La question scolaire n'est pas close
La presse vient de révéler les grandes lignes de la synthèse du «grand débat sur l'école» qui doit être rendu publique fin mars. Elle a pour fonction d'alimenter le rapport de la commission Thélot, en vue de la révision de la loi d'orientation sur l'éducation de juillet 1989 fin 2004
Ces premiers éléments sous la couleur du bon sens préparent une véritable régression sociale-Recentrer l'éducation nationale sur les apprentissages fondamentaux ( Lire, écrire, compter : S'il y a échec scolaire c'est la faute à la « surcharge des programmes » )
-Mieux protéger l'école de la société : la dilution des repères est mise en exergue. Il faut réhabiliter le travail et le goût de l'effort.
-Assouplir le principe du "collège unique". Les enfants sont différents, il faut bien en tenir compte. !
L'école est en crise
.Enseignants et parents sont inquiets. L'échec scolaire, la violence font les « une ». La question scolaire est un enjeu central de la vie des familles Il faut donc réformer. Comment et pourquoi ? La synthèse des 15 000 débats servira à opposer une parole du terrain à toute contestation de la réforme. «Les participants [aux débats] sont déchirés entre, d'une part, les faits de terrain (hétérogénéité sociale, culturelle et cognitive ingérable, "dictature" des programmes, préparation des meilleurs pour le lycée), et, d'autre part, le dogme du collège pour tous avec des contenus identiques pour tous » peut-on lire dans ce texte qui se qualifie de miroir.
La remise en cause du collège unique :
Les tenants de la pensée libérale évacuent la question sociale, s'emparent des carences du système éducatif qu'ils ont eux-mêmes produits, afin de mieux remettre en cause ses missions de service public, prôner le retour aux filières, affirmer qu'on ne peut avoir les mêmes exigences pour tous les élèves. A aucun moment la question de la construction nécessaire du collège unique des moyens et innovations pédagogiques nécessaires à sa réalisation n'a été posée par la commission Thélot, comme si la démocratisation n'appartenait pas à son champ de questionnement !
Démocratiser le système éducatif
Le parti socialiste doit construire un projet de démocratisation pour l'école et cesser de se limiter aux formules sur « l'égalité des chances » qui apparaissent bien peu opératoires et crédibles.
Changer de méthode
Il faut élaborer les solutions et les moyens, autant qualitatifs que quantitatifs qui permettent de corriger les déficits de démocratie scolaire Une réelle démocratisation est un vaste chantier qui passera par des investissements matériels, des taux d'encadrement renforcés, des réformes au niveau pédagogiques Il y aura un coût.
Défendre le service public et les personnels
Aucune réforme ne peut se faire sans les personnels Ils sont les véritables experts de la question scolaire. La défense de leur statut, de leur droit à la formation continue sont des enjeux qui s'inscrivent au cœur de toute pratique de démocratisation du système éducatif .
La précarité s'étend. La décentralisation s'attaque au statut des personnels. C'est une véritable remise en cause du service public, condition même de la démocratisation. Il n'y pas de contradiction entre la défense des personnels et la réforme du système éducatif. Elles se complètent et se nourrissent. Les positions modernistes d'Allègre à Ferry nous montré au contraire leur volonté de nous ramener au 19 siècle !
Philippe Verdier