GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

Intervention de Gérard Filoche au BN du PS du 24 juin 2014

Oui, Jean-Christophe, dans son introduction, vient de s’inquiéter à juste titre de l’atmosphère délétère qui règne dans le pays, avec toutes les affaires de l’UMP, et la distanciation qui en résulte vis à vis de toutes les forces politiques. (le FN... et les vifs débats dans notre Parti socialiste au Parlement, comme s'il fallait resserrer les rangs plutôt que de les mener à terme comme il faut). C’est bien vrai, mais mais ce climat « délétére » vise quand même, et c’est logique, en premier le parti qui est au pouvoir, nous, le PS, et toute la gauche. Ce n’est pas « la faute du peuple » c’est notre faute, la faute à notre politique. Rappelons que nous dirigions tout : 2 villes sur 3, 61 départements sur 100, l’AN, le Sénat, la PR, et que la gauche était largement majoritaire : nous pouvions agir, nous pouvons, encore, agir.

C’est notre action qui est en cause, pas la « désindustrialisation », pas la « mondialisation », « pas la crise » », c’est NOUS qui décevons. Je ne sais comment le dire : je n’ai jamais senti pareil rejet, il y a une hargne…

- Une haine !

- Oui une haine, contre notre parti. Tout vient de ce qu’il y a un sentiment profond, sans précédent, de trahison amère. On ne fait pas ce qu’on a promis. On manque à nos promesses, des millions de nos électeurs nous en veulent pour ça.

Dans l’élection partielle de dimanche à Valenciennes, nous obtenons 7,12 % soit 1,81 % des inscrits. Je sais, c’est une circonscription de droite… et la droite s’y est unie, UMP-UDI-Modem, pour la gagner. Seul le FN passe la barre des 12,5% pour rester au second tour, le PCF a 10,27 %, les Verts ont 3,56 %. Ça fait 20,98 % pour la gauche, mais divisée : elle est donc éliminée. En plus de la politique d’austérité, la désunion de la gauche rose rouge verte ne paie pas.

Je sais : en 1993, on avait eu 7,15 %, c’était l’année où il nous restait 78 députés, l’année la plus basse. Nous y sommes donc encore, ou à nouveau. Avec ce genre d’étiage, de score généralisé, en ce moment, on aurait 50 députés en tout et pour tout. Mais le bloc UMP-UDI-Modem passe, malgré leurs déboires délétères, à 47,02 %, notons-le !(1)

Pourtant ce qui compte, c’est qu’il n’y a que 25 % de votants : 75 % ne votent pas. C’est là que c’est très délétère. Ce sont notamment NOS électeurs qui ne votent pas ! Ils ne vont pas non plus voter ailleurs. Ils ne votent pas à droite, il n’y a pas de glissement à droite. Ils ne votent pas à gauche non plus, surtout pas pour la partie Mélenchon du FdG qui nous agresse tous les jours. Non : ils s’abstiennent, comme en 1993. Comme les 23 et 30 mars, et le 25 mai derniers. Et c’est là le problème. Chaque jour où on annonce une politique d’austérité qui fait le jeu de la droite et du patronat, on perd des électeurs… et là 1,81 % des inscrits pour le parti au pouvoir, ce n’est pas rien quand même c’est tout de même significatif ! C’est inouï. Il FAUT entendre.

Ah, au passage, à propos du Front national, il y a quelque chose qui me fait peu à peu réfléchir, c’est quand Jean Christophe parle de plus en plus fréquemment de « tripartisme » ; je ne comprends pas bien, j’ai du mal à imaginer un « tripartisme », alors qu’il y a deux classes fondamentales dans ce pays. Je vois bien le bloc UMP FN possible, mais pas trois blocs… Bon, il faudra qu’on en rediscute au fond…

Et j’entends aussi Alain qui dit qu’il ne faut pas exagérer, que tout le monde sait qu’on n’atteindra pas les 3 % de déficit… qu’on est obligés de l’afficher, mais que ça ne se fera pas et qu’en pratique, chacun le sait. Qu’est-ce qu’il veut dire ? Les bras m’en tombent, car c’est encore pire : on affiche un objectif désespérant qui fait du mal aux gens, et on ne le fera pas ? Mais c’est le cumul de la haine que nous aurons à la fin …

Pascale parle « des nominations.. » Oui, il y a 2, 3 ou 4 millions d’électeurs qui n’aiment pas la nomination de Toubon (ou de Florence Boone). Ceux qui, politisés, savent… c’est un symbole qui les repousse.

Mais pour 10 ou 12 millions, ce n’est pas ça qui compte ; l’important, c’est la misère. Le chômage augmente. On a même l’impression qu’on n’en parle plus ici comme avant. On a renoncé à l’objectif prioritaire « d’inverser la courbe ». Chaque mois ça monte, et on ne fait rien de fort, de réel.

