GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Economie Théorie Histoire

Le libre échange, ou la boîte de Pandore

C'est marrant... Cela fait, combien déjà ? ... que nous luttons contre le néo-libéralisme, et nous n'avons pas trouvé le moyen de faire du libre-échange LA question centrale de nos réflexions. Oui oui, je sais, une multitude d'autres thématiques sont importantes, les Ogm, l'eau, les services publics, la santé, .... Mais le libre-échange est bien LA question centrale, le pivot autour duquel s'organise tout le reste (ou presque).

Car de quoi s'agit-il ? De permettre la circulation sans entraves de par le monde des biens et des services. Il paraît que chacun y trouverait son compte... : consommateurs ravis de trouver des biens et services moins chers, entreprises heureuses de pouvoir trouver des débouchés dans tous les pays pour leurs produits et services. Je n'aurai pas l'audace de faire une tartine sur les conséquences réelles que nous observons, ni le temps d'insister sur l'articulation évidente entre libre-échange et libéralisation des mouvements des capitaux et ses conséquences... Mais c'est bien à une mise systématique en concurrence des salariés et des législations sociales que l'on assiste en fait. Car quoi ? Quitte à s'acheter une chemisette, le consommateur lambda préférera à qualité relativement égale une chemisette moins chère ; moins chère parce que le coût du travail qui y est incorporé est moindre dans certains pays que d'autres, et ce d'autant plus qu e certains autres pays ont fait le choix d'un niveau de protection sociale (et écologique espérons-le un jour) supérieur à celui d'autres pays qui ont notamment une Histoire différente.

La messe est dite : si le libre-échange perdure, si la notion de compétitivité devient l'alpha et l'oméga de toute politique économique (ce qu'il faut qu'elle devienne si effectivement le dogme libre-échangiste ne trouve de limites), si nous nous targuons de réussir à tirer notre épingle du jeu en devenant une « économie de la connaissance » » (pourquoi ? Ils seraient donc inférieurs intellectuellement à nous, les Indiens et les Chinois ? Moins bien dotés désormais en universités et centres de recherche et développement ?), les pays européens à haut niveau de développement social peuvent abandonner tout de suite leurs modèles sociaux ! Oui le Medef a raison : il faut travailler plus pour moins, abolir le Smic, balayer le droit du travail, renoncer à nos retraites, et puis, pendant qu'on y est, jeter par-dessus bord la Sécurité Sociale dans son ensemble. Accepter la désindustrialisation de nos pays (mais ça, on ne le dit pas trop fort...) et transformer tous les travailleurs mis à la porte ou ceux qui n'auront pas les diplômes suffisants en « « aides à la personne » ». Bref accepter la dichotomie de la société entre ceux qui auront les ressources intellectuelles pour peut-être surnager dans le marasme, et les autres, réduits à de la valetaille précarisée au service des autres... (...)

Or devons-nous accepter que des pays tiers, comme le dit Jacques Sapir, choisissent de fait pour nous, par le biais de leurs propres choix de développement économique, ce qu'il adviendra d'un modèle économique fruit de notre Histoire et de nos choix collectifs ? C'est pourtant ce qui adviendra si nous nous plions au dogme libre-échangiste.. .(...)

Oui la lutte contre le libre-échange est un impératif absolu ! Oui, il demande un débat vif, économique certes, mais aussi politique, qui prenne en compte des dimensions historiques, sociologiques, et même anthropologiques. (...)

Pascale Fourier, le 24 Novembre 2006

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