GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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La Valls des grandes idées qui ne servent à rien sauf à perdre

Dimanche 11 mai 2008, Manuel Valls proposait que la désignation du premier secrétaire du parti soit désormais le fait de tous les Français. Il s'agirait, selon lui, d'une « véritable révolution », qui garantirait au PS le retour à un fonctionnement démocratique idéal. Quelle vision de ce qui est révolutionnaire !

Ouvrir le scrutin à tous les Français, c'est avouer l'incapacité dans laquelle se trouve le PS de se reconstruire au moyen de ses propres forces. Pour mener à bien sa rénovation, ce sont les militants socialistes qui doivent décider de l'orientation que le Parti doit prendre, et non pas n'importe quel péquin qui se ferait une idée en ouvrant Le Point le matin d'un vote quelconque. Souvenons-nous de la période de l’investiture socialiste, à la fin 2006, et de l’éphémère succès de Ségolène Royal. Ce sont les conférences de rédaction des grands journaux d’opinion, ainsi que les principaux instituts de sondages, qui l'ont désignée candidate aux présidentielles, bien plus que le débat militant qui se résumait souvent au gnangnan "oui, mais les sondages indiquent que les Français la préfèrent". On aurait mieux fait de regarder dans une boule de cristal… Ne nous laissons pas mener une nouvelles fois en bateau, simplement parce que nous n'aurions pas confiance en notre force de conviction et en notre capacité à construire un projet, un programme et un candidat. Car un candidat, dans une élection plébiscitaire comme l’est la présidentielle, ça se construit !

Le Parti Socialiste est une organisation politique (c'est une lapalissade que de le dire, mais parfois il faut le rappeler !). Pas une boîte de production qui lance un interprète comme d'autres lancent un yaourt aux vertus amincissantes. Plus que jamais le Parti a besoin de se réaffirmer en tant qu'outil politique au service des salariés de ce pays. Pour cela, il faut renouer avec nos fondamentaux idéologiques : reconnaissance de la division de la société en classes sociales aux intérêts antagonistes, soutien au mouvement des masses, implication dans les syndicats, union de la gauche, internationalisme… L’outil politique pour réaffirmer cette ligne ne peut être qu’un Parti Socialiste, véritablement démocratique, qui reconnaît le droit de tendance en son sein et qui permet de débattre sur le fond. Nous ne voulons, ni ne pouvons nous résigner à appartenir à un parti de supporters et de groupies ! Nous ne voulons pas d’un « leader », mais d’un véritable combat d’idées. Nous n’en avons pas peur, car nous savons que nos positions, indépendamment des questions de personnes, sont majoritaires à gauche et dans le Parti. Arrêtons de céder aux sirènes de la presse croupionne qui nous taxe de conservatisme ou encore d’archaïsme. Il s’agit, bien au contraire, de ne pas nier ce que nous sommes : des socialistes, fidèles à un « réformisme radical », antilibéral et transformateur. La rénovation du PS doit passer par cet éclaircissement idéologique à même de fermer la parenthèse libérale ouverte en 1983. Une fois cette clarification faite, nous pourrons réfléchir sereinement à la nomination d'un nouveau Premier secrétaire qui devra, sinon incarner, au moins porter haut et fort les valeurs et les idées socialistes.

Un programme et un candidat ne servent qu’à une chose : à reconquérir le pouvoir. Cette reconquête ne se fera pas en draguant l'électorat. Comme cela avait été souligné lors du dernier congrès du MJS, nous ne faisons pas la promotion d'un produit de consommation culturelle et courante ! Nous ne devons pas séduire les Français grâce à une personnalité prétendument charismatique, mais leur faire prendre conscience des réalités que l'on cherche trop souvent à leur cacher. Leur faire prendre conscience de la surexploitation d’une partie accrue de la population, mais également de la force collective énorme qui mûrit dans les rangs des salariés. En outre, nous devons proposer aux travailleurs un modèle de développement alternatif à celui proposé aujourd’hui par la droite. Si nous ne proposons pas cela, nous nous plaçons en position de faiblesse, comme lors des dernières présidentielles. Une position où nous ne sommes mêmes plus capables de donner de perspectives et où la réponse à toutes les questions se réduit au pathétique : « ce sera les Français qui décideront ».

Pour lutter contre cette dérive bonapartiste, il convient de redonner une place décisive aux militants de notre organisation en permettant une élaboration démocratique et collective du programme socialiste, mais aussi et surtout, en les laissant se prononcer le jour où ils seront appelés à le faire. Etre militant socialiste, c'est avoir une conscience socialiste, c'est donc être en mesure de raviver la flamme du changement. Sans s'ouvrir à tous les vents, comme le propose Monsieur Valls. ■

Thibault Thelleire (43)

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