Le social au cœur, mais comment ? 32, 60, 1600 !
Un programme de gauche fait avec des grands mots,
des phrases à n’en plus finir sur le « bien être », ça
ne prend pas, ça ne prend plus. Promettez des mots
et des mots et des mots, ça laisse sceptiques les électeurs de
gauche.
Annoncez un « projet » et tout le monde dort déjà : le PS
en a fait un en 2002, un autre en 2005, puis un autre en
2006… Il y en avait des pages et des pages, et des pages. Il
manquait l’essentiel, la ou les revendications phares, clefs,
incontournables qui incarnent de façon chiffrée, immédiate,
précise, la volonté de changement réelle.
La bataille du « projet » sur le « bien être » annoncée par
Martine Aubry en commençant par une initiative sur le climat,
une convention sur la culture, des chantiers sur la
recherche, des conventions sur le nouveau modèle de développement
ou sur l’autorité et les libertés, des millions de
gens ne s’y intéresseront pas. Des millions de gens croient
que c’est fait pour les endormir. Les mots : « société du travail
», « fiscalité » « assises des territoires », ça ne vaut pas
mobilisation. Des phrases, des ensembles vagues, pas clairs,
pas perceptibles, pas chiffrés. Ça prend du temps, de l’énergie
et ça ne fait pas envie. Ça finira en un catalogue de 40
pages. Un « projet », ça se condense, il faut que ça parle vite,
clair et bien à des millions et des millions de gens. Le social
au cœur.
32 h hebdomadaires, travailler tous moins pour travailler
tous et mieux. Incontournable réduction du temps de travail
quand il y a 3 millions de chômeurs. Contrôle des licenciements.
60 ans : retraite assurée et garantie, du temps pour profiter
après une vie de travail. Moins de boulot pour les seniors et
davantage de boulot pour les juniors !
1600 euros tout de suite pour le Smic et par contrecoup
hausse de tous les salaires avec des conventions négociées,
encadrées.
Les salaires c’est la sécu, c’est les retraites, c’est le logement,
c’est la vie.
32, 60, 1600 : redistribuons les richesses pour relancer
l’économie.
Tout tient en ça.
Un «projet» plus c’est bavard, dilué, fouillé, long, sans
chiffre, sans précision sur les questions sociales centrales,
moins on y croit !
32, 60, 1600 !
Le reste arrive après de façon plus crédible :
Salaires maxima tout inclus net à 20 fois le Smic. Au-dessus,
l’impôt prend tout, tranche à 90 %. Vous voulez parler fiscalité
? Parlez-en d’abord ainsi.
Vous voulez parlez banque ? Un grand service public de
banque et de crédit!
Services publics : une économie mixte, rendez à la nation
tous ses services publics, collectifs, essentiels. Que les lois
de la République l’emportent sur le marché : un code du travail
protecteur, démocratie sociale, des CDI. Une école
publique pour tous avec des petites classes et beaucoup plus
de profs. Pas de « patron » pour les hôpitaux : démocratisez
leur fonctionnement en service public en lien avec les usagers
et les personnels. Sauvez la Poste, la SNCF, EDF GDF...
Protection sociale pour toutes et tous par les cotisations
sociales, prélèvements progressifs prestations égalitaires.
Ensuite tout fait son chemin.
On est écoutés, on nous croit, le reste se fera. Les grandes
idées seront mieux créditées approuvées, soutenues.
L’Europe « si on veut, on peut… » l’entraîner dans cette
voie: un grand pays comme la France qui fait ça en contamine
d’autres. L’Europe sociale, Smic européen, ça
suit…Les peuples applaudiront.
Des échanges contrôlés, équitables, ça se définit, ça s’instaure,
ça s’impose.
Une République sociale, parlementaire, laïque, démocratique,
écologiste (préciser : assez de « Bling-bling, de présidentialisme
», et « stop au cumul des mandats » : c’est
sensible).
Une gouvernance mondiale avec l’OIT, l’OMS, l’OME,
l’OMC, l’ONU. Ça coule de source. Pas besoin de
10 conventions, de centaines de milliers d’euros. De bla-bla
qui dilue.
Des millions de gens sauront reconnaître un vrai « projet »
et accrocher tout de suite : 32, 60, 1600.
Gérard Filoche