GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Economie Théorie Histoire

La fin de l'hémorragie ?

Nous reproduisons ici un article paru dans la revue Démocratie&Socialisme n° 244 d’Avril 2017.

En 2016, le nombre d'ouvertures d'usines en France a compensé très exactement le nombre de fermetures. Si c'est une première pour notre pays depuis 2009 et la publication d'études sur le sujet, la réalité des chiffres est telle qu'il serait aventureux de crier victoire.

L'année dernière s'est en effet achevée sur un parfait équilibre entre ouvertures et fermetures. On a dénombré, durant l'année écoulée, 136 créations de sites industriels pour 136 disparitions.

DOUBLE RECUL

Lilas Demmou, qui a rédigé en 2010 un rapport pour la Direction générale du Trésor sur la « désindustrialisation de la France » entre 1980 et 2007, concluait à un double recul : celui de l’emploi industriel et celui de la contribution du secteur au PIB. Selon l'économiste, l’industrie a perdu sur cette période 36 % de ses effectifs, soit 1,9 million d’emplois (ou encore 71 000 par an), tandis que le poids de l’industrie est passé de 24 à 14 % du PIB. Voilà pour le legs de la crise.

Mais il ne faut pas omettre le legs de la crise de la crise, c'est-à-dire les conséquences du krach de 2008 qui a manifesté l'extrême fragilité de la configuration néolibérale prise par le capitalisme à partir des années 1980 pour échapper à la brusque baisse des taux de profits à laquelle il avait été confronté au milieu de la décennie précédente. En Europe, la crise du capitalisme financier a eu sur l'activité industrielle des effets encore plus destructeurs qu'ailleurs, en raison des politiques d'austérité qui y ont été servilement menées. Selon David Cousquer, du cabinet Trendeo, qui a publié les données que nous analysons ici sur l’activité industrielle française, « 111 000 emplois ont disparu depuis 2009 dans l’ensemble du secteur industriel français ». En tout, 1 928 usines ont fermé leurs portes depuis cette date pour seulement 1 327 créations, soit 601 fermetures en sept ans.

DES CHIFFRES À RELATIVISER

Il est difficile de parler de véritable reprise. Trois faits invitent en effet à la prudence. Comme on dénombre moins d'ouvertures de sites en 2016 qu'en 2015 (136 contre 159), il conviendrait tout d'abord de parler davantage d'un net ralentissement des fermetures d'usines. Par ailleurs, selon Trendeo, ce sursaut serait en grande partie le résultat d’une conjoncture favorable dans les secteurs de l’automobile et de l'industrie pharmaceutique. Le cabinet de conseil signale enfin que l'on est passé « d’un nombre médian de trente emplois par usine créée en 2009, à vingt emplois en 2016 », et ce malgré un niveau d'investissement stable.

Les prétendues « lois du marché » sont décidément inaptes à assurer une relocalisation – même a minima – des emplois industriels. La CGT a eu raison, lors du Printemps de l'industrie et des services publics qu'elle organisait le 21 mars 2017, de dire que, pour produire « autrement et mieux », il fallait « rompre avec la logique de développement libéral », ce qui implique d'en finir avec « les politiques actuelles, où le patronat est inondé, sans aucun contrôle, d’aides publiques et d’exonérations fiscales et sociales inefficaces ».

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