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La grande faucheuse

Sarkozy et Kouchner aiment poser, le visage glabre et martial, au pied des cercueils à Carcassonne, Castres ou Kaboul. Pour eux, c’est un chantier médiatique. À Carcassonne, une « démonstration de guerre antiterroriste » s’était terminée par un tir à balles réelles sur la foule familiale qui y avait été conviée : un accident déjà.

Prés de Kaboul c’est pareil, boum, la nuit, un tir de missiles, erreur, un village afghan détruit, 90 morts civils. « Mais non, ce n’est pas une guerre » précise Kouchner. C’est quoi, c’est la « pacification » ? On connaît. En tout cas c’est la démolition : juste avant la destruction des maisons afghanes, dix jeunes hommes de 20 ans sont morts dans une « patrouille » dont Sarkozy a osé dire qu’il « ne l’aurait pas faite ».

D’autres ont dit « - C’est la guerre, c’est leur métier, c’est un accident du travail ».

Les accidents du travail – les « AT » – tuent plus que les guerres : 2,2 millions de morts dans le monde, 700 en France - dont la moitié « dans le bâtiment ». 300 ouvriers français meurent en 365 jours, non pas pour détruire les maisons des autres, mais pour construire les nôtres. Vous avez déjà vu « le chef » Sarkozy se rendre au pied des cercueils des ouvriers du bâtiment ?

Pourtant ils trouvent la mort en embuscade, là où un chef n’a pas fait ce qu’il fallait,

sur une voie de dégagement avec machine dangereuse, à cause d’un garde-corps mal placé, d’un puits mal étayé. Ainsi il y a peu, un jeune Roumain de 20 ans, sans-papiers, rue de la Michodière, au coeur de Paris, tué parce que « le chef » avait décidé pour aller plus vite et économiser un ascenseur de chantier, de faire passer du béton dans des goulottes qui se sont écrasées sur lui.

Laurence Parisot, chef des patrons, a failli arriver fin août à son université d’été du Medef en parachute : au dernier moment, elle y a renoncé. Par peur d’un accident ? Ou parce que le lien patron et parachutiste tombait mal ?

Il n’y a pas de fatalité, il y a des responsables. À la guerre et dans les accidents du travail.

Il y a Sarkozy, esprit virevoltant, qui, il y a un an, envisageait le retrait des 2000 Français d’Afghanistan, mais qui, depuis, pour plaire à Bush, en a envoyé 1000 de plus se faire tuer.

Il y a des patrons « barbares et moyenâgeux » qui préfèrent le profit maximum au détriment de la vie des hommes, du respect des conditions d’hygiène et de sécurité, du code du travail. Pas de raison de se résigner dans un cas comme dans l’autre.

À Castres, de nombreuses familles ont dit qu’il fallait ramener nos soldats, condamner cette guerre et ceux qui en sont la cause.

À Nice, un homme, Michel Bianco mène un combat solitaire mais entêté parce que son jeune fils Jérôme est décédé d’un accident du travail le 2 août 2006 sur le site de l’entreprise Galderma à Sophia Antipolis : il a décidé de transformer cette perte cruelle en action pour mettre le débat public sur les accidents du travail. Car à la douleur s’est ajouté un trop long silence de la justice. Michel a porté plainte en vue de défendre la mémoire de Jérôme et les intérêts de sa petite fille née en octobre 2006 : la première audience n’a eu lieu que le 29 août 2008, le procureur n’a demandé que de 4 à 6 mois avec sursis pour les responsables, le jugement sera rendu le 29 septembre. Chaque fois qu’il y a « mise en danger d’autrui », dit Michel Bianco, il faut aller au pénal, surtout dans un moment où avec la remise en cause du droit du travail, on cherche à exonérer les chefs d’entreprise de leurs responsabilités. Faut pas lâcher. Jamais. Il faut le soutenir : mbianco13770@gmail.fr.

Il faut aussi manifester pour le retrait immédiat des troupes d’Afghanistan, avant qu’il y ait d’autres « accidents ».

Gérard Filoche

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