GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Jeunes

Etats-Unis : pour la défaite de la droite Bush-Mc Cain-Palin

La convention du parti

démocrate qui s'est tenue à Denver

aux EtatsUnis

et a officialisé l'investiture

de Barack Obama comme candidat à la

présidence. L'élection aura lieu le 4

novembre prochain. La candidature

d'Obama, premier Noir à postuler à la

présidence de la puissance impériale, a

soulevé depuis plus d'un an beaucoup

d'espoir chez les progressistes du monde

entier. En tant qu'internationalistes, nous

devons évidemment suivre avec intérêt

l'évolution politique et sociale outre

Atlantique.

Depuis 2001, la politique du

pitoyable Bush est une catastrophe

pour les salariés et immigrés des Etats-Unis

mais aussi pour les peuples du

monde entier, il est temps de tourner la

page. Beaucoup d'Américains aspirent à

une meilleure redistribution des

richesses, à la fin de l'aventure néo

colonialiste en Irak ou à la mise en place

d'une couverture sociale digne de ce

nom. Depuis quelques mois, beaucoup

ont été touchés de plein fouet par la crise

des sub primes, ruinés et jetés à la rue

par la rapacité de ce système capitaliste

qui broie tout sur son passage. On a vu,

dans le même temps, renaître une

certaine combativité sociale et ouvrière

face aux licenciements, pour des

augmentations de salaires et de

meilleures conditions de travail et même

contre la guerre en Irak. Le 1er mai

dernier, des milliers de dockers des ports

de la côte Ouest des EtatsUnis

(San

Francisco notamment) se mettent en

grève et demandent le retrait des troupes

d'Irak et d'Afghanistan. Des grèves ont

aussi éclaté dans différents secteurs : les

chauffeurs et les transporteurs à New

York sur la question des salaires, les

intermittents de la chaîne MTV mais aussi

les scénaristes d'Hollywood qui ont,

pendant plusieurs mois, paralysé la production de films et de nouveaux

programmes ! Du jamais vu dans le

temple de la société du spectacle et de

l'argent roi ! Malgré des appareils

syndicaux amorphes et ralliés à l'ordre

néo libéral, les travailleurs américains

savent eux aussi s'organiser et se battre

pour défendre leurs intérêts.

La candidature d'Obama

(même contre son gré) s'inscrit dans

ce cadre,

il est apparu pour beaucoup

comme l'incarnation d'une autre politique

que celle conduite par Bush, comme celui

qui pouvait mettre fin au règne de ce clan

de mèche avec la droite religieuse la plus

rétrograde et réactionnaire. Opposant à la

guerre en Irak dès 2002, Obama a su

rallier à lui le mouvement anti guerre

(notamment les jeunes) actif depuis cinq

ans même si, depuis quelques semaines,

il a tempéré nettement ses positions

quant au retrait immédiat des troupes de

l'Oncle Sam en Irak...

Cependant, c'est cette position

antiguerre

assumée qui lui a permis

de s'imposer

dans la course des

primaires démocrates. Son

positionnement sur le libre échange et la

nécessaire protection des industries face

à la concurrence et à la course au moinsdisant

social et fiscal permanent ont aussi

contribué à installer sa crédibilité. Sur les

questions sociales, sa ligne politique n'a

cependant rien de révolutionnaire, elle

n'est pas plus hardie que celle défendue

par son ex-rivale

Hillary Clinton. Certes, il

défend l'extension de la couverture

médicale aux plus démunis mais ne parle

pas de redistribution, ni d'augmentation

de salaires et encore moins de service

public... Il ne faut donc pas faire de

contresens sur la candidature Obama car,

au-delà

du symbole, elle se situe

parfaitement dans la lignée de ce que fut

toujours la politique du parti démocrate

américain : pâlement réformiste et ne

s'attaquant jamais au fondement du

système libéral. En l'absence d'un

authentique parti de gauche, les

démocrates jouent néanmoins le rôle de force d'alternance (et non d'alternative)

pour les syndicalistes, les jeunes, et tous

ceux qui ne veulent pas subir quatre

années supplémentaires la politique

agressive de républicains plus libéraux

encore. Mac Cain, successeur de Bush,

n'en est qu'une copie conforme malgré un

habillage sémantique moins abrupt. Il faut

donc nourrir assez peu d'illusions sur

Obama, sa politique demeurera fidèle aux

intérêts des grandes multinationales

américaines grandes pourvoyeuses de

fond du parti démocrate.

De même, sur la politique

étrangère on ne peut pas non plus

parler d'une réelle rupture

dans la

mesure où il a annoncé le renforcement

de la présence américaine en

Afghanistan, un retrait de plus en plus

hypothétique d'Irak et a menacé l'Iran à

plusieurs reprises. Nous souhaitons

cependant de toutes nos forces la défaite

du bushisme et de son candidat ! Malgré

les limites évidentes de la candidature

Obama, beaucoup d'électeurs vont

certainement s'en saisir pour se

débarrasser des républicains. C'est

d'ailleurs là que le bât blesse pour les

candidats de la gauche radicale, parmi

lesquels on compte notamment

l'écologiste Ralph Nader. Celui-ci,

opposant résolu à l'aventure impérialiste

en Irak, favorable à une approche des

questions sociales plus favorables aux

salariés, n'est cependant pas le socialiste

dépeint par certains. Il reste partisan de

l'économie de marché et ses liens avec le

mouvement syndical et social sont moins

étroits que ceux entretenus par l'aile

gauche du parti démocrate. Il risque

d'être victime du vote utile et de

l'attraction exercée par Obama chez les

noirs et les jeunes. Néanmoins, la pression

qu'il exerce sur le parti démocrate est fort

utile tant les tendances droitières et

conciliatrices (notamment sur les

questions militaires) sont puissantes en

son sein.

Oui nous voulons la défaite de

Mc Cain et des républicains car il

représente l'Amérique

que nous combattons et combattrons, celle que

nous aimons c'est celle des campus des

années 70 vent debout contre la guerre

au Vietnam, des ouvriers et des dockers

en grève pour des augmentations de

salaires, des mères qui pleurent la mort

de leurs enfants dans ces boucheries

imbéciles que sont l'Irak et l'Afghanistan

et qui s'organisent pour le retrait

immédiat des troupes ou des

admirables militants luttant pour l'égalité

et les droits civiques depuis plus d'un

demi siècle. Au-delà

d'Obama, la défaite

de la droite américaine en novembre

prochain sera dans tous les cas un

encouragement pour ceux qui résistent et

luttent aux Etats-Unis

et dans le monde

contre l'impérialisme, l'arrogance

patronale et le libéralisme que l'on veut

nous imposer par tous les moyens.

Julien Guérin (43)

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