GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

La paille et la poutre

Ce qui paraît étonnant, c’est la rapidité à laquelle certains camarades du Front de Gauche ont repris les propos prêtés à Hollande, à Londres selon lesquels, il n'y aurait plus de communistes et France et qu'il ferait allégeance à la Finance, sans même chercher à vérifier leur authenticité. Il ne leur est pas venu à l’idée que « Le Monde », dont ils ont repris illico les affirmations, n’était peut-être pas un journal « objectif » et qu’il n’avait sans doute pas hésité à tenter d’enfoncer un coin entre le Front de Gauche et le PS.

Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande, affirme qu’il n’y a pas eu d’interview accordée au Guardian, qu’il n’y a eu que des propos tenus lors d’un repas avec des journalistes et que les mots cités l’étaient hors de leur contexte. Il est évident que le terme « communiste » n’a pas le même sens en France qu’au Royaume Uni où il n’y a jamais eu de Parti Communiste de masse atteignant plus de 20 % des suffrages. Ce que disait simplement François Hollande c’est qu’il n’y avait plus, en France, contrairement à 1981, de parti stalinien. A la lecture de l’Humanité, je ne pense pas que François Hollande se soit trompé et que le PCF considère, aujourd’hui, que le bilan de l’URSS soit « globalement positif » comme l’affirmait alors Georges Marchais. Pourquoi faire le choix de croire les interprétations du « Monde » ou du « Guardian » plutôt que les explications apportées par Pierre Moscovici ?

Pourquoi ces camarades du Front de Gauche s'obstinent-ils à se boucher les oreilles lorsque François Hollande affirme à Saint-Etienne que « bien sûr, il y a un Parti communiste et des communistes en France » et qu’il précise « j’ai du respect pour le Parti communiste, j’ai du respect pour l’influence communiste et pour le Front de gauche », en souhaitant « un rassemblement de la gauche avec toutes ses composantes » ?

Pourquoi ces camarades préfèrent-ils ne pas entendre ce que vient de dire François Hollande ? Pourquoi, s’ils avaient réellement le souci de chasser Sarkozy ne salueraient-ils pas cette mise au point ? Pourquoi tiennent-ils tant à cultiver ce qui divise plutôt que ce qui unit la gauche ? Parce que la seule chose qui leur importe vraiment, à la différence de l’immense majorité du peuple de gauche, serait le score de Jean-Luc Mélenchon au 1er tour plutôt que d’en finir avec Sarkozy ? Ce serait pitoyable.

Le Parti de Gauche regrette que le PS ait interrompu les négociations entre le Parti Socialiste et le Front de Gauche sur l’attribution de circonscriptions législatives lorsque Jean-Luc Mélenchon n’avait pas hésité à traiter François Hollande de "capitaine de pédalo". Eh oui, ces négociations ont bien eu lieu et le Front de gauche souhaite (à juste titre) qu’elles recommencent ! Le Parti de Gauche explique benoîtement, aujourd’hui, que "le capitaine de pédalo" n'était qu'un "trait d’esprit" du seul Jean-Luc Mélenchon.

Eh bien, pourquoi n’est-il pas venu à l’idée des camarades du Parti de Gauche que les propos que « Le Monde » et « The Guardian » prêtent à Hollande auraient pu, eux-aussi, relever d’un "trait d’esprit", s'ils avaient effectivement été prononcés ? Pourquoi autant de mansuétude pour les "traits d'esprit" de Jean-Luc Mélenchon et autant de sévérité pour François Hollande dont chacun sait qu’il manie l’humour au moins aussi bien que Jean-Luc Mélenchon ?

Il subsisterait, de toute façon, une différence de taille entre les deux "traits d’esprit". Jean Luc Mélenchon et son entourage n’ont jamais contesté que le candidat du Front de Gauche ait tenu ce propos aussi diviseur, aussi peu favorable à la victoire contre Sarkozy. Ils n’ont jamais présenté la moindre excuse ou dit éprouver le moindre regret. François Hollande et Pierre Moscovici ont, au contraire, multiplié les mises au point et montré, ainsi, leur souci de l’unité de la gauche.

François Hollande, en réponse à la demande de Jean-Luc Mélenchon, avait affirmé devant des millions de téléspectateurs qu’il appellerait à voter pour le candidat de gauche arrivé en tête au 1er tour. Pourquoi Jean-Luc Mélenchon ne fait-il pas la même déclaration ? Parce qu’il estime que le Parti Socialiste n’est pas de gauche ? Ce serait non seulement une grossière erreur mais une totale incohérence de la part du Front de Gauche. Comment pourrait-il expliquer à ses électeurs qu’il demande à négocier le partage des circonscriptions législatives avec un parti de droite ? A moins que le Parti socialiste soit de droite à la présidentielle et de gauche aux législatives.

Nous savons que les positions exprimées par certains militants du Front de Gauche qui n'hésitent pas à faire flèche de tout bois ne sont pas représentatives de la volonté de la grande majorité des électeurs de cette organisation qui souhaitent avant tout battre Sarkozy, même s’ils veulent indiquer leur préférence au 1er tour. Ils ont raison : ce qui importe, avant tout, c’est de remporter la victoire contre Sarkozy. Il ne sera pas possible de le faire sans que la gauche s’unisse au second tour. Essayons de faire en sorte que cette unité se fasse dans les meilleures conditions possibles et évitons de jeter de l’huile sur le feu

Jean-Jacques Chavigné

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