GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Sécu dans la Constitution : la bataille est devant nous !

Nos amis et camarades Gérard Filoche, Anne de Haro et Pascal Philippe (*) reviennent dans cette tribune sur la tentative des députés LREM de retirer la "Sécurité sociale" de la Constitution. Ecrite avant l'intervention d'E.Macron au Congrès, cette tribune garde toute son actualité car, malheureusement le président des riches a confirmé dans son discours à Versailles son projet d'une réforme libérale de la "protection sociale".

L’ampleur de nos réactions syndicales et politiques à gauche semblent avoir fait reculer E. Macron et ses députés qui voulaient, dans la Constitution, biffer d'une plume rageuse toute référence à l’institution historique et précieuse qu’est la Sécurité sociale.

Le Parti communiste (PCF), la Gauche démocratique et sociale (GDS) ont lancé l’alerte aussitôt. Ce qui prouve que la gauche pluraliste est utile. L’unité à gauche s’est réalisée sur ce sujet si décisif et sensible, et elle s’est révélée payante. Le chef du groupe parlementaire, Richard Ferrand a donc fait un pas de côté, et concédé que l’appellation « Sécurité sociale » resterait, mais tout en annonçant son changement de contenu réel.

 Créée dans le sillage du programme du CNR, notre Sécurité sociale a plus de 70 ans. Elle a consacré une extension sans précédent des droits sociaux pour la majorité de la population. La Sécurité sociale est un immense progrès de civilisation. Grâce à elle, les salariés et leurs familles ne sont plus soumis au règne de la nécessité, vécue par le salariat au dix neuvième et au début du vingtième siècle : gagner son pécule au jour le jour sans savoir ce que sera le lendemain ; être soumis aux risques de la maladie, de la vieillesse, aux  charges de famille sans pouvoir s'en prémunir. Seuls les riches avaient la capacité de se soigner, d'éduquer leurs enfants, de préparer leur retraite.

Le projet d’E.Macron est d’étatiser la Sécurité sociale qui est de droit privé. Ce qui semble bien contradictoire pour un libéral intégriste. Mais la Sécurité sociale est basée sur des cotisations sociale pré-affectées, et elle forme un budget autonome de 498 milliards, plus important que le budget de l’Etat. La « Sécu » a été soumise à une « règle d’or » et ne génère que 10 % de la dette présumée du pays car elle a été brutalement équilibrée, déjà, hélas, au détriment de nos besoins sociaux. Mais ils veulent aller plus loin en la fondant dans le budget del’Etat, lequel génère 78,5 % de la dette présumée du pays : ce transfert vise à la réduire drastiquement. Les transferts de cotisations réalisés et prévus d'assurance maladie sur la CSG, la transformation du système de retraite par répartition en système à points visent à alimenter cette offensive sans précédent. C’est tout le sens de la suppression des cotisations sociales payées par les employeurs, remplacés par des impôts payés par les citoyens. Tout ira dans les caisses de l’Etat. Fin du salaire brut. Fin des cotisations pré-affectées aux différentes caisses. Elles seront remplacées par des prélèvements non pré-affectés, donc à la merci des majorités politiques du moment. Un seul impôt, un seul budget, la « Sécu » n’est plus un sanctuaire, n’est plus un budget séparé. Le gouvernement veut que la CSG passe des caisses de la Sécurité sociale à celles de l’État. « Cela suppose de rompre avec l’orthodoxie budgétaire héritée de l’après-guerre » déclare G.Darmanin ! (**)

L’existence de la Sécu a toujours été contestée par le secteur privé des assurances et des banques. Il ne supporte pas que lui échappe cette manne financière de 500 milliards. L'objectif est simple : une Sécurité sociale minimale noyée dans une protection sociale dirigée par des intérêts privés. Parler de  protection sociale, plutôt que de Sécurité sociale  n'est pas anodin.  Les macronistes ont mis en lumière le fond de leur projet, faire reculer la Sécurité sociale au profit des mécanismes de l'assurance privée, contourner le fonctionnement solidaire qui préside à notre système actuel afin d'arriver à le démanteler bien qu'il ait  fait ses preuves depuis plus de 70 ans.

(*) Gérard Filoche est inspecteur du travail retraité, Anne de Haro est défenseure syndicale, Philippe Pascal est ex-inspecteur URSSAF lanceur d’alerte.

(**) Courrier Picard 25/06/2018

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