GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

Le combat continue

Cher(e) camarade,

Le Congrès du Mans s'est terminé par une synthèse générale à laquelle les délégués de Forces Militantes ne se sont pas associés, en refusant de participer au vote.

J'avais adopté la même position au cours de la nuit de samedi à dimanche lors de la Commission des résolutions où, sur les 25 délégués de la motion 5 (dont Gérard FILOCHE ne faisait hélas par partie), nous avons été 5 (Arnaud MONTEBOURG, Christian PAUL, Thierry MANDON, Karine BERGER et moi-même) à nous prononcer contre la synthèse générale.

Comme je l'ai indiqué à la tribune du Congrès, cette synthèse d'appareil est source de confusion politique.

Six mois après le 29 mai, elle est illisible par le peuple de gauche qui s'est massivement rassemblé sur le NON et qui attend de nous que nous ancrions véritablement le Parti Socialiste à Gauche.

Le rassemblement des Socialistes dans l'action contre la Droite ne nécessitait évidemment pas une synthèse à minima qui ne règle rien sur le fond et qui n'est pas exempte d'arrières-pensées...

Ce point de vue était d'ailleurs largement partagé par les militants de la motion 5 présents au Mans, comme cela est apparu clairement dans les AG de motion, et qui n'ont donné aucun mandat explicite pour arriver à la synthèse.

Nous allons très vite définir les conditions dans lesquelles nous allons poursuivre notre action pour changer le Parti Socialiste et répondre à l'espérance du peuple de Gauche.

Avec les militants de "Forces Militantes" et tous ceux qui le voudront aussi, nous serons nombreux à nous engager dans cette voie.

Je compte sur toi pour relayer ce message, et ne manquerai pas de t'informer très vite des initiatives qui seront prises.

Amitiés socialistes et militantes

Marc DOLEZ

P.S. : Je te transmets ci-dessous pour information le texte de mon intervention au Congrès du Mans.


Chers camarades,

Mes chers camarades, il ne suffira évidemment pas de ce congrès

pour retrouver la confiance des Français tant leur scepticisme est grand à

notre égard. Mais ce congrès du Mans peut être utile et, pour que ce congrès

soit utile, je le dis comme je le pense, nous n'avons pas besoin d'une

synthèse d'appareil qui serait source de confusion politique, mais nous

avons besoin d'adresser un message fort à l'ensemble des Français, et en

particulier au peuple de gauche qui s'est clairement et massivement exprimé

le 29 mai dernier. Un message qui montre que nous avons commencé, nous les

socialistes, à tirer les leçons du 21 avril 2002 et du 29 mai 2005, et que

nous commençons à tirer les leçons pour offrir une perspective politique au

mouvement social.

Le message qui devrait sortir de ce congrès du Mans tient me

semble-t-il en trois points : d'abord, les socialistes sont résolument

opposés à la politique de casse et de démolition sociale de la droite au

pouvoir et, une fois revenus aux responsabilités, ils abrogeront toutes ces

lois anti sociales et ces lois scélérates parce que, ne pas le dire aujourd'hui

reviendrait à laisser croire que nous pourrions nous accommoder des ces

lois. Nous avons payé très cher le fait de ne pas abroger les

décrets Balladur de 1993 sur les retraites.

Les socialistes réunis au Mans réaffirment leur opposition

résolue à l'état d'urgence. Ce n'est pas d'un état d'urgence dont nous avons

besoin mais de mesures d'urgence sociale et démocratique pour répondre aux

questions posées et à la grave crise sociale que connaît aujourd'hui le

pays. Et ce que nous voulons dire très clairement aujourd'hui, c'est que

bien entendu, par rapport à l'ensemble des questions qui sont posées,

la République est à l'ordre du jour, une République sociale, généreuse,

solidaire et nous sommes opposés résolument au discours communautariste de

ce ministre de l'Intérieur dont, je le dis, nous aurions dû demander la

démission compte tenu de ses propos démagogiques, populistes, provocateurs.

Oui, nous réaffirmons l'urgence de la République, de la

République sociale et nous demandons des mesures qui rompent avec la logique

libérale pour assurer à chacun le droit au logement, le droit à l'emploi, le

droit à la sécurité, le droit à l'éducation. C'est le premier message, notre

opposition est résolue.