Ah, si : on propose le « pacte de responsabilité », celui dont personne ne veut, celui que les syndicats rejettent, que le patronat rejette, celui qui coûte 35 milliards… et on met mal à l’aise l’Assemblée, on divise les députés, le parti, la gauche, là-dessus… pour rien ! Pu plutôt pour du mal !

Car non seulement il ne créera pas d’emploi, mais, cela vient d’être dit hier par Lenglet sur France 2 devant 5 millions de spectateurs, au JT, il y a aura 250 000 emplois en moins à cause de ce « pacte », et 190 000 potentiellement crées… Aux gens qui n’y connaissent rien, ça fait peur : on exige qu’ils fassent 50 milliards d’économies, qu’on donne 35 milliards aux patrons pour qu’ils embauchent, et ça va faire 60 000 emplois en moins ? On dément mollement, « c’est Bercy, c’est de la macro économie, ce n’est pas sûr… ».. Mais c’est dit, bon sang ! C’est entendu. Par exemple Bouygues, qui va toucher des sous sur les 2 milliards qu’on met sur Alstom sans empêcher GE de prendre l’énergie, il annonce 1250 suppressions d’emplois dans son groupe ; il y en a des familles touchées, concernées dans le groupe par cette annonce, dans le bâtiment… quel effet croit-on que ça a ? C’est ça qui compte. C’est ça qui fait crée la haine : on va donner des sous, nos sous, à Bouygues pour qu’il fasse de l’emploi et il… licencie ?

Alors les députés qui amendent le collectif budgétaire, qui repoussent ces choix mortifères sont légitimes, c’est eux que notre parti doit soutenir dans cette voie… au lieu de les condamner. Ils nous défendent nous, socialistes, nous la gauche, ce sont eux qui empêchent la gauche de « mourir »…, qui essaient de dissiper ce climat que Jean Christophe qualifie de « délétère ».

Il me reste un petit truc à dire à Jean-Christophe qui m’a « dénoncé » nominalement, moi « Gérard Filoche », hier lundi matin, en direct, sur I télé, à propos de la belle réunion de socialistes contre l’austérité à Bellerive-sur-Allier en affirmant qu’on y aurait cherché « une construction commune du PS avec le NPA ». Quand l’AFP m’a appelé pour vérifier, je suis tombé des nues : rien dans nos appels pour Bellerive-sur-Allier qui a été un succès, 300 socialistes de 65 départements, ni dans le déroulement de la réunion n’impliquait, ni n’associait le NPA (lequel ne l’aurait pas voulu, et ne le veut d’ailleurs pas). Rien. On me dit que c’est à cause d’une légende d’une photo de l’Huma qui le dit, mais depuis quand sommes-nous responsables des légendes des photos ou des titres des journaux ? Il aurait suffi de vérifier que ça n’avait pas de sens politique, de lire nos textes, de me donner un coup de fil, tout a été filmé et transparent, et sera sur site. On me dit qu’un des 50 intervenants de la salle, en parlant, aurait mentionné qu’il était du NPA… mais depuis, on l’a retrouvé, c’est un ancien socialiste de Saintes, qui vit à St Etienne et qui est venu, intéressé, à titre personnel, en voisin. Il vaut mieux nous réserver, s’il y a des polémiques entre nous, pour des questions de fond sérieuses, non ? C’est toi, Jean-Christophe, qui a dit qu’entre les deux « Gégé » il y avait de la place pour du débat, qu’il faut nous respecter, pas faire des attaques non respectueuses pour rien. Alors là, pour le coup, c’est le cas. L’Huma fait parler cet intervenant de Bellerive, sous le nom de Damien, en fait il s’appellerait Didier, et toi, Jean-Christophe, tu le mentionnes sous le nom de Benoit, c’est dire si c’est sérieux, et si la source est... irréelle ! Arrête donc ça et corrige cette erreur s’il te plaît ! Et puis il faut que je te dise, depuis ton attaque sur I télé, cher Jean-Christophe, je me suis frénétiquement démené pour vérifier s’il n’y avait eu aussi, par malheur, dans la salle, à Bellerive, un intervenant masqué du POI…

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(1): Pour être plus précis : en 1988, le PS obtenait 34,8 % des suffrages exprimés et 258 députés (275 avec les apparentés) ; en 1993, il recueillait 17,6 % des suffrages exprimés et n’avait plus que 52 députés (57 avec les apparentés). Une perte de 206 (PS) ou de 218 députés (PS + apparentés) En 1993, la droite gagnait largement mais avec moins de voix en chiffres absolus qu’en 1981 quand elle avait perdu ! Il n’y avait pas eu passage de voix de gauche a droite, la gauche s’était effondrée sur elle-même dans l’abstention, tout simplement. (retour)

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