GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Histoire du G8 à Heiligendamm

Quelque peu obstrué par les élections législatives dans notre pays, par le Conseil Européen de la mi-juin, le G8 à Heiligendamm apparaît peut-être déjà loin mais il est important d'y revenir sur le fond politiqu,e loin des effets médiatiques rythmés par quelques violences ou par une conférence de presse vodkaïsé - ou non - de notre joggeur de président.

Réuni sur les terres d'Angela Merkel du 6 au 8 juin dernier, ce club fermé du G8, auto proclamé "gouvernance mondiale", avait donc décidé de consacrer son ordre du jour notamment au climat et à l'aide à l'Afrique.

Contexte sous tension

A la veille de l'ouverture du G8, en plus de l'affirmation des Etats-Unis sur une position opposée à toutes concessions sur le climat, une tension forte régnait après des déclarations dignes de l'ère « Guerre froide » de V. Poutine. La Russie s'opposait à l'obsession auto-défensive de son homologue américain et leur projet de missiles de défense en Europe de l'Est. Par ailleurs, Sarkozy, le petit nouveau de la bande avait pour espoir de faire entendre sa voix, en insistant pour que la question du Darfour soit abordée. En outre, l'ouverture du sommet anti-G8 à Rostock rassemblant près de 30.000 militants altermondialistes fut aussi - à travers la manifestation du samedi précédant l'ouverture du G8 - synonyme de violences entre certains énervés du 'Bloc Noir' et les forces policières allemandes peu avares d'interventions et d'arrestations musclées.

Bilan mièvre et belles promesses

Sur les deux thèmes principaux, la satisfaction apparente des huit pays est à relativiser. En effet, sur le climat, A.Merkel a obtenu des huit pays, y compris donc des Etats-Unis, un engagement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Cependant les ONG ont vite souligné les réalités en indiquant que pour les objectifs contraignants (réduction de moitié d'ici 2050), les Etats-Unis et la Russie restèrent bien vagues face à la gravité de la crise …

Concernant l'aide à l'Afrique, les huit ont réitéré la promesse qu'ils avaient faite il y a déjà deux ans au sommet de GlenEagles en Ecosse, promesse qui consiste à doubler le montant de cette aide en 2010 par rapport à 2004…

Là aussi, les ONG furent déçues, d'une part les aides ne représentent qu'une petite avancée (surtout face aux luttes contre la famine, le Sida et les grandes pandémies telle la malaria) et d'autre part, tout ceci apparaît - par expérience - comme des promesses sans lendemain.

A noter enfin que même si le sommet a engagé un dialogue avec les pays émergents, la Chine, l'Inde, le Brésil (dialogue baptisé « processus de Heiligendamm »), il demeure une opposition à leur entrée dans le club !

Bref, comme le démontre la déclaration officielle, le G8 demeure avant tout un plaidoyer en faveur de l'économie néolibérale financiarisée, comme seule solution possible à tous nos maux. A vrai dire, elle rappelle l'irresponsabilité de ses membres, et plus que jamais leur illégitimité à encadrer et diriger les affaires du monde. N.Sarkozy n'a en fait joué aucun rôle majeur lors des 3 jours, outre celui de faire comprendre à ses nouveaux collègues que sa conception libérale du monde cadrait parfaitement dans le décor.

Au niveau du contre-G8, il apparaît comme une réussite, au vu du nombre et de la diversité des manifestants (forte mobilisation active de la jeunesse) et de la richesse des débats et des échanges. A Sissako, au Mali, un millier de personnes avaient aussi participé à un contre-sommet où chacun regrettait qu'en fait le G8 révèle que l'Afrique demeure le cadet de leurs soucis et que le sort des pays en voie de développement n'est en réalité pas leur problème.

Demain…

En se quittant, les 8 amis ont donc promis de se revoir bientôt et le Japon accueillera le prochain G8 en 2008 -afin bien sûr de continuer à impulser les politiques néo-libérales concentrant les richesses, précarisant les conditions de vie et favorisant logiques guerrières et prédatrices.

Croire que ce G8 est le dernier est un rêve aujourd'hui, il faut donc continuer à se mobiliser, à proposer des alternatives, à travailler avec toute la (les) Gauche aussi bien en France que dans le monde entier.

Encore peu relayé vers le grand public, se pose encore la question de la mobilisation et des perspectives proposées à l'occasion de tels contre-sommets.

Damien Landini

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