GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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Intervention de Gérard Filoche au BN du PS (19 septembre)

Oui, en effet, il faut travailler sur la question des institutions. Il semble que Macron veuille repousser les élections en 2021 et les grouper, municipales, territoriales, régionales, ce qui serait un coup de plus contre la démocratie dans notre pays.  Il s’agit pour lui de repousser les échéances qui le menacent, d’étouffer la démocratie locale, d’organiser la division à gauche… Il n’a pas de parti, « En marche » est bidon, on vient de le voir avec ses pseudo-journées parlementaires, son pouvoir repose sur une tête d’épingle : donc, il supprime les votes. On devait faire campagne contre cela et défendre la démocratie locale de proximité, les communes, les départements, les régions, a contrario de l’erreur que fut la loi NOTRE.

J’entends J-C Cambadelis parler de « fragmentation » de la gauche. Evidemment la gauche est divisée comme rarement elle le fut, mais ce n’est pas à nous d’insister là-dessus. Nous ne sommes pas des commentateurs de la fragmentation, mais des militants de l’unité. Nous ne nourrissons pas une analyse pessimiste du climat actuel, nous devons avoir une volonté activiste de le dépasser, d’agir pour le modifier et être les meilleurs « unitaires » de la gauche. Rappelons-nous quand JC C convoquait un « référendum pour l’unité » sur les marchés, et que nous faisions voter pour l’unité de la gauche. C’est devenu difficile, c’est sûr, mais ce n’est pas une raison pour ne plus se battre dans cette voie.

On a de quoi être stupéfié quand Le Foll se dit, et prétend que nous nous situons « entre Macron et Mélenchon »

Car Macron, c’est la droite libérale extrême. Mais Mélenchon, c’est la gauche, c’est notre camp.

Nous ne sommes pas à équidistance. Macron nous le combattons de toutes nos forces ; avec Mélenchon, nous discutons pour parvenir à l’unité dans des conditions satisfaisantes.

Macron, c’est notre ennemi de classe, Mélenchon, c’est notre partenaire potentiel.

Macron s’attaque à tous les acquis sociaux depuis 1945, Mélenchon s’y oppose, mal, pas comme il faut, mais il s’y oppose.

Macron a dévoyé un électorat que nous n’avons pas su garder à cause du quinquennat Hollande ; Mélenchon, son électorat est le même que le nôtre : là où il est fort, nous sommes forts, là où il est faible, nous sommes faibles.

Macron nous a fait perdre des sièges, les électeurs de Mélenchon nous ont aidé, même sans consigne, à en garder.

Notre parti ne peut pas rester entre deux camps, entre deux lignes ; soutenir Macron comme le veut Le Foll, ou le combattre comme nos électeurs l’exigent massivement.

Macron a perdu dans les sondages, il n’a de base ni à droite ni à gauche ; nous, nous avons une base à gauche commune avec Mélenchon.

Le Foll est déboussolé, mais il ne faut pas qu’il nuise à notre parti, et que les gens croient qu’il le représente. Nous sommes à gauche, pas à courir après un faux « centre » avec Macron.

Avec Mélenchon il faut discuter.

On ne peut être que théoriquement, programmatiquement, organisationnellement, et stratégiquement en désaccord avec lui.

Théoriquement, parce qu’on ne cautionne pas la théorie obscure du « peuple » de Mme Moufle, la lutte de classes existe, le salariat est exploité et opprimé ; le salariat c’est notre camp, pas le peuple « en général ».

Programmatiquement, parce que le programme « AEC » de Mélenchon défend l’idée qu’il faut un « impôt citoyen » pour financer notre protection sociale. Mais non, il faut défendre le système de cotisations sociales.  Ce système, c’est le paiement à la source, par le patronat, de la protection sociale qui doit aller avec le travail et son salaire. Ce n’est pas un impôt ; c’est un salaire, différé, indirect et direct. Il n’est pas mélangé à l’impôt, il est pré-affecté.  Or Macron veut tuer ce système (« bismarckien ») qui existe depuis le CNR de 1945. Il veut décharger le patronat de payer les 450 milliards de Sécurité sociale. Il veut que nous les payions, nous, par l’impôt. Avec la manipulation : hausser de 20 euros le salaire net tandis qu’il abaissera de 250 euros le salaire brut. Puis quand ce sera l’impôt, la protection sociale ne sera plus pré-affectée et il en fera ce qu’il voudra ; il la baissera, sans coup férir.  Mélenchon a une mauvaise position. Là-dessus, le paradoxe, c’est qu’il est du même côté que Macron. Cela vient de vieux débats, véhiculés par Liem Hoang Ngoc sans doute dans leur programme de FI… Comment vont-ils faire pour corriger ?

Nous avons là une troisième divergence, cette fois, organisationnelle : car les 14 et 15 octobre, une convention de « FI » se tient, mais comment va-t-elle décider ? Une partie de leurs délégués seront tirés au sort ; le tirage au sort, c’est pré-néolithique. Comment cela va-t-il leur permettre de trancher entre les cotisations et l’impôt citoyen ? Par tirage au sort ? Selon le hasard ?  Nous sommes contre ce type de parti, vertical, plébiscitaire, non démocratique, sans droit de tendance ; d’ailleurs, vous qui voulez faire un congrès statutaire avant un congrès politique, ce serait bien de  dire dans cette occasion que nous nous défendons le principe de motions et d’élections à la proportionnelle dans un parti de gauche.

 Redonner ses lettres de noblesse à la « tambouille » :

Enfin, nous sommes opposés à la stratégie non unitaire des dirigeants de FI. D’ailleurs elle les mutile, car ils se mettent mal avec le mouvement syndical, ils limitent leur initiative du 23 septembre en l’autoproclamant solitairement. Ce soir ils organisent une ultime « réunion unitaire » pour tenter de rattraper le coup. Mais c’est trop tard, le « coup » est lancé.  Ils ont voulu tout faire tous seuls et ensuite subordonner les autres ; du coup « les autres » ne viennent pas.  Nul n’est hégémonique à gauche. Nul n’a de leçons à donner. Nul n’a à se soumettre. L’unité, ça se fait loyalement en amont. Ils croient malin d’appeler cela de la « tambouille », ils refusent « une ribambelle de logos » alors qu’ il faut redonner ses lettres de noblesse à ce qu’ils appellent la « tambouille », c’est à dire au respect et à l’écoute entre forces de gauche. La « tambouille », c’est le temps du travail unitaire. La « ribambelle de logos », c’est le temps de l’association démocratique du maximum de forces militantes, de la dynamique de l’unité d’action.  Il faut plus de prétendue tambouille et plus de logos : c’est avec ça qu’on fait les Fronts populaires, et les grandes pages de l’histoire de la gauche de notre pays. La tambouille, c’est notre force et notre fierté, celle du travail en commun. Les logos, c’est le rassemblement le plus large de la gauche.

Nous devrions travailler à l’unité pour appeler à manifester le 21 septembre, et encore derrière les routiers, et encore derrière les raffineries, et encore le 10 octobre dans la Fonction publique. Soyons hardis dans le combat contre Macron et ne soyons pas paralysés par un discours comme celui de Le Foll. L’unité de la gauche, c’est la seule force avec laquelle on se reconstruira et qui peut gagner contre les ordonnances  et ce qui va suivre, notamment les attaques contre le salaire brut. Le Foll a contribué à faire perdre notre candidat en avril dernier. Il devrait choisir : on ne peut pas être pour Macron et être socialiste.

 

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