C’était une gageure. Réunir des personnalités de toute la gauche pour parler d’Europe à cinq semaines des européennes ! Le samedi 4 mai à Paris, un Forum-débat s’est tenu avec des syndicalistes et universitaires. Une centaine de participants ont pu y échanger toute une journée.

Il s’agissait de mettre en valeur les convergences fortes qui existent entre toutes les forces de gauche. Cet évènement n’aurait pas eu lieu sans l’existence d’un Comité de liaison et d’initiative ouvert (CLIO), existant depuis fin 2022. Porté par le mouvement Ensemble ! et la GDS, l’évènement a été soutenu par PEPS, Nouvelle Donne, Alternative communiste…

Gotha militant

Le Forum Europe a abordé les principaux défis posés à l’occasion du renouvellement du Parlement européen. Cinq « grands témoins » ont apporté leur éclairage sur le thème « Où en est l’Europe en 2024 ? ». La montée des extrêmes droites en Europe, dont la France, a été au cœur de ce premier échange. Mais les questions géopolitiques ont également été évoquées tout autant que la situation internationale ou les contradictions auxquelles doit faire face l’Europe.

Denis Sieffert (Politis), Marie-Pierre Vieu (ancienne députée européenne), Pierre Khalfa (Fondation Copernic), Guillaume Duval (ex-rédacteur en chef d’Alternatives économiques) et Patrick Viveret (Archipel des confluences) ont illustré tous ces aspects. Plusieurs organisations ont réagi (Nina Morel, pour Allons-Enfants, Étienne Adam pour Ensemble!, Merlin Gautier pour PEPS…), ainsi que le public. Une grande complémentarité et les convergences étaient évidentes dans ces échanges.

Le social au cœur

Une table ronde a suivi sur les enjeux sociaux en Europe, l’objectif de l’harmonisation sociale, avec des syndicalistes CGT et FSU et Jean-Marie Pernot (chercheur à l’IRES). Elle clôtura la matinée. Elle permit d’éclairer le rôle du syndicalisme en Europe, les relations avec les syndicats ukrainiens. La nécessité de politiques publiques était au cœur de cette table ronde avec l’énergie, l’école, les droits nouveaux et syndicaux. Le débat avec la salle a permis de revenir sur des initiatives syndicales européennes prises ces trente dernières années avec la nécessité de poursuivre en ce sens. Le rôle de la Confédération européenne des syndicats (CES) comme des fédérations syndicales professionnelles ont ainsi été évoquées.

Les discussions se sont librement poursuivies autour du repas partagé, permettant des échanges plus directs, parfois des retrouvailles.

Guerre et urgence écologique

Au début de l’après-midi, deux « ateliers » abordaient d’une part les questions de « l’Europe dans le monde et face la guerre », d’autre part l’enjeu de la « bifurcation écologique » face aux reculs observés sur cette question d’urgence.

Le premier atelier a croisé les analyses de Catherine Samary (membre du NPA et du Réseau de Soutien à l’Ukraine), Ziad Majed (politologue, spécialiste du Moyen-Orient) et Philippe Marlière (politologue). La salle comble et la richesse des échanges n’ont pas permis de venir à bout de toutes les questions au terme d’une heure et demis de débat. De l’avis général et malgré des différences d’approche, cet atelier a permis l’expression respectueuse des interrogations.

Le second atelier a regroupé Erwan Lecoeur (sociologue), Laurence Boffet (vice-présidente métropole de Lyon, Ensemble!), Jérôme Gleizes (Les Écologistes) et Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne), eurodéputé qui a amené sa contribution à partir de ses travaux au Parlement européen. Les convergences étaient nombreuses, tout comme la volonté de parler simple. Gérard Filoche a soutenu dans le débat la nécessité de réglementer le travail en tenant compte des températures les plus hautes, comme les plus basses. Pierre Larrouturou est, lui, revenu sur l’enjeu des 32 heures.

Perspectives unitaires

À 15h30, deux nouveaux « grands témoins », Marie-Christine Vergiat (députée européenne Front de gauche jusqu’en 2019) et Roger Martelli (historien, et rédacteur à Regards), ont introduit la séquence portant sur les enjeux et les alternatives progressistes en Europe et les perspectives après le 9 juin.

Une table ronde conclusive a réuni Romain Jehanin (porte-parole de Génération.s), Raquel Garrido (députée LFI), Jérôme Gleizes (les Écologistes), Dieynaba Diop (porte-parole du Parti socialiste), Patrice Leclerc (maire de Gennevilliers, Alternative Communiste) et Gérard Filoche (Gauche démocratique et sociale). La question d’une coordination de toutes les forces de la NUPES sans exclusive a été proposée. Le chapitre 8 du programme de la NUPES a été évoqué comme la base de ce qui aurait dû rendre possible une liste commune. La perspective des prochaines municipales et des législatives, le danger de l’extrême droite comme 2027 étaient aussi au menu des échanges.

Tout a été enregistré. Les vidéos commencent à circuler et d’autres initiatives suivront.