GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

La pseudo valeur "risque" contre la valeur du travail

En pleine crise mondiale, Sarkozy, dans son discours

de Toulon, a encore valorisé le « risque ». En risquant

beaucoup, gagnez beaucoup, vive les risquophiles

! Seul bémol hypocrite : « si le risque doit être

récompensé, plus question que l’échec le soit ».

Beau tour de passe-passe : en quoi le « risque » accumulé,

cause d’une crise financière mondiale sans précédent,

peut-il encore être présenté comme une valeur positive et

qu’était ce « risque » où ses amis capitalistes et banquiers,

ceux du Fouquet’s, étaient assurés contre l’échec avec des

stocks option, parachutes dorés, retraites chapeaux?

Comment le « risque » pourrait-il rester une « valeur » et

LE critère de rémunération ?

Obsédés des jeux, gangsters, maffieux prennent des

risques : sont-ils un modèle ? Le « risque » était le moteur

du casino financier mondial, des «actions pourries» et

autres subprimes… résultat de la déréglementation des

gouvernements néo-libéraux, Sarkozy, Merkel, Bush.

Ils avaient même des idéologues à deux sous pour

défendre la prétendue « main invisible du marché » contre

tout état de droit, tout contrôle démocratique. « Wall

Street », c’est la chute du « mur de Berlin » du libéralisme

: l’expert Paul Jorion évalue le total des Credit Default

Swaps US à 62 000 milliards de dollars. Paulson met

700 milliards de dollars sur la table, Sarkozy propose

300 milliards d’euros en Europe, DSK met la barre à

1400 milliards pour le FMI: hier, ils prétendaient ne rien

avoir pour les salaires, les hôpitaux, les écoles… Hier, la

BCE «indépendante» jurait qu’il fallait partout la rigueur

budgétaire pour éviter l’inflation… Aujourd’hui ils font

tourner la planche à billet pour sauver les «risquophiles».

Ce sera sans fin. C’est le hold-up du siècle ! Sarkozy fait

surgir 26 milliards d’euros dans nos caisses publiques qui

étaient prétendument «vides» pour remettre ses amis du

BTP à flots et leur permettre de continuer en prenant de

nouveaux « risques ». Laurence Parisot veut protéger les

employeurs (actionnaires, banquiers…) des « risques » du

droit et revendications légitimes des salariés. Au nom du

Medef, elle a défendu la « rupture individuelle » du

contrat de travail, la fin du droit collectif du licenciement,

mis en cause les prud’hommes : « pour ne pas que les

employeurs soient insécurisés»!

Facilitez le licenciement pour faciliter l’embauche sans

«risque». C’était déjà le fameux argument pour le CNE et

le CPE : report du risque sur le salarié pour mieux rassurer

le profit… C’est aux salariés qu’ils ont imposé tous les

risques, bloqué les salaires, vitriolé le code du travail et

les protections sociales, privatisé les services publics,

licencié massivement, siphonné les fruits du travail pour

augmenter sans cesse leurs marges, spéculé de plus en

plus, et maintenant qu’ils perdent, ils voudraient nous

faire perdre avec eux, pire, nous faire payer leurs pertes…

Ce n’est pas le « risque » qui doit être rémunéré mais le

travail, la qualification, l’efficacité, la solidarité.

Aucun «risque» ne vaut qu’un patron ou actionnaire

gagne plus, disons de… 20 fois le Smic. Le risque n’a pas

de vertu économique, c’est au contraire l’aléa incertain

contre lequel toute économie humaine vertueuse doit lutter

pour se développer, garantir le plein emploi, la sécurité

sociale, le développement durable.

À chacun selon ses capacités et ses besoins, pas selon ses

risques. Mettez donc plutôt 1400 milliards contre la faim,

les pandémies, les accidents du travail, pour aligner les

droits sociaux par le haut. Donnez du crédit aux salariés

pas aux banques! Haussez massivement les salaires tout

de suite, ça relancera l’économie !

Coordonnez-vous en Europe, pas pour sauver les traders,

mais pour un Code du travail européen protecteur, une

Europe des 35 h et un Smic européen !

Gérard Filoche

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