GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Homoparentalité : encore un recul du gouvernement Sarkozy

Début mars, le projet de loi sur « l’autorité parentale »,

qui n’excluait pas les couples homosexuels (au moins

30000 enfants, selon l’INED) a déclenché l’ire de

Christine Boutin qui n’acceptait pas « que l’on reconnaisse

l’homoparentalité et l’adoption par des couples homosexuels

de façon détournée » et demandait un débat avec Nadine

Morano qui présentait le texte. Celle-ci a refusé en disant que

ce n’était pas « son » texte mais celui du gouvernement déjà «

validé en réunion interministérielle, validé à l’Élysée, validé à

Matignon, il est aujourd’hui au Conseil d’État ».

Cette polémique casse le projet de Sarkozy : le 13 février 2009,

il demande au gouvernement de lui fournir un projet de loi

avant fin mars. La fronde de Boutin est suivie une semaine plus

tard de celle de la Conférence des évêques de France, affirmait

que le projet de Nadine Morano «donnait un statut parental et

conjugal aux unions entre partenaires de même sexe». Résultat

le texte ne devrait pas être à l’ordre du jour du Parlement avant

septembre, d’ici-là un groupe de travail doit «apaiser les

esprits».

Mais quoi de neuf dans ce texte ?

En fait, pas grand-chose sauf une petite modification de procédure.

Le JAF (juge des affaires familiales) a le pouvoir d’apprécier

la situation comme avant, mais selon une procédure de

type divorce par consentement mutuel au lieu d’une procédure

sur requête. Pas de nouveauté : le partage de l’autorité parentale

avec une personne qui n’a pas de lien de sang avec l’enfant

existe depuis la loi de 2002 qui modifiait les règles relatives à

la délégation de l’autorité parentale.

Depuis 2002, les décisions rendues ont varié, mais la Cour de

cassation a finalement été saisie et dans un arrêt de principe

rendu le 24 février 2006 a jugé que : « Attendu que l'article 377

alinéa 1er du code civil ne s'oppose pas à ce qu'une mère, seule

titulaire de l'autorité parentale en délègue tout ou partie de

l'exercice à la femme avec laquelle elle vit en union stable et

continue, dès lors que les circonstances l'exigent et que la

mesure est conforme à l'intérêt de l'enfant ».

Et l’adoption ?

Pas de progrès : le Conseil général du Jura s’est rendu coupable

d’une discrimination à l’égard d’une femme homosexuelle

vivant en couple et souhaitant adopter un enfant. Mais le 22 janvier

2008, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH)

a demandé à la France de mettre un terme à la discrimination

basée sur l’orientation sexuelle, pratiquée par les Conseils

généraux dans le cadre des procédures d’agrément pour adoption.

Depuis un an, le gouvernement est resté immobile malgré

la condamnation prononcée par la CEDH. Le 2 février 2009, le

Conseil général du Jura a à nouveau refusé d’accorder l’agrément

pour adoption à celle qui était à l’origine de la décision de

la CEDH…

Les partenariats civils étrangers,

Ce mardi 24 mars, les sénateurs ont adopté un amendement permettant

la reconnaissance en France des partenariats civils enregistrés

à l’étranger. Cet amendement a été déposé par le

sénateur socialiste Richard Yung.

Il s’agit d’insérer un nouvel article dans le code civil disposant

que «Les conditions de formation et les effets d’un partenariat

enregistré, ainsi que les causes et les effets de sa dissolution

sont soumis aux dispositions matérielles de l’État de l’autorité

qui a procédé à son enregistrement».

Ailleurs en Europe

Danemark : une majorité parlementaire de centre-gauche ouvre

l’adoption aux couples de même sexe. Mardi 17 mars 2009, le

Parlement danois (Folketing), a décidé de franchir un nouveau

pas vers l’égalité entre couples. Déjà en 1989, ce pays avait été

le premier pays européen à créer un partenariat civil ouvert aux

couples de même sexe.

Les couples de même sexe en Suède,

une égalité qui va de soi !

Ce mercredi 1er avril 2009, le Riksdag, le Parlement suédois, a

accompli le dernier pas vers l’égalité totale pour les couples de

même sexe. Depuis 2002, la loi suédoise, qui prévoyait un partenariat

civil, avait reconnu à ces derniers et à leur famille l’accès

aux droits parentaux, notamment par la possibilité d’adopter

conjointement. C’est aujourd’hui l’ouverture du mariage civil

qui consacre l’égalité entre tous les couples.

A l’heure où Sarkozy et le gouvernement de l’UMP sont dans

les affres d’un combat frontal contre le salariat, où ils redoublent

de violence contre tout mouvement social, ils montrent

une fois de plus combien ils négligent l’égalité entre les

familles, en retardant la mise en oeuvre du projet de loi sur la

réforme de l’autorité parentale, pourtant bien timide et frileux.

Sybille Fasso


Voir le site de HES (homosexualité et socialisme)

Et le blog de Caroline Mecary

Document PDF à télécharger
L’article en PDF

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…