GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Le peuple Malgache rejette le pouvoir présidentiel

Une crise de longue durée a éclaté à Madagascar.

Elle trouve sa source dans la politique

du Président Marc Ravolomanana

qui a la tête du puissant groupe agro-alimentaire

du pays spolie les malgaches de la terre

des ancêtres et laisse l'immigration chinoise

et coréenne investir dans l'immobilier et le

commerce. Cette politique vise à financer en

contre partie les grandes infrastructures du

pays, notamment le réseau routier...

Cette

politique se superpose à la crise économique

qui rend chaque jour les denrées alimentaires

de plus plus chères. La bourgeoisie

merina se divise engendrant une crise sociale

et politique comparable à 1992, mais

opposant les merina entre eux, alors que

toutes les crises antérieures de la colonisation

à 2002 avaient opposés les Mérina aux

ethnies côtières.

Marc Ravolomanana est arrivé au pouvoir en

2001 lors des élections présidentielles après

un coup d'état judiciaire entre les deux tours

et l'aide forcée de la France pour mettre fin à

la présidence de Didier Ratsiraka. A cette

occasion les Merina étaient unis pour le

changement social, pour mettre fin à la corruption,

pour construire des infrastructures,

pour projeter le pays dans le développement

économique. Ce gouvernement bascula

rapidement dans l'évangélisme, se mit à restreindre

les libertés individuelles, tout en

développant le libéralisme en faveur du

capitalisme américain, des chrétiens démocrates

allemands, des dirigeants de la Chine

populaire ou de la Corée du Sud. Cette politique

se heurte aux conceptions des églises

protestantes et catholiques traditionnelles,

aux traditions francophones de la bourgeoisie

Merina qui se lamente de la puissance

économique du Président-PDG, gérant le

pays à son plus grand profit. Dans le même

temps, la corruption atteint des niveaux

jamais atteint, la monnaie dévaluée avec

l'instauration de l'ariary et la disparition du

franc malgache, la justice sommet de se

mettre à son service. Ainsi, le peuple s'enfonce

chaque jour de plus en plus dans la

pauvreté et la misère.

Cette situation a permis de promotionner lors

des dernières élections municipales contre

toute attente le jeune Andry Rajoelina contre

le candidat du TIM présidentiel. Cette nouvelle

donne ne mit pas fin au plein pouvoir

du Président, au contraire ce dernier multiplia

les entraves et les provocations à la gestion

du nouveau maire de Antananarivo,

divisant la grande bourgeoisie Merina...

Dans ces conditions la crise ne pouvait

qu'éclater. l'Arema affaiblit par le départ en

exil de l'ancien dictateur Didier Rasiraka à

NEUILLY ne pouvait que s'allier tactiquement

au nouveau homme fort de la capitale.

Par ce renfort, la crise s'est étendue à l'ensemble

du pays, l'Aréma a retrouvé des couleurs,

son fils Roland Ratsiraka trouvant là un

moyen de sortir de l'ombre. Des centaines de

morts lors des affrontements entre les deux

factions, le pillage des magasins du groupe

agro alimentaire, une armée paralysée, une

police au côté du Président a ouvert un cycle

de crise dans la durée et à l'issue incertaine.

La tension monte après l'auto-proclamation

de la destitution du Président de la

République par la rue. En réponse Marc

Ravolomanna a destitué le Maire , a nommé

de nouveaux chefs de Fonkontany (quartiers)

sur la communauté urbaine d'Antananarivo

et a mis cette communauté par délégation

spéciale sous le pouvoir d'un Président Guy

Randrianarisoa. Alors que dans le même

temps, le jeune maire destitué intronisait

Michèle Ratsivalaka, son adjointe, à sa place

tout en appelant la population à désigner

leurs chefs de fonkontany dans les 196 que

composent l'agglomération.

Un bras de fer s'est engagé entre le Tanora

Malagasy vonona (TGV) et le TIM, les affrontements

meurtriers ne sont pas fait attendre,

la manifestation du 7 février au palais

d'Ambahitsorohitra, siège de la primature,

pour la mise en place d'une charte de transition

pour une 4ème République s'est terminé

dans un bain de sang, avec semble t-il

une quarantaine de morts et plus de 300

blessées par balles. La garde prétorienne

renforcée de mercenaires sud africain chargée

à balles réelles sur la manifestation sans

sommation au moment où la délégation

inconduite rejoignait la foule. La crise à

Majaungha où l'Aréma s'est refait une santé

et à Antsirana (Diego Suarez) où les signes

indépendantistes et rattachistes vis à vis de la

France sont de plus en plus perceptibles est

de même nature... L'ambassade de France

reste en apparence neutre, les relations avec

le pouvoir malgache reste très diplomatique.

Elle appelle officiellement au calme et au

dialogue... alors que l'Union africaine vient

d'apporter son soutien au Président de la

République et leader du TIM.

Cette crise économique, sociale et institutionnelle

reste pour l'instant sans issue. La

constitution est verrouillé en faveur du

Président, l'armée reste divisée comme en

témoigne la démission de la ministre de la

défense Manorohanta Cécile et la médiation

des églises FFKM sollicitée par le pouvoir.

Une crise sociale et politique qui met notre

ministre des affaires étrangères au centre des

contradictions de la politique néo coloniale

de la France... face aux intérêts des USA ou

de la Chine...

Bernard Grangeon

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