis de ce fait en grande difficulté dans leurs fédérations.»

« En grande difficulté » parce qu'on défendait le « non » avec des millions de gens de gauche ? Quelle sorte de camarades est-ce ? C'est justement là, que peu à peu, me sont apparues les contradictions de Nps : quelques camarades responsables (très peu d'ailleurs, principalement une et je lui ai répondu !) se sont dits gênés de la tournée chez eux du « trio » du non socialiste, mais les militants Nps, eux, étaient dans leur grande majorité dans la salle, venaient nous soutenir, intervenaient, nous donnaient de l'argent en soutien, et presque partout se plaignaient de l'absence de campagne nationale de notre courant (j'ai reçu des dizaines de mels spontanés en ce sens, de dizaines de départements, et je vous les ai, en général, retransmis).

Que voulez-vous, c'est assez classique, hélas, mais le vote qu'il y avait dans notre Cn, était manifestement peu en phase avec les désirs de nombre de nos militants, je sais, ça ne fait pas « Nouveau parti socialiste » mais visiblement ce décalage, fréquent ailleurs, nous affecte aussi...

«Mais nous avons jugé en conscience qu'il ne nous appartenait pas d'exercer à ton endroit ni le moindre désaveu public ni la moindre discipline.»

Quelle idée ! Excusez-moi, mais il n'aurait plus manqué que cela !

Vous avez quand même commis inopportunément un texte public et signé, individuellement, fait exceptionnel, de 11 membres du Bn Nps sur 13 qui condamnait, à la mi avril, le fait que l'on bataille pour un « non » socialiste au cœur du non de gauche... Sans parler de la catastrophique communication de Nps dans le Monde le 27 mai...qui n'appelait pas à voter « non » mais disait qu'ensuite, nous serions « autonomes » (sic).. à contre courant de l'enthousiasme unitaire ambiant !

«Nous avons chaque fois qu'il a été nécessaire pris la défense des camarades que la direction aurait voulu sanctionner, et cette solidarité et cette amitié ont trouvé à s'exercer à ton endroit à plus d'une reprise.»

La meilleure « défense » aurait été de faire campagne et de ne pas s'arquebouter sur le « respect » du vote du 1er décembre dont tout indiquait qu'il n'était pas sincère. De même que la meilleure défense aurait été de mettre publiquement toute notre autorité pour faire gagner le « non » : si nous avions estimé que c'était important nous l'aurions fait, si nous ne l'avons pas fait, c'est qu'une ambiguïté s'était installée dans notre direction, croyant que nous allions gagner des deux côtés, si le « oui » l'emportait comme si le « non » l'emportait. Mais ça, c'est un mauvais calcul, qui nous a fait passer à côté d'une grande et belle bataille populaire !

A l'arrivée, vous pourriez en convenir : il n'y a pas de mal à s'être trompé ! Mais non, à mon grand désespoir, vous prolongez l'erreur et les principaux dirigeants font le forcing pour faire voter notre Cn du 4 juin contre des amendements qui s'imposaient (publions-les et relisons-les).

«La veille du conseil national du 4 juin, lors de notre réunion, tu as souhaité tout à fait légitimement que des amendements soient soumis au vote. Sur les quatre amendements que tu proposais, deux ont été immédiatement acceptés sans vote et deux ont été soumis au vote.»

Il a fallu que j'insiste le 3 juin pour que le vote ait lieu, Vincent a fait la sourde oreille trois fois et aurait même tenté de faire voter le texte avant les amendements si Arnaud ne s'y était pas opposé. Ensuite il y a eu quatre interventions contre, je n'ai pas pu les défendre, et ensuite pour brouiller le vote, des camarades ont expliqué «qu'ils votaient contre mais qu'il ne fallait pas se tromper sur le sens du vote et qu'en fait, ils étaient pour... » (sic) Ca aide drôlement à la démocratie... en fait nous ne sommes pas mûrs si des camarades n'ont pas l'habitude de débattre et de voter sur le fond... Le décompte ci-dessous est d'ailleurs improbable, et aussi le fait qu'il y ait eu 70 votants car ils n'ont pas été recensés, et je le répète c'est un corps électoral désigné, pas vraiment reflet des réactions de la masse de nos militants, si peu fidèle, qu'on le voit de façon éclatante, dans les tres nombreuses lettres, mels, appels, prises de positions abondantes et , que je vous retransmets honnêtement et que je tiens à disposition de tous les camarades qui veulent en savoir plus... (gerard.filoche@wanadoo.fr)

Que chacun sache que le premier amendement défendait l'appel à l'unité de la gauche en urgence pour un programme commun de gouvernement sans exclusive, vu la crise manifestée par la puissance du « non » : il a été repoussé ! Triste !