Notre second message est que les

socialistes doivent être porteurs d'un projet et d'une stratégie qui

permettent de rassembler toute la gauche parce que, si à gauche, rien n'est

possible sans le Parti socialiste, rien n'est possible non plus sans le

rassemblement de l'ensemble des forces de gauche.

Et à cet égard la première des choses serait, plus que nous le

faisons aujourd'hui, d'être aux côtés des salariés, de leurs organisations

syndicales et de l'ensemble des forces de gauche qui, comme cet après-midi,

défileront à Paris pour la défense du service public. Oui, nous devons être

aux côtés des salariés et de leurs organisations pour nous battre contre la

privatisation d'EDF. Nous devons être aussi aux côtés des salariés et de leurs organisations

qui se battent pour la défense de l'emploi, des conditions

de travail.

Notre congrès pourrait mandater la direction du Parti pour que, le

10 décembre prochain, nous soyons aux côtés de l'ensemble des associations laïques de ce

pays, un siècle après la loi de séparation des Églises et de l'État, pour

réaffirmer l'importance de la laïcité.

Et puis notre troisième message, probablement le plus fort,

celui qui serait le plus rapidement compris par nos concitoyens, c'est celui

du changement de notre fonctionnement et de nos pratiques politiques pour

montrer que dans le Parti socialiste nous faisons en sorte que les militants

puissent se réapproprier leur Parti et en faire une démocratie qui soit bien

vivante. La rénovation du Parti, nous l'avions dit avec fermeté à Dijon, est

à l'ordre du jour. Je constate qu'aujourd'hui beaucoup parlent de la

rénovation du Parti, c'est bien, mais ce qui est encore mieux, c'est de la

faire ! Parce qu'une organisation comme la nôtre ne peut pas ne pas s'appliquer à

elle-même ce qu'elle propose pour l'ensemble de la vie politique.

Alors moi, en lisant les motions, je suis tenté de dire : chiche!

On est pour le mandat unique des parlementaires, chiche ! Nous

pouvons l'appliquer aux socialistes sans qu'il y ait besoin d'une loi pour

cela. Nous sommes pour la parité, chiche ! Eh bien, à partir des élections

prochaines, nous allons désigner nos candidats aux élections législatives au

printemps prochain, partout, dans toutes les fédérations, nous devons

strictement appliquer cette parité. Nous voulons limiter le cumul des

mandats, des responsabilités et des fonctions;

commençons par le faire à l'intérieur du Parti. Non cumul des mandats, non cumul des

fonctions et aussi bien entendu le non cumul dans le temps.

Oui, mes chers camarades, sans qu'il soit nécessaire de

rechercher à tout prix une synthèse artificielle, nous pouvons réussir notre

congrès du Mans si nous adressons au peuple français, au peuple de gauche,

ce triple message en n'oubliant jamais que celles et ceux qui croient en la

gauche, qui nous font confiance pour améliorer leur vie quotidienne et leur

sort, attendent que nous soyons vraiment

nous-mêmes, que la gauche soit vraiment la gauche autour de ces valeurs,

autour des valeurs qui nous ont rassemblés depuis 1905, de liberté, d'égalité,

de fraternité, de laïcité, de solidarité, ces valeurs auxquelles nous devons

être fidèles.

Il me semble que pour les semaines et mois qui viennent notre

feuille de route tient en ces deux formules qu'aimait à rappeler François

Mitterrand, celui qui nous a ouvert la voie car c'est bien d'un nouvel

Épinay dont nous avons besoin aujourd'hui, François Mitterrand disait : « On

est socialiste lorsqu'on a la capacité de se révolter à chaque fois qu'il y

a une injustice. » Et il ajoutait que dans les épreuves et dans les

difficultés, c'est sur les fondamentaux du socialisme qu'il faut savoir

tenir bon. Si nous sommes fidèles à cette feuille de route, oui, mes chers

camarades, nous répondrons à l'espérance née le 29 mai dernier. Nous serons

à la hauteur de la situation historique dans laquelle nous sommes et nous

pourrons faire en sorte qu'à nouveau le Parti socialiste porte l'espérance

pour que vive le socialisme et que vive la gauche.

Marc DOLEZ - Samedi 19 novembre 2005 - LE MANS

Document PDF à télécharger
L’article en PDF

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…