Pierre Moscovici, de la motion 1 du Parti socialiste, partisan de Dominique Strauss-Kahn, dans "l'Hebdo des socialistes", conclut, à propos des élections allemandes, qu'il n'y a pas d'autre solution que de réaliser la "grande coalition", c'est-à-dire l'alliance de la droite et de la gauche. Tout est dit : Schroder a fait une politique pro-libérale, il perd donc des appuis dans la gauche allemande, il la divise, il fait le jeu des ultra-libéraux, et il boucle la boucle en faisant alliance avec eux... sous prétexte de les modérer dans leur politique "ultra".

Pourtant : "Il existe une majorité à gauche du centre". Aussi bien la Süddeutsche Zeitung, que le secrétaire général de l'IG Metall, Jürgen Peters, ont reconnu qu'il existait une majorité numérique du SPD, des Verts et du Linkspartei (Parti de Gauche).

Par réaction à la politique pro-libérale de la direction du Spd, le Linkspartei a réalisé une percée et gagné 8,5 % des voix. Mais hélas, les dirigeants du SPD choisissent cette abomination faire convergence avec la CDU plutôt qu'avec le Linkspartei. Aucune autre coalition n'a été aussi violemment combattue par Schroder avant les élections qu'une éventuelle coalition rouge-rouge-verte. Rares étaient les signaux venant du SPD en faveur d'une collaboration avec le Linkspartei, et ils sont demeurés lettre morte même lorsqu'ils ont été exprimés par des personnages de premier plan comme le maire de Berlin, Klaus Wowereit. L"' alliance de la gauche " a été dénoncée par l'ensemble des médias comme un scénario de film d'horreur : le progrès était censé être la destruction de l'Etat social, le conservatisme c'était, les syndicats et le Linkspartei, présentés comme défenseurs archaïques des " acquis " sociaux.

Si nous étions militants du Spd nous lutterions pour l'alliance rose, verte, rouge !

Si nous étions allemands nous dénoncerions avec force la "grande coalition" qui ne peut conduire qu'à toutes les trahisons, toutes les confusions, affaiblir les syndicats, l'espoir de gauche, et renforcer l'extrême droite, in fine. Si nous étions membres du Linkspartei, nous militerions pour un "front unique" avec le Spd en lui demandant quotidiennement de rompre la "coalition gauche-droite" et de revenir dans son camp naturel.

Nous sommes européens et nous voulons demander au Pse de désapprouver une politique de collaboration droitegauche qui brouille toutes les valeurs de la social-démocratie en Europe.

Nous préparons un congrès en France et nous demandons à la majorité du Ps français de désapprouver et le choix de la "grande coalition avec la droite" et la politique pro-libérale qui l'a précédée et qui y a conduit.

Il faut choisir ; soit défendre comme Pierre Moscovici la coalition avec la droite, soit le contraire, un choix unitaire ancré à gauche, comme le récent communiqué Ps, Pcf, Verts, Lcr pour le soutien aux revendications et aux luttes sociales du 4 octobre 2005.