GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Ils veulent baisser nos salaires bruts

Neuf plaintes sur dix, à l'inspection du travail, concernent les heures supplémentaires impayées, il y a 2,5 milliards d'heures supplémentaires estimées, soit l'équivalent de 1,2 millions d'emplois : la majorité de celles-ci ne sont déjà ni recensées, ni majorées comme la loi le prévoit, ni cotisées auprès de nos caisses sociales salariées.

Une dame le dit, à ma permanence de l'inspection du travail : « - Des heures supplémentaires, ils m'en font déjà faire à tire-larigot, ils ne m'en paient pas la moitié, je leur ai dit mille fois, mais ils s'en moquent, ils disent qu'ils ont trop de charges. »

Les « charges », cela n'existe pas, ce sont des « cotisations sociales », un salaire différé, indirect. Ce qui compte, c'est la ligne du haut de votre bulletin de paie. Une part de votre salaire est mise dans un pot commun, mutualisé, socialisé, et redistribuée à chacun selon vos besoins lorsque vous êtes malade, au chômage, en besoin de logement, en charge de famille nombreuse, en accident du travail, en retraite. C'est ce qu'il y a de plus beau en France, un salaire socialisé, ce n'est pas une « charge », c'est un bonheur, une part de votre salaire brut.

C'est votre salaire brut calculé sur celles de vos heures supplémentaires qui sont déclarées que Sarkozy et Fillon appellent à baisser !

Cela creusera des « trous » dans la protection sociale qu'ils vont boucher en augmentant la Tva prétendue sociale, impôt indirect, qui prend aux pauvres pour donner aux riches.

Comment Ségolène Royal a t elle pu se laisser battre par ce Sarkozy et son slogan menteur « liberté de travailler plus pour gagner plus » ? En fait : « 45 h sans gain de salaire ». C'était facile de le moucher : il n'y a pas un seul salarié de ce pays qui a « la liberté de travailler plus », tout salarié est subordonné, c'est l'employeur qui décide unilatéralement des heures faites ou non.

Pourquoi Ségolène Royal n'a t elle pas défendu vraiment les 35 h, en rendant les heures supplémentaires plus coûteuses que l'embauche, majorées de 50 % dés la première heure, contrôlées, encadrées - à la fois pour l'emploi et la santé au travail ? Pourquoi n'a t elle pas proposé de baisser la durée maxima de 48 h à 44 h hebdomadaires ? Pourquoi ne s'être pas opposée au « travail du dimanche » de Sarkozy et n'y avoir pas opposé deux jours de repos consécutifs pour tous ? Pourquoi n'avoir pas dénoncé que la droite avait rétabli le travail de nuit et du dimanche pour les jeunes de moins de 15 ans (aboli en 1874 !). Des Cdi pour tous.

J'enrage toujours que la droite ait pu gagner sur ce terrain alors la France roulait vers la gauche depuis 4 ans ! Tout était pour nous ! Tout était pour une alternance ! C'est pour des erreurs politiques de fond, pas pour des questions personnelles ou de calendrier, si S. Royal est passée de 54 % d'intentions de vote en novembre 2006 à 47 % de voix le 6 mai 2007. Et si le vote du 6 mai a été tempéré le 17 juin, ça ne corrige pas le fait que pendant cinq ans, nous sommes menacés de sarkozysme brutal.

Gérard Filoche


Article publié dans l'Humanité du mercredi 20 juin 2007

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