GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

La solution de la crise de la gauche se trouve dans le Parti socialiste

Chez les électeurs, la colère est grande contre la politique de Sarkozy au point que 31 % d’entre eux disent vouloir utiliser ces élections régionales pour sanctionner son gouvernement.

Néanmoins, les intentions de vote ne sont pas encourageantes pour la gauche de la gauche, Front de Gauche élargi ou NPA, ni même pour l’alliance Europe Ecologie. C’est le Parti Socialiste qui polarise la majorité des électeurs de gauche.

Il est vrai que, constituant la majorité sortante de 20 régions sur 22, il intéresse les 48 % d’électeurs qui disent se déterminer, pour des élections régionales, sur des enjeux régionaux. Mais ceux-ci ne sont pas tous de gauche.

Pourtant, la gauche de la gauche et Europe Ecologie font cavaliers seuls.

La gauche de la gauche justifie son indépendance à l’égard du PS par la mission qu’elle se donne de reconstruire la gauche. Europe Ecologie justifie la sienne par la spécificité des questions d’environnement. Toutes deux critiquent le PS, accusé d’être le responsable du piteux état de la gauche.

La division ne profite pas aux minoritaires

La direction du PS n’est certainement pas la seule responsable de la crise de la gauche. Mais elle porte une lourde part de responsabilité parce que le PS est majoritaire dans la gauche. Ce sont donc ses dirigeants qui ont le plus de poids pour apporter des solutions à cette crise.

Les autres dirigeants de la gauche en sont moins responsables car leurs partis y sont minoritaires. Néanmoins, il est juste de rappeler que la gauche est divisée depuis la rupture du Programme commun, décidée par la direction du PCF en 1977 : il en paiera lourdement le prix, chutant en vingt ans de 20 % des voix à 7 %. Perçu comme inutile pour résoudre la crise de la gauche, il termine à 2 % et va aux régionales en ordre dispersé : la division ne profite pas aux minoritaires.

Souligner la responsabilité principale des dirigeants du PS, parce qu’ils étaient les mieux placés pour empêcher cette descente aux enfers, c’est reconnaître que la clé pour sortir de la crise est dans le PS. En effet, quand les électeurs de gauche se remobilisent pour battre la droite, c’est au profit des candidats du PS et c’est parce que le PS leur ouvre, de nouveau, des perspectives de victoire.

L’union profitera à tout l’électorat de la gauche

Avec Europe Ecologie, les Verts ont fait un bond parce qu’ils ne se sont pas limités à rassembler la droite de la gauche ou, comme veut le faire le Front de Gauche, la gauche de la gauche : ils ont constitué un très large éventail allant de José Bové à Daniel Cohn-Bendit. Pour prétendre battre la droite, il faut que la gauche ouvre un éventail aussi large. Il faut un arc-en-ciel constitué, autour d’un programme commun, avec Europe Ecologie, le Front de Gauche élargi et le PS, qui retrouvera ainsi ses électeurs.

Si l’unité de toute la gauche devient la stratégie du PS, la gauche de la gauche et les Verts s’y rallieront : ils seraient, sinon, marginalisés comme le fut l’extrême gauche après la signature du Programme commun en 1972.

Malheureusement, depuis 32 ans, depuis la rupture du Programme commun, les dirigeants de la gauche ont souvent préféré créer de nouvelles organisations plutôt que d’ouvrir la perspective d’un parti unifié de la gauche.

C’est le signe d’une génération dirigeante usée qui n’a plus l’énergie de concevoir un grand projet et de le proposer à son électorat. Il est pourtant évident que les moments les plus fastes pour la gauche furent ceux où elle était unie (même de façon bancale) : de 1972 à 1977, de 1981 à 1984 et de 1997 à 2002.

C’est ce que, de son côté, une large partie de la droite a compris, pour elle-même, en constituant l’UMP et en remettant sa direction aux mains d’une nouvelle génération politique, autour de Sarkozy.

La prudence a remplacé l’audace

Huit années sans stratégie, sans projet d’unité, sans bataille déterminée : depuis 2002, la génération qui dirige le PS est velléitaire. Elle est ballotée entre l’affirmation discrète de sa fidélité à la stratégie d’Epinay (1971), ses tentations de tendre la main à Bayrou, la routine de l’accord avec le PRG, la tentative d’acheter les Verts ou le PCF par l’octroi de quelques postes.

Elle se divise sur les options puisque, depuis la retraite de Jospin, aucune personnalité n’a la capacité d’être l’arbitre écouté qui met fin à la guerre des chefs.

Cette hésitation est celle d’une génération de dirigeants qui gèrent les acquis, à l’image de François Hollande, et qui, hormis Ségolène Royal, ne prennent plus de risques. La prudence a remplacé l’audace.

Les grandes mobilisations des 15 dernières années n’étaient pas les siennes, elle les a vu passer, mais elles ne constituent pas son moteur politique.

L’audace, c’est de présenter un débouché politique aux mobilisations sociales

C’est durant leur jeunesse, au moment où se construit leur identité politique, que les membres d’une génération acquièrent la motivation qui, si elle est forte, se maintiendra à travers les révisions nécessaires devant les échecs inévitables et sera le moteur de toute une vie mais qui, si elle n’est pas assez forte, sera effacée par les déceptions pour laisser place au carriérisme.

La génération qui peut prendre la relève a connu la manifestation de 1 million de laïques en 1994 et la victoire contre le CIP, la mobilisation de 1995 contre le plan Juppé, le gouvernement Jospin et les 35 heures, la mobilisation de 2003 pour les retraites, la victoire du « non » en 2005, la victoire contre le CPE en 2006, les manifestations exceptionnelles de janvier et mars 2009.

Ces mobilisations unitaires appellent une réponse politique unitaire. C’est le retour à l’unité de la gauche sans exclusive qui est à l’ordre du jour, de toute la gauche et seulement de la gauche.

Pierre Ruscassie

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