GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Guerre et hyper-puissance

Les fondamentalistes d'extrême droite regroupés autour du mal élu Georges W Bush ont donc décidé, contre l'avis de l'écrasante majorité du monde, d'attaquer l'Irak, son peuple et son dictateur.

Les prétextes ne trompent personne : Colin Powell s'est même appuyé, devant la plus haute instance de l'ONU, sur un « faux » accusant Saddam Hussein, fabriqué par les services secrets britanniques de Tony Blair, lequel s'est révélé être la copie d'un vulgaire mémoire rédigé douze ans plus tôt par un étudiant californien.

Seuls, José Aznar et Tony Blair soutiennent ouvertement la guerre de l'hyper-puissance US : les deux dirigeants se sont isolés de 90 % de leurs propres populations, résolument hostiles. Au dernier moment, ces deux dirigeants déstabilisés ont même cherché des échappatoires. Ce qui a valu à Tony Blair de se faire traiter comme un laquais par le ministre US de la défense, Ronald Rumsfeld, déjà pourfendeur de la « vieille Europe » et n'hésitant pas à déclarer qu'il se passerait des quelques dizaines de milliers de soldats britanniques. Tony Blair est même en passe d'être minorisé dans son propre parti, et certains de ses plus proches réclament même son départ.

Bush n'a pas pu convaincre le Conseil de sécurité de l'ONU malgré de multiples manœuvres acharnées pour tromper, pressionner, ou corrompre ses membres. Il n'a même pas tenu compte du veto russe et chinois, ni de celui de la France et de l'Allemagne, des puissances autrement plus concernées par ce qui se passe en Eurasie que la lointaine Amérique du Nord.

Tout le monde voit que, derrière les prétextes inventés pour agresser l'Irak, il y va de la domination du monde, à la fois du contrôle du pétrole et de l'occupation du cœur du plus immense des continents. Depuis leurs bombardements et leur arrivée en Afghanistan, où ils ont installé en guise de président, un salarié de leur consortium pétrolier, Unocal, Hamid Karzaï, depuis leur installation en force en Arabie saoudite et au Koweït, ils n'ont de cesse de maîtriser toute la zone : de leurs nouvelles bases au Kazakhstan jusqu'à l'Irak où ils veulent établir un protectorat.

Tous ceux qui y voient une « croisade du monde libre » ou une « guerre contre le terrorisme » ou pire, une bataille pour « redonner la démocratie au peuple irakien », sont aveugles, naïfs, ou complices. Ce sont d'abord les peuples irakiens et kurdes qui vont payer le prix fort.

Cette guerre d'Irak, plus que les précédentes, va changer la face du monde du XXI° siècle : depuis, la chute du Mur de Berlin, depuis l'écroulement de l'URSS stalinienne, les dirigeants US sont la seule hyper puissance militaire engagée dans la logique du maintien farouche de l'ordre capitaliste mondial. Imposer leur mondialisation économique, technologique, culturelle, militaire, est vital pour eux et les pousse à affronter progressivement tous ceux qui peuvent ou pourront disputer leurs marchés : aujourd'hui l'Irak, demain l'Iran, plus tard derrière la Corée du Nord, la Chine... La logique de guerre qui s'enclenche nourrit le désordre mondial qui lui-même appellera demain de nouveaux conflits : de nouveaux pays seront fatalement désignés et enfermés, le jour venu, dans le prétendu « Axe du mal ».

C'est en manifestant, par millions, contre l'agression militaire unilatérale de Bush, précisément, que les peuples du monde défendent la démocratie, un autre équilibre mondial, un autre mode de régulation international, une « altermondialisation ».

D'autant que les USA ont toutes les faiblesses d'une hyper puissance militaire : endettement record, déficit record, dépendance accrue de leurs marchés extérieurs, la « bulle financière » crève, ils vivent à crédit sur le dos du monde dans une inégalité terrible. La course folle aux armements puise dans leurs réserves qui sont loin d'être sans fond.

Le monde ne peut que chercher des alternatives économiques, d'autres énergies, d'autres organisations démocratiques et républicaines : il ne se contentera pas d'être pillé, dominé, « mac'donaldisé » sans espoir d'émancipation et de transformation sociale. L'équilibre de la planète ne pourra durablement accepter que les 3 des plus riches américains possèdent davantage que les 48 pays les plus pauvres.

Forcément un vrai « monde libre » cherchera sa voie, et ce sera contre les diktats de l'hyper puissance : pour le respect d'une véritable ONU démocratisée, un « conseil de sécurité économique », et un vrai pouvoir à l'OIT, à l'OMS, la construction d'une Organisation mondiale de l'environnement, pour que l'économie, le travail, la santé, l'environnement aient des institutions mondiales avec un pouvoir réel, démocratique, équilibré. Pour que le XXI° siècle ne soit pas celui de la dictature des actionnaires et du lobby militaro-industriel américains.

Nous serons dans la rue contre cette guerre et aussi les 1° et 2 juin à Evian, contre le sommet du G8 où Bush viendra plastronner.

Et pendant ce temps-là, nous ne laisserons pas davantage passer les mauvais coups que Chirac et Raffarin essaieront de faire voter au Parlement contre les acquis sociaux, les retraites, l'école, les services publics, la Sécu...

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