GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

La direction de la Cfdt appelle ouvertement à voter "oui" au référendum

Le débat sur les questions européennes dans la Cfdt est resté confiné au niveau de la direction. Celle-ci a décidé tant à la Ces qu'en France de se ranger dans le camp du "oui" sans la moindre consultation des adhérents.

Il y a quelques années la Cfdt avait prétendu "rompre avec les consignes de vote" lors des échéances électorales au nom de l'indépendance. A l'époque, nous y expliquions "que l'indépendance, ce n'était pas la neutralité" !

En fait, ce n'est pas le souci louable de l'indépendance mais celui de la neutralité qui l' a emporté, dans un premier temps, malgré les demandes de nombreuses fédérations et régions de se situer clairement face aux politiques libérales.

Aujourd'hui l'orientation qui consiste à "remettre le capitalisme en société" comme disait Chérèque, il y a quelques mois encore, permet de voter, mais indifféremment à gauche ou à droite y compris quand on est dirigeant de la Cfdt. Ainsi, la proximité de Michel Jalmain avec l'Udf est de notoriété publique dans les couloirs de Belleville (l'immeuble de la confédération) et au-delà et le vote Bayrou en avril 2002 y fut important.

Pourtant, outre l'indépendance syndicale, un autre argument était également développé par la direction Notat puis Chérèque : celui de l'inefficacité des consignes de vote, les adhérents, étant réputés ne pas en tenir compte. La seule exception étant de faire barrage à l'extrême droite.

Aujourd'hui, la direction de la Cfdt opère un autre petit tournant. Au Conseil national de début février, Rémi Jouan n'y est pas allé par quatre chemins : dans sa note introductive il affirme "Nous avons un objectif premier : faire gagner le “ oui au référendum".

Cet objectif passe donc avant la mobilisation contre la circulaire Bolkestein sur la libéralisation du marché des services ou contre le projet de directive sur le temps de travail.

Le même Rémi Jouan indique ainsi : "Nous avons avec la CES, un objectif revendicatif : celui d'obtenir de sensibles modifications de la circulaire sur le marché des services (dite Bolkestein). Mais, la nécessaire mobilisation sur ce point doit d'abord s'accompagner d'un très fort engagement de toute l'organisation sur l'échéance référendaire". Il s'agit non seulement de ne pas être neutre, de voter, mais de faire cela en priorité...

De là à défiler avec des banderoles pour le "Oui à la Constitution" le 19 mars à Bruxelles ? Les militants Cfdt risquent d'avoir le tournis. Plus de consigne de vote depuis des années, une consigne à l'occasion du Référendum qui prend le pas sur les objectifs revendicatifs, cela fait beaucoup. De quoi démobiliser le corps militant d'une organisation qui semblait le 5 février se remettre doucement du traumatisme de la réforme des retraites et de sa perte de plus de 100 000 adhérents.

Christian Normand

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