Le 29 janvier, grève générale
Je le sens dans toutes mes permanences de l’inspection du travail : les salariés suffoquent de tout ce qu’ils subissent. Menaces ouvertes, chantages à l’emploi, incertitudes sur l’avenir, pressions sur les objectifs à atteindre, blocage des salaires et primes, méthodes de management brutal, licenciements abusifs, multiplication des « ruptures conventionnelles »… Comment accepter ? La haine sociale monte. Oui « la haine sociale » ! Car une des phrases les plus entendues, c’est : « Quand ils veulent, ils trouvent des milliards ». Pour les banquiers et banqueroutiers ! Pour les actionnaires. Pas pour les salariés : Sarkozy est passé de « travailler plus pour gagner plus » au « travailler moins pour gagner moins » : il est devenu le roi du chômage partiel ! Il en facilite la mise en place aux employeurs, il les aide, il les encourage, et les salariés perdent 40 % de salaires.
Alors que 50 % des salariés gagnent moins de 1 480 euros, comment peut-on vivre au chômage partiel à –40 % de salaire ? Même à –20 % c’est intenable.
Je connais un célèbre voyagiste de l’avenue de l’Opéra qui a même réussi à ce que ses 250 salariés ne mettent jamais en place ni CE, ni DP, ni CHSCT, ni syndicat, il continue de les faire travailler à 100 % mais leur impose à tous, « à cause de la crise » une perte sèche de 10 % de salaire : il les a fait signer individuellement un avenant au contrat de travail, seuls 4 d’entre eux ont refusé, il les a licencié ! Alors que bien sûr il n’a pas gagné moins en 2008 qu’en 2007 !
Sarkozy n’a pas un sou pour l’hôpital, licencie les profs et les cheminots, mais vient de rajouter 10,5 milliards pour les banques, lesquelles n’ont pas à se justifier : si elles perdent, elles sont renflouées. Le « plan de relance à Sarkozy », c’est tout pour aider les patrons pas les salariés. Et 80 % des « plans de sauvegarde de l’emploi » sont un refus d’accepter une réduction des bénéfices à venir ! Le CAC 40 a gagné autant en 2008 qu’en 2007, les actionnaires de l’automobile aussi, les banques aussi, la Société générale a augmenté ses bénéfices, jamais la France n’a été aussi riche, les caisses privées débordent ! Chacun le sent : ils veulent faire payer LEUR crise aux salariés. C’est pour ça que l’occasion exceptionnelle donnée par les huit syndicats, CGT, CFDT, FO, FSU, UNSA, SUD, CGC, CTFC, le 29 janvier, tombe à pic : cela fait longtemps qu’il n’y avait pas eu un appel unitaire interprofessionnel de cette ampleur, à la fois public et privé, à grève et à manifestation.
N’est pas Margaret Thatcher qui veut : Sarkozy pourrait bien s’apercevoir, à coups de pied dans le c… que les grèves en France, ça ne passe pas inaperçu.
Gérard Filoche