Le deuxième était pour l'unité des non de gauche dans notre parti, il a été aussi repoussé ! Triste aussi !

Le premier a obtenu 1 voix et 1 abstentions, 69 contre, et le second 5 pour, 7 abstentions et 59 contre. Ensuite, le texte sans tes amendements rejetés a obtenu 70 voix pour et une abstention. Il ne nous a pas semblé, au regard de ces votes, que la ligne que tu proposais et si massivement rejetée avait vocation à être notre ligne collective. Dés lors, nous comprenons mal que tu nous reproches un déni de démocratie alors que chaque fois que tu demandes un vote, tu l'obtiens mais que tu ne te sens d'aucune manière, tenu de le respecter.

Voir ci-dessus. Bien avant ce vote, j'étais déjà écarté du forum du 12 juin !

Mais j'ajoute que ce n'est que le début d'un débat, forcément. Et j'espère profondément que ces votes, vu les limites de leur déroulement, et la confusion qui les a entourés, ne seront pas la position définitive de Nps.

J'espère que nous n'allons pas « geler » 17 % des voix, hors du camp du « non» et aider ainsi, par la division, le « oui » à arriver largement en tête dans notre parti !

J'espère, car j'entends des versions différentes, que ça bouge dans les têtes de nos principaux dirigeants, et qu'on va en revenir à une position unitaire de Nps, Nm, Fm, qu'on va répondre à l'appel correct et sincère d'Henri Emmanuelli pour une motion commune en septembre.

Mardi 14 juin, à l'Assemblée, je suis passé, si je comprends bien en « tribunal populaire» avant même mon arrivée, mais à la fin de cette réunion de direction, j'ai demandé si nous répondions favorablement à l'invitation d'Henri Emmanuelli du « non » socialiste du 18 juin...

Je n'ai pas pu obtenir de réponse : qui décidera ?

J'espère qu'on va se donner les moyens d'élaborer et de construire l'unité ! j'espère qu'on va ré-apprécier l'importance de la victoire durable, fondatrice, du 29 mai et cesser de laisser entendre qu'il faut en tourner la page. Nous devons, au contraire, nous appuyer dessus !

Pour ma part, j'essaie de conduire le débat loyalement dans nos rangs et de faire avancer les choses, je me trouve sans doute provisoirement dans une position inconfortable, mais je vous le dis : si nous n'avançons pas dans le bon sens, beaucoup de militants et moi serons obligés de faire un choix pour ce congrès, car alors il faudra sauver, tout ce que l'on peut de l'unité des

« non » socialistes, faire que le maximum de voix se portent sur celles et ceux qui l'incarneront clairement et non pas sur une « autonomie » qui n'a aucun sens... sinon de rallier le camp des oui, dans la nuit du congrès, dans le dos des militants.

Vous voyez, camarades, je pose clairement les questions, moi, au contraire de votre longue lettre ! Je sais qu'elles n'ont pas encore été perçues comme cela dans tout le courant, mais tôt ou tard, cela devra s'éclaircir, je vous ai dit cela le 3 juin, et j'aurais aimé le dire sous une forme appropriée le 4 et le 12 juin, mais vous m'avez censuré...

Bien : ce fut un choix politique ces jours-là ! Mais in fine, le débat de fond s'imposera...

«Si chacun se comportait de façon semblable, il serait difficile, tu le comprendras, de construire quelque position commune durable.

Que tu proposes de mener campagne ouvertement contre la position de notre

parti après avoir, comme nous, demandé un référendum dont tu n'as pas contesté le résultat et qu'ensuite tu ne respectes pas et travestisses les positions de ton courant, ça fait beaucoup.»

Quel « ton » et que de menaces contenues dans cette phrase !

Je préfèrerais un débat calme et qui nous fasse avancer et réfléchir ensemble. Mais la phrase ci-dessus est plus que décevante en ce sens.

Non, ça ne fait pas « beaucoup » !

C'était juste, démocratique et nécessaire que de faire campagne pour le « non » socialiste !

Et les positions de mon courant ayant été carentes aux yeux mêmes de centaines de nos camarades Nps, ( je ne parle pas de la mauvaise image que cela nous a donné dans la gauche au-delà du parti...tous les militants à gauche ont vu...notre côté « ramage et plumage ») je m'attendais à un ressaisissement, après le 29 mai. Je sens, au fond, que votre présente lettre ne va, hélas, pas non plus dans le bon sens : elle sert, au-delà de moi, à conforter, à imposer la ligne apparemment isolationniste qui va conduire à une alliance avec les ouiiistes qui ont fait une campagne minoritaire à gauche, agressive et fausse à notre égard.

Mes amis et moi, qui avons fait campagne en dépit des menaces, nous avons sauvé l'honneur des socialistes, et tous ceux de notre courant qui ont fait campagne ont sauvé l'honneur de Nps, suis-je clair ?

«Mais que, maintenant, tu soumettes au CN du 4 juin un texte signé avec Marc Dolez contraire à la position votée la veille dans une réunion à laquelle tu as participée et où nous avons voté, et que tu oses nous mettre en cause et appeler au respect de la démocratie, c'est trop.»

Mais tu plaisantes Vincent ? Tu te rappelles que le texte arrivé sur la table le 3 juin, n'a pas été discuté entre nous, et que comme d'habitude, (comme les 80 pages du pré projet dit « diagnostic » le 19 mars) je l'ai découvert sans travail collectif, il n'était même pas signé, on l'a eu en cours de Cn alors que David Assouline avait promis, à ma demande, de nous l'envoyer avant pour qu'on y réfléchisse collectivement... Mais c'est toujours comme ça ! Toi-même, le 3 juin, en essayant de ne pas faire voter mes amendements, tu as marmonné, qu'il n'y avait pas de problème avec mon texte, puis devant mon insistance, tu en as trouvé... des problèmes ! Tu t'es arrangé alors pour créer un climat de vote, précisant « tu vas voir, cela va être vite réglé ».

Et le lendemain, tu t'arranges avec Assouline, encore lui, pour que je n'ai pas la parole au Cn du Ps le 4 juin ! ( Comme tu l'avais fait en Seine et Marne, c'était bien avant tout ça d'ailleurs, en novembre 2004, en négociant dans mon dos, contre mon avis et celui des militants du 77, avec un 1er fédéral, pour que David Assouline défende le « non » à ma place en interne, dans ma fédération...).

Raconte toutes tes manœuvres, Vincent, avant d'oser me mettre en cause, moi : c'est le faux pompier incendiaire qui se moque du grand brûlé ! Mais ne me donne surtout pas de leçons de démocratie !

Après avoir tantôt affirmé que tu étais d'accord avec mon texte le 3 juin, tantôt t'être opposé aux amendements qui en étaient extraits, tu t'étonnes si je me suis retourné vers nos amis Marc Dolez et Jacques Généreux, avec lesquels j'ai fait campagne, pour déposer le lendemain un texte clair et cohérent au Cn ? Je ne vais pas non plus me laisser bâillonner au nom d'une solidarité à sens unique...

«Enfin, soyons honnêtes. La ficelle qui consiste à faire porter le chapeau à

quelques dirigeants d'en haut, suspects de préparer un mauvais coup dans le dos des militants de NPS est aussi vieille que grossière. Elle s'applique d'autant moins à NPS que toutes les décisions que tu dénonces ont été prises

collectivement et démocratiquement.»

Ce qui est « ficelle vieille et grossière » c'est ta présente lettre, Vincent.

«Ce que nous sommes obligés de constater, avec toute l'amitié et le respect que nous avons pour toi, c'est que ton activité principale est devenue, pour des raisons que nous ne comprenons pas, essentiellement destructrice. Pourquoi faire autant d'appels à l'unité si c'est pour commencer par la mettre en péril chez nous ?»

Pourquoi me faire ainsi procès, si ce n'est pour contrarier les aspirations à l'unité, au-delà de moi, de tant de camarades qui veulent une réponse que tu esquives : oui ou non, la ligne dite d‘autonomie de Nps va t elle faire le jeu des « ouiiistes » qui vont arriver en tête et dans ce cas, nous rallierons-nous à eux, dans la nuit du congrès, dans le dos des militants ?

C'est une question incontournable, Vincent, et il faut y répondre vite.

J'espère que ta lettre ne cachera pas la forêt stratégique qui est, derrière, en débat : Nps courant né en tirant les leçons du 21 avril 2002, poussera t il le Parti socialiste à tirer les bonnes leçons du magnifique vote « non » du 29 mai 2005 ?

«Comme tu le sais, notre courant a su maintenir depuis Dijon son unité. C'est

assez rare pour mériter d'être souligné. Cela n'a été possible que parce que nous avons adopté entre nous des procédures démocratiques de délibération et de choix, et parce que nous avons su respecter les uns et les autres ces procédures même lorsqu'elle n'étaient pas favorables aux choix qui étaient initialement les nôtres.

Tu as choisi un fonctionnement individualiste qui t'émancipe de toute contrainte collective bien éloigné de celui de chacun de nos camarades.»

C'est ce qu'on dit toujours, dans les plus vieilles soupes des plus vieux pots, à tous ceux qui ouvrent un débat qui dérange...

«Nos camarades doivent la plupart du temps réunir les membres du courant de leurs sections, défendre nos positions devant la CA de section, puis en AG, puis réunir le courant à l'échelon fédéral, puis défendre leur position au Conseil Fédéral et au Bureau fédéral; de la même manière ensuite nous réunissons nos instances nationales du courant, puis nous défendons nos positions au CN et au BN, c'est difficile la démocratie, contraignant peut être mais cela permet d'avancer ensemble.»

La démocratie, cela consiste à ce qu'une direction collective discute collectivement des textes qu'elle est amenée à proposer aux militants, pas à ce que des gens qu'on n'y connaît pas, qui n'en sont pas membres, écrivent ces textes, et qu'on nous mette devant le fait accompli de trouver un texte de 80 pages, sur un coin de table de café bruyant du bvd St Germain, alors que le texte est déjà donné à la presse !

Je suis stupéfait, Vincent, après cet épisode-là, que tu viennes donner des leçons de démocratie : souviens-toi, tu avais, à la hussarde, présenté le texte à l'Ageca, comme un « grand moment de bonheur » alors que tu ne parlais ni des conditions anti démocratiques de son écriture, ni de l'absence de débat en direction, ni des amendements que tu avais reçus et que tu feignais d'ignorer, ni surtout des ruptures profondes de ligne qu'il impliquait par rapport à la motion initiale de Nps pour Dijon !

La démocratie, cela consiste en des débats loyaux, un partage des tâches loyal, pas à des réunions où tout est tranché à l'avance.

La démocratie, c'est respecter l'apport de chacun, et partager équitablement les fruits de notre travail militant, sans prévalence, ni diktat,

Il y a dans Nps, des apports divers et bien connus, dont aussi des membres des motions majoritaires de Brest et Grenoble, des C6R, NG, l'ex GS, D&S, etc... tous ont leur place à égalité, il vaut mieux inclure qu'exclure, tu ne sembles pas l'avoir admis.

«Tu es tout à fait en droit de vouloir continuer à faire vivre tes options politiques. Nous les avons toujours respectées, comme nous avons toujours respecté ta personne. Mais nous ne comprenons pas pourquoi, plutôt que de les assumer sereinement, tu commences par vouloir, une fois que les votes ont eu lieu, et sans informer les camarades, nous faire collectivement et publiquement le procès que tu nous fais.»

Voir ci-dessus...

«Il y a là comme une contradiction entre tes appels à l'unité et tes pratiques concrètes.»

Hé, oui. Ca, je le reconnais, il y a une contradiction qui me met mal à l'aise, sur ce point décisif et qui est réelle : Nps est à la croisée des chemins, et un certain nombre de militants de Nps, dont je suis, s'interrogent. Nous voulons l'unité, mais que va t il arriver si Nps choisit la division ?

Ce qui est irritant dans ta lettre, c'est qu'elle rédigée pour jouer sur des grosses cordes mais qu'elle ne répond pas à cette question de fond décisive...

«Nous observons d'ailleurs qu'à part semer le trouble et la confusion, et faire bien plaisir aux camarades de la motion A, il y a nulle autres conséquence dans cette façon de faire que d'affaiblir ceux qui se sont toujours comportés loyalement à ton égard et qui souhaitent pouvoir continuer de le faire.»

Pour la loyauté, voir réponses ci-dessus, notamment dans le partage des tâches et des mandats depuis 2003, notamment en Seine et Marne, notamment dans le fameux texte de 80 pages balancé sans débat en mars où l'on ne trouvait pas une fois le mot « salariat » et où notre peuple est censé faire du « zapping électoral », notamment dans le temps de parole du 4 juin, au Cn, notamment dans le Nps-Infos de compte rendu du 4 juin, notamment le 12 juin, etc.

C'est un comble que de parler de démocratie, toi, Vincent ! Tout le monde s'en est plaint en direction à tour de rôle et pas seulement moi, depuis le début, il n'y a pas de démocratie dans le fonctionnement de la direction, comme les autres, j'en apprends toujours plus en lisant la presse qu'au cours de nos rencontres du mardi soir ! C'est vrai, tant qu'on n'a pas de problème de fond politique, on a tendance à ne pas s'attacher à ces questions de forme antidémocratiques, on se ménage, on laisse faire, mais on ne devrait pas... car après, les mauvais plis sont pris et au moment où il fut débattre, on a ce genre de mécanismes mis en place... cette lettre...

«Enfin, pour ce qui concerne ta participation aux tables rondes de la journée, il

faut reconnaître de bonne foi qu'il y a bien longtemps que tu ne participes plus à nos réunions de direction, que tu n'a aucunement participé au travail collectif de préparation de cette journée. Fallait-il interdire Pascal Terrasse ou Jacques Rigaudiat de tribune parce qu'ils ne sont pas membres du bureau national ?»

Personne ne veut écarter quiconque pour me faire parler à sa place. C'est là un argument hypocrite, cher Vincent, désolé mais tu le sais, si on ne s'est pas vu pendant la campagne, c'est que tous les mardis soir depuis le 29 mars, j'étais en meeting ! Respecte au moins cela au lieu de dire qu'il y a «longtemps que je ne participe pas aux réunions de direction »... Ce n'était qu'à cause de cela... J'ai aussi un téléphone, une adresse mel... et tu ne réponds pas à mes messages...

Pour être encore plus clair : Arnaud, quand Henri est venu chez lui tenir meeting, y est allé... quand tu as su que je venais à Amiens, (450 personnes) tu n'es pas venu mais tu as dit localement à la cantonade, « il faut qu'il apprenne qui lui donne à manger celui-là ». Ce propos est trop révélateur, personne « ne me donne à manger », je ne vis pas de politique et tu sais trop bien pourquoi je n'ai pas de mandat...

Le respect, en effet, ça s'apprend ! C'est visiblement pas inné...

Il était naturel, logique, évident de donner la parole le 12 juin à un camarade qui avait mené et gagné cette campagne du « non socialiste », non ?

Mais non, ce que Hollande a fait avec Fabius le 4, tu as voulu refaire le même exemple brutalement le 12, pour envoyer un message à qui ?

«Il n'y a chez nous aucune aristocratie naturelle,»

Elle est bien bonne...

«et il était tout à fait possible, pour toi comme pour d'autres, de s'exprimer depuis la salle.»

Mauvaise foi, c'était impossible, et par dignité, je m'en serais bien gardé dans ces conditions...

«D'autres pourraient aussi se plaindre de la même façon de n'avoir pas été présents à la tribune qui ont aussi quelques mérites à faire valoir.»

Mais oui, mais oui, on est tous égaux, dans ce courant, sauf ceux de nos amis et moi qui avons fait campagne pour le “non”...

«Cher Gérard,

Un nouveau Congrès s'ouvre. Tu es en désaccord, depuis un moment, avec les

choix adoptés à une très large majorité par les camarades de NPS. Tu peux

continuer à mettre en scène le feuilleton (sic) des injustices (sic) dont tu serais victime. (sic)

C'est ton choix. Mais il manque de loyauté à l'égard des camarades de NPS.»

Cher Vincent, chers amis,

Je conclurais, à mon tour, en redisant que la loyauté, c'est d'ouvrir les débats politiques lorsqu'on n'est pas d'accord. Ce que je fais, mais sur le fond, ce qui n'est pas le cas de votre lettre !

Mais visiblement Vincent, tu veux esquiver le fond, tu essaies donc d'organiser par cette lettre, la suspicion sur des questions toutes de forme pour jouer classiquement sur des cordes claniques et diminuer l'écoute des arguments.

Je te le redis : m'avoir écarté de la parole au Cn du 4, au forum du 12, ce n'est pas une question d'animosité de ta personne contre la mienne, c'est un enjeu politique, et je commence à revoir, ré examiner, à la lumière des présents évènements, la façon dont le précédent débat sur le pré-projet dit «diagnostic » et surtout sur son étonnant contenu a été conduit en février-mars... mais aussi les raisons politiques de la « non-campagne »...

La loyauté, cher Vincent, c'est de répondre aux débats et aux questions posées, pas de faire ce genre de lettre-procès. Tu l'as faite, ça m'oblige à te répondre et cela va alimenter une polémique inutile, susceptible de décourager la lecture, tout le monde va se lever pour blablater dessus... alors que c'est un cercle vicieux dont on ne sortira qu'en parlant politique, contributions et motions... Mais fais-moi confiance, Vincent, c'est en effet par le haut et sur le fond qu'on s'en sortira.

Respectons-nous en effet, car j'escompte travailler avec toi, avec tous les camarades de Nps, comme avec tous les camarades du « non » sur le fond d'une motion commune !

Gérard Filoche, le 17 juin 2005

«Nous te demandons de respecter les choix de NPS comme NPS respecte les

tiens. La direction nationale de NPS»

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