GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

L’aile gauche a remporté de nombreuses batailles

Le Parti socialiste suisse a tenu récemment son congrès qui a été marqué par une radicalisation de son programme et par le rôle décisif des courants de gauche. Nous avons posé trois questions à Romain FELLI, militant socialiste à Lausanne et rédacteur du bulletin Pages de gauche (*).

Quelle est ton analyse personnelle du récent congrès du PSS ? Marque-il un réel tournant à gauche?

Il s'agissait d'adopter un nouveau programme du PS (le précédent datait de 1982). Contre les préavis du comité directeur du parti, le Congrès, surtout appuyé par les jeunesses socialistes, les sections francophones et italophones, et les femmes socialistes, a adopté une série d'amendements importants. Nous demandons la "rupture avec le capitalisme" en vue de la constitution d'un socialisme démocratique, qui se fasse par le biais d'une démocratisation de l'économie. Nous demandons la renationalisation des services publics (en particulier des opérateurs téléphoniques), l'interdiction de la spéculation économique, et, ce qui fait couler beaucoup d'encre, la suppression de l'armée (dans un pays qui connaît encore la conscription obligatoire).

Clairement, l'aile gauche du parti a emporté beaucoup de batailles. Mais a aussi subi quelques défaites (par exemple le remplacement du concept d'"égalité" par celui de "justice" dans les valeurs fondamentales, ou encore le refus de la semaine de 4 jours). Ceci dit, s'il s'agit d'un virage à gauche dans notre programme, les représentants médiatiques et isolés de l'aile droite du parti ont immédiatement déclaré dans la presse qu'ils ne se sentaient pas tenus par le nouveau programme, pourtant adopté à la quasi-unanimité des délégués.

Quel a été le rôle de la gauche du parti au cours des débats?

En réalité la gauche du parti est la seule à avoir pris au sérieux, depuis longtemps, le programme et est donc arrivée avec plusieurs centaines d'amendements au Congrès. Nous avons, peut-être, sous-estimé le besoin de coordination dans une assemblée d'une telle taille (plus de 600 délégués) en n'allant pas assez souvent chercher des appuis dans les sections germanophones.

La gauche helvétique te semble-t-elle désormais armée pour répondre à la crise sociale, morale et politique qui touche aussi ton pays?

Avec ce programme d'alternative politique, qui devra être traduit dans un langage accessible, le PS a désormais les moyens, à mon avis, non pas de "piquer" des électeurs aux Verts ou à la droite, mais d'aller mobiliser parmi les 60% d'abstentionnistes réguliers qui se recrutent essentiellement parmi les classes populaires. Surtout, il permet de remobiliser les militants du PS autour de leurs valeurs fondamentales.

Propos recueillis par Julien GUERIN


(*) Pages de gauche est est une publication socialiste fondée en 2001. Elle est indépendante du parti socialiste suisse et ne vit que par ses abonnements. Il cherche à animer le débat au sein de la gauche en Suisse, et en particulier à faire entendre les voix de la gauche syndicale, écologiste et féministe au sein du PSS.

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