Certes les jeunes casseurs de banlieue en novembre 2005, étaient désespérés et sans issue, leur jacquerie était d'autant

plus impuissante qu'aucune autre perspective ne paraissait leur venir du mouvement social ni de la gauche

institutionnelle. (cf D&S n°130 déc.05).

Mais il en est tout autrement des bandes organisées qui s'attaquent aujourd'hui aux manifestants lycéens et étudiants

dans les cortéges des anti-Cpe. Là, il ne s'agit plus de manifester du désespoir, mais d'empêcher ceux qui

manifestent le leur.

Il y a toujours eu des casseurs de fin de manif : soit des « autonomes », soit des « décomposés », provocateurs,

et divers ultra-gauches sans finesse. Il y en avait en 1968, mais toutes les années 70 aussi, et Marcellin, le ministre

de l'intérieur de l'époque s'était rendu fameux en les stimulant et en les manipulant pour faire adopter sa célèbre

« loi anti-casseurs ».

Il y en a eu dans toutes les manifestations de jeunesse, de 1976 à 1986, de 1994 à 2005. Ils cassent des voitures,

des vitrines, jettent des projectiles contre les Crs, etc. Cela sert aux télévisions manipulatrices à projeter 3 à 4

secondes d'images sur les manifs de centaines de milliers de participants, et... 3 à 4 minutes sur les feux de

poubelle, une vitrine cassée ou deux voitures brûlées : les grands médias font leur sale boulot grâce à ces casseurs-là.

Mais là, ce qui est nouveau, c'est que les bandes de casseurs ordinaires et « traditionnelles » ont été aiguillées

contre les manifestants eux-mêmes.

C'est LA touche nouvelle depuis les attaques contre les manifs lycéennes de 2005 : ce changement est fondamental,

il détruit des cortéges, diffuse la peur de défiler, brutalise, mieux que les flics les manifestants eux-mêmes.

Nous l'affirmons, cela n'est pas venu tout seul, de la tête vide de ces individus, il a fallu que des provocateurs pervers

instillent l'idée dans ces bandes bornées et bêtes, et ça ne peut être que la touche récente des flics en civil de

Sarkozy: c'est leur innovation, leur création que d'avoir réussi à manipuler si bien ces hordes sauvages contre

les manifs elles-mêmes.

Il y a donc un énorme danger: beaucoup plus grave que le Pen et ses vieilles badernes essoufflées du Fn. C'est

le mouvement social qui est attaqué férocement, directement. Cela ne se faisait qu'aux vieux temps du fascisme.

Il faut donc une riposte unitaire: des services d'ordre unitaires de toutes et tous aux manifs!

Il faut lutter contre ces bandes et leurs flics infiltrés, il faut contrer leurs meutes et leurs instigateurs, les arrêter,

enquêter sur elles et leurs indics, et faire que la peur se retourne contre elles en les frappant et en les traquant sans

pitié, c'est une question qui peut être de survie.